Non non, ce n’est ni une rumeur, ni un cliché, mais la simple vérité. Qu’on se le dise : sur un sondage réalisé en 2011, 61% des français estimaient la situation de leur pays très difficile, et prévoyaient une aggravation dans les mois suivants. Inutile de vous dire que nous étions en tête du classement mondial des pessimistes… Un chiffre qui a d’ailleurs beaucoup étonné le reste du monde, si envieux de notre système social, de notre qualité de vie, et de notre liberté d’expression (car c’est bien connu que les français, ces chanceux, peuvent faire la grève dès qu’ils ont une réclamation).
J’aimerai pouvoir répondre aux étrangers perplexes que nous avons nombres de sources d’insatisfactions méconnues dans notre pays. Si j’interroge les gens autour de moi, nous pouvons arriver à une liste fournie remplie de nobles motifs pour se plaindre : il a raté son RER, il pleut des cordes le jour où elle a fait son brushing, ses affreux professeurs se sont concertés pour mettre tous leurs contrôles le même jour, Jean-Charles l’a regardée pile le jour où elle est en jogging, il n’a plus assez d’argent pour s’acheter le nouveau jean de cette marque terriblement chère mais évidemment meilleure que les autres, ils sont privés de sortie par ses parents et j’en passe.
En imaginant que ces réponses ne soient que l’effet d’une colère passagère, j’ai tenté ma chance auprès des documents officiels étudiant la satisfaction des français, mais encore une fois, le résultat n’est guère concluant. En effet, les français estiment que s’ils râlent beaucoup, c’est parce que « si dans la vie on ne râle pas, on se fait marcher dessus ». Très pertinent. Et quand on leur demande leur principal sujet d’agacement, on obtient, oh surprise! à 48% : le gouvernement, les discours politiques, et les administrations. Parce que, tout le monde le sait, tout ce qui cloche dans notre vie est dû à l’incompétence notoire de l’Etat.
De fait, on entend souvent ce genre de réflexion : « un jour, je partirai vivre ailleurs, je quitterai ce pays pourri ». Attendons de voir. Où donc ces gens comptent-ils aller ? On a envie de rappeler que quasiment tous les pays européens sont dans une situation pire que la nôtre, à part peut-être l’Allemagne (mais ne parle pas couramment allemand qui veut, croyez-moi). Saviez-vous aussi que les Etats-Unis ont la pire dette au monde et à peu près aucune protection sociale ? Que les conditions d’immigration dans les pays tels le Canada et l’Australie sont presque infranchissables ? Que le continent africain souffre de maux politiques, et sociaux tellement important qu’on ne peut plus ouvrir une page d’actualité sans en entendre parler ? Que 25 000 personnes meurent de faim chaque jour dans le monde ? Qu’au moins 20 pays dans le monde voient leurs votes truqués ? Et ne parlons même pas de ceux où le vote n’existe pas… Et les français osent se plaindre ? J’espère que je ne suis pas la seule à trouver cela révoltant.
En conclusion, cessons la leçon de morale, et souvenons-nous seulement que, si à notre échelle, nos problèmes nous semblent importants (car oui, à notre échelle, ils le sont), la situation d’une personne de notre âge exact dans une autre partie du monde est bien pire. A méditer.
Armelle Girard, La mouette baillonée, lycée Marcelin Berthelod (94).