À quelques jours des élections pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon continuent de s'opposer dans un duel qui exacerbe les tensions au sein de leur parti. Car le premier, donné perdant dans les sondages, cherche à récupérer des voix en radicalisant son discours. Tout en se défendant de toute alliance avec le Front National, Jean-François Copé cherche à siphonner les voix de l'extrême-droite. Une stratégie qui avait profité à Nicolas Sarkozy en 2007. Pourtant, aujourd'hui, celle-ci a l'effet inverse, et la « droitisation » de l'UMP semble plutôt profitable au FN qu'à un autre parti.
Un premier signe de cette radicalisation fut la dénonciation d'un « racisme anti-blanc » par M. Copé, qui disait « briser un tabou ». Or, ce n'est pas nouveau : le racisme est malheureusement universel. On peut déplorer qu'aucune solution n'ait été proposée après cette annonce, qui ressemble tristement à une manœuvre électorale de plus. Sans oublier l'histoire du « pain au chocolat », où le candidat s'érigea en défenseur du-petit-garçon-blanc-catho privé de goûter par des jeunes musulmans. Encore une fois, il y a là un constat qui ne fait suite à aucune idée nouvelle, et qui risque de renvoyer dos-à-dos les différentes composantes de la population. Qui peut s'étonner, alors, que le FN propose de se joindre à l'UMP quand celle-ci organisera des manifestations contre le gouvernement ? En tout cas, le fossé qui s'étendait entre la droite traditionnelle et l'extrême-droite est fortement réduit.
À l'heure où la société entière se radicalise, la réponse apportée par les politiques peut en laisser certains sceptiques. À moins que la stratégie adoptée par l'actuel secrétaire général de l'UMP soit une brillante campagne électorale qui le fera gagner le 18 novembre. Mais on peut en douter, étant donné que la campagne aussi très musclée de Nicolas Sarkozy le vit perdant le 6 mai 2012. Surtout, cette droitisation déplace le débat des problèmes économiques vers les problèmes sociétaux, alors qu'en cette période de crise, c'est plutôt des premiers qu'il faudrait débattre ! Et cette attitude, en plus de donner une image négative de la droite actuelle, justifie les critiques adressées par la gauche à celle-ci.
Alors, on pourra s'attendre à ce que les courants créés à l'intérieur de l'UMP fracturent le parti, et que les électeurs de la Droite Forte ou de la Droite Populaire aillent rejoindre le FN, ce qu'ils commencent déjà à faire. En tout cas, si l'UMP poursuit sur sa lancée, aucun doute que le nouvel UDI [ Union des Démocrates et Indépendants ] saura occuper la place laissée vacante au centre-droit. À bon entendeur...
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