La filière L fond comme neige au soleil depuis plusieurs années en France. Pourtant cette filière mal aimée a ses défenseurs.
Critiques incessantes & préjugés infondés
La série L est celle des trois séries générales qui reçoit le moins d’élèves chaque année. Souvent, elle a été la cible de nombreuses critiques. Et toujours on a invoqué d'innocentes expressions cachant de terribles sentences, les enveloppant soigneusement dans un semblant de vérité générale. Flemmards, sans avenirs, futurs chômeurs, et autres. Sans oublier le classique, LA blague culte: "Ah t'es en L? Ha ha ! bah tu sais ce qu'on dit hein ! Les S fabriquent le carton, les ES l'utilisent et le jettent, et les L le récupèrent pour vivre à l'intérieur". Hilarant n’est-ce pas ? On s'attend à ce que tous les étudiants issus de la filière littéraire aillent grossir les rangs des chômeurs et qu'ils finissent SDF; on s'attend à ce qu'ils deviennent les marginaux de notre société, les tâches qui s'impriment sur le drapeau de l’État. Et pourtant on n'a pas conscience de l'énorme méprise que voilà. On se laisse enrôler dans nos préjugés sans tenter de s'en rendre compte. Il ne faut pas se fier à ces clichés car ces idées reçues ne sont sûrement pas un miroir de la réalité. De plus, on oublie trop souvent que les élèves ne font que suivre les programmes établis par le Ministère de l'éducation. Ces programmes visent à leur faire acquérir les compétences qui vont leur servir à bâtir leur carrière et leur assurent autant de chances de réussite que les autres filières. Ce qui veut dire que nous ne devons pas les discriminer, au contraire mes amis, au contraire, il faut les encourager ! De plus, nombre de littéraires ont gravi les échelons de la société et ils sont aujourd'hui d’honorables personnes siégeant au sommet !
La L, une filière dont les matheux ne sont pas exclus
Des témoignages montrent que plusieurs élèves ont opté pour la filière L parce qu’ils aiment la littérature, les langues, l’histoire, ou encore parce qu’ils aiment lire, écrire, analyser des textes et parfois également, parce qu’ils sont mauvais dans les matières scientifiques. On pourrait d’ailleurs penser qu'une des raisons principales qui décide les élèves à entrer en L est l'abandon de ces matières, or cela n'est pas toujours le cas. Bien sûr cela pèse quelques fois dans la balance ; nous ne sommes pas tous brillants en maths, car comme le dit Meriem "Les chiffres c'est mon cauchemar". Mais il y a pourtant des élèves qui optent pour la spécialité mathématiques, comme par exemple Aminata, élève de première L. En réalité, elle comptait d'abord faire ES mais elle s'est ensuite rendue compte qu'elle voulait faire ce qu'elle aimait, c'est-à-dire écrire. Elle a donc décidé de s'investir dans cette filière avec pour optique l'amélioration de son style d'écriture et le gain d'un épanouissement personnel. Cependant, elle ne sait pas encore quel métier elle pourrait viser, même si elle a quelques projets. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à ne pas savoir quoi faire plus tard.
Des débouchés axés sur les sciences humaines
En effet, plusieurs élèves de première n’ont pas encore d’idée arrêtée sur le futur déroulement de leurs études. Cependant, les projets d’avenir qui reviennent le plus souvent sont le journalisme, l’humanitaire, l’édition, les sciences sociales, le domaine artistique, la politique, le droit et la psychologie.
Certains ont déjà un chemin tout tracé, comme Adam, élève de première qui fait également partie de la troupe de théâtre du lycée. Plus tard, il compte aller au conservatoire d’art dramatique pour tenter une carrière de comédien. En ce qui concerne Merna, elle souhaite devenir peintre et elle explique que les œuvres que l’on étudie en Histoire des Arts peuvent lui servir pour plus tard. « Faire L, dit-elle, ça va m'aider à m'exprimer et à mettre toute ma créativité dans ce que je fais, contrairement à la filière S où l’on apprend des formules et on les applique. En S, rien n'est créé ». Meriem quant à elle, voudrait travailler dans l'humanitaire mais elle ne sait pas encore dans quelle branche.
Une filière qui accumule les atouts
Il est cependant d'avis que pour se lancer dans ces métiers, la filière L apporterait un plus car, d'après Noémie, « La série littéraire apporte une meilleure manière d’analyser, et une méthode de réflexion différente. » et « l’avantage, complète Lobna, c’est que ça aide à nous exprimer aussi bien à l’écrit qu’à l’oral ». De plus, l'on acquiert une riche culture générale, littéraire et artistique à l'issue de ces deux années et il se trouve également qu'il y a une forte présence de la langue anglaise dans l'emploi du temps. Ceci s'avère être très favorable aux élèves qui cherchent à améliorer leur anglais, que ce soit parce que l'université qu'ils souhaitent intégrer est anglophone, ou bien parce que dans le métier visé, l'usage de cette langue est très courant.
Mais peu importe la direction que l'on prendra après avoir eu son BAC, l'important reste de faire quelque chose que l'on aime, car si l'on passe plus de la moitié de notre vie à travailler, autant faire quelque chose qui nous plait. Et les élèves issus de la filière L ont autant de chances de réussite que les autres, et comme le dit si bien Kerim, « J’aspire à réussir ma vie. »
Haguer MABROUK et Kerim ABBAS, Lycée Français du Caire.