Les yeux pleins d’étoiles en début d’année, pleins de larmes à l’approche des vacances d’été ; le ventre plein de papillons à chaque heure avec lui, l’estomac noué en réalisant que c’est fini. Portrait d’un petit cœur en détresse.
« Réputation. Je ne l’avais jamais vu, je ne l’avais jamais eu. Mais depuis ma Seconde, les "on-dit" faisaient de lui un homme redouté, parce que redoutable : méchant, cassant, peu indulgent, impressionnant … intriguant. Mon premier jour de Terminale : son nom sur mon emploi du temps, c’était magique.
Admiration. Eh, pourquoi dans tout ce que j’ai entendu sur lui, il n’y a jamais eu la mention "beau comme tout" ? Et mon dieu ! Ce type a l’art de faire de chacun de ses sourires, si forcé soit-il, un sourire magnifique. Il est trop beau. Je craque. Je ne l’écoute pas : je bois ses paroles ; je ne le regarde pas : je le dévore. Je fais attention à ce que je porte les jours où je le vois : je veux être belle pour lui. Il m’intéresse. Tout chez lui m’intéresse. Je pousse le contact physique au maximum : il me tend un devoir, un objet, n’importe quoi, je fais en sorte d’effleurer sa main. Je frémis. Il n’a pas d’alliance. Rien à dire : il me fait de l’effet. Trop ?
Déconcentration. Sa matière : la seule dans laquelle je travaille. Je veux briller, sortir du lot. C’est réussi : j’en sors, mais par en-dessous … Mes notes ne décollent pas. Forcément, c’est difficile de se concentrer avec un si beau spécimen dans les parages : en contrôle, mes yeux sont plus souvent rivés sur lui que sur ma copie. Je ne comprends pas ses cours, il prend du temps pour m’expliquer, me réexpliquer, encore, et encore, … rien à faire. Mais j’admets, cela ne me déplait pas : j’aime ces moments qu’il ne consacre qu’à moi.
Confusion. Ses heures de cours passent trop vite … je n’arrive pas à être contente lorsque son nom s’affiche sur le tableau des profs absents, même si cela me libère une demi-journée ... je n’aime pas quand il nous laisse sortir plus tôt … J’aime juste être avec lui. Je rêve même de lui la nuit. Je me surprends à être jalouse dès qu’il se consacre à quelqu’un d’autre. Je … l’aime ?
- Retour à la raison. Une élève amoureuse de son prof ? Quel classique … C’est souvent de l’ordre du fantasme. "Oui mais moi c’est différent." C’est ce qu’elles disent toutes. Parce que ton petit cœur bat un peu plus fort quand il est près de toi ? C’est normal, il t’impressionne. Tu interprètes chacun de ses faits et gestes, pour toi, s’il prend du temps pour te réexpliquer ses cours, c’est qu’il y a quelque chose, pas vrai ? Mais c’est simplement son job ... Tu penses être amoureuse de lui ? Tu parles d’amour, avec le A d’admiration. »
Allez. Mettons de côté ce trop-plein de bon sens : on a le droit de rêver. De toute façon, l’amour est un non-sens. Et la société se fera un plaisir d’en dicter les limites.
Roberto