L’étymologie l’enseigne, adopter vient d’un verbe latin qui veut dire choisir. Ils ont été choisis, ils ont choisi : nos témoins parlent aujourd’hui de ce lien particulier de l’adoption grâce auquel la famille se bâtit sur la volonté d’être ensemble. Par Jeanne Debiais et Elisa Blandin
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Côté parents
Luce Marolleau est une maman adoptive. Elle a maintenant 3 enfants. Une fille et deux garçons. Un choix qu’elle a poursuivi jusqu’à militer à son tour dans une association qui s’occupe d'adoptions, Amadea. Luce Marolleau en est la secrétaire. Sa fille, elle ne l'a pas eue dans cette association car elle est née sous "X" à Poitiers. La procédure d'adoption a duré 5ans. Ses deux autres garçons, elle les a adoptés à Madagascar avec Amadea. C’était un moyen pour que la procédure soit moins longue : 1an et demi. Elle a voulu adopter de cette manière car elle voulait des enfants de Madagascar et l'association lui a répondu vite. Les deux garçons ne sont pas des vrais frères. Luce Marolleau et restée 15 jours sur place le temps que les papiers soient faits. Elle vit maintenant avec eux et elle est très heureuse.
Pourquoi, s’occuper aujourd’hui d l’association ? Parce que tous les enfants de Madagascar n’ont pas eu la chance des siens. La pauvreté là-bas est grande et l’association s’occupe aussi de développement. « On s'occupe des écoles de Madagascar, on aide à lutter contre la pauvreté, dit-elle. »
Côté enfants
"Je m'appelle Laurah Clément. J'ai 15 ans, je viens de Madagascar, d’Antananarivo plus précisément. A l'âge de 7-8 mois, mon frère et moi avons été adoptés par Laurie et Yves Clément. Certes, ce ne sont pas génétiquement mes vrais parents mais pour moi c'est comme s'ils l’étaient et ils sont formidables. Quand ils sont venus nous chercher à Madagascar, nous sommes restés à peu près une semaine et demie avant de rentrer tous les quatre en France dans une maison, avec une nouvelle famille finalement. Tout ça je le sais grâce à ma famille adoptive parce que je n'ai pas de souvenir, j'étais trop petite quand tout ça s’est passé. Aujourd'hui, oui j'aimerais bien voir mes vrais parents génétiquement parlant pour voir comment ils sont et connaître leurs visages, mais je suis très heureuse ici en France avec ma famille adoptive."
"Je m'appelle Théophile Davy, j'ai 15 ans, je suis né au Vietnam et à l'âge de 8mois j'ai été adopté. Je n'ai pas de souvenir de tout ça, c'est ma famille adoptive qui me l'a raconté. Avant de m'emmener en France, ils sont restés quelques temps sur place, histoire de finir de régler les papiers afin de retourner en France avec moi. Je l'ai su en maternelle que j'avais été adopté, aujourd'hui, j'aimerais retourner là-bas, plus tard peut-être, qui sait..."
"Moi, c’est Eline Monnet, j'ai 16 ans, je viens du Vietnam. J'ai été adoptée à l'âge de 3 mois. Mes parents adoptifs sont venus me chercher à Lang Son. Je ne suis pas allée à l'orphelinat, je suis directement allée avec ma famille adoptive. Mes parents biologiques ont voulu que je me fasse adopter car ils étaient paysans et pauvres, ils avaient déjà 5 autres filles. J'étais donc la 6ème. Ils m'avaient appelée Sau qui signifie six en vietnamien. Je suis déjà retournée au Vietnam lorsque j'étais en CM2 avec mes grands-parents. On m'a proposé d'aller rechercher ma famille biologique. J’ai refusé. Même aujourd'hui, je n'en ai pas envie et je ne me sens pas forcément prête. Avec Théophile, quand nous serons plus vieux, nous aimerions y retourner ensemble pour retrouver nos familles biologiques là-bas car nous sommes nés dans la même province..."
"Je suis Jeanne Le Nezet. Je suis aussi née au Vietnam, le 16 juin 1998. J'ai été adoptée et à l'âge de 3mois et demi, je suis arrivée en France dans ma nouvelle famille. Je n'ai aucune idée sur la raison pour laquelle mes parents biologiques m'ont laissée. Je pense qu'ils n'avaient pas les moyens de me garder car c'est un pays pauvre. Mes parents adoptifs sont venus en mai pour "visiter" les orphelinats et ensuite être sur liste d'attente. Le jour de ma naissance, ils étaient déjà là, ils avaient auparavant fait les papiers, la demande d'adoption etc...
Je n'ai aucun souvenir de là-bas et comme le veut le "processus", je n'ai aucune trace de mes parents biologiques. Je ne sais rien sur eux, mais je trouve ça bien comme j'ai une famille en France. Apparemment le Vietnam est un beau pays alors pourquoi pas y retourner pour le visiter, mais je ne pense pas vouloir les rencontrer, je ne suis même pas sûre qu'ils soient encore en vie, et je préfère attendre voir si l'envie de les rencontrer me vient..."
"Je m'appelle Flora Philibert, je suis en troisième. À 1 an et demi, j'ai été adoptée avec mon grand frère qui lui en avait 4. On vient du Cambodge et nos parents biologiques n'ont pas pu nous garder car ils ont tous les deux perdus la vie. Je ne me souviens de rien là-bas mais je vais peut-être y retourner voir mon pays natal...
On m'a raconté qu'à l'orphelinat, ils ne voulaient pas que mon frère et moi soyons séparés, c'est pourquoi on a eu cette chance d'avoir été adoptés tous deux en même temps et que nous vivions aujourd'hui ensemble en France dans notre famille adoptive."
Jeanne Debiais et Elisa Blandin, K'eskon Attend, Collège Descartes, Châtellerault (86).