« J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. » Cette phrase issue d’une déclaration de Jérôme Cahuzac, le 2 avril dernier, illustre bien l’ampleur de la polémique atteignant l’ancien ministre du Budget. En effet, il a menti à François Hollande, il a menti au Gouvernement, il a menti au Parlement, il a menti aux Français. Bon.
Il l’avoue.« Faute avouée, à moitié pardonnée ? » Pas vraiment dans ce cas, vu la réaction indignée de l’opinion publique et de toutes les composantes de la scène publique. Mais le « scandale Cahuzac », en plus d’intervenir dans un climat économique et social tendu, s’ajoute à de nombreux autres scandales qui ont émaillé la vie publique et politique depuis quelques années : l’affaire des emplois fictifs, l’affaire Bettencourt, pour les plus récents, mais on peut remonter aux diamants de Bokassa, à l’affaire du sang contaminé… Cette liste n’est pas exhaustive. Quoi qu’il en soit, un climat de ras-le-bol semble s’installer dans l’opinion publique. Alors, les hommes politiques sont-ils tous des « pourris » ?
Quelques jours après les aveux de Jérôme Cahuzac, François Hollande a annoncé des mesures. Trois mesures : une réforme sur l’indépendance de la justice, une loi concernant les conflits d’intérêt et les patrimoines des ministres et parlementaires, et un projet tenant à l’interdiction d’un mandat public pour un élu condamné pénalement pour fraude ou corruption. Des mesures qui semblent symboliques, qui sont bien entendu nécessaires. Mais il y a tout de même un problème, et il se situe – encore une fois malheureusement ! – sur la forme, sur la façon dont ses mesures ont été annoncées : un fait divers, une mesure – trois en l’occurrence. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Je ne vous fais pas de dessin… Cette méthode de communication s’avère en tous les cas mauvaise, et elle facilite la montée du rejet de la classe politique actuelle, c’est-à-dire la montée des extrêmes, et notamment de l’extrême-droite. Marine Le Pen notamment, Présidente du Front National, récolte les fruits de ce scandale. Malheureusement, étant donné qu’il s’ajoute à bien d’autres, la situation actuelle peut fortement inquiéter : elle peut en effet rappeler à certains la situation du début des années 1930 en France. Après de nombreux scandales, éclate le scandale Stavisky – je vous laisse, chers lycéens, vous renseigner sur ce… charmant personnage. Les conséquences de ce scandale ? Les émeutes du 6 février 1934…
Mais après tout, une conséquence à long terme de l’affaire Stavisky fut la création du Front Populaire. Alors, à quand le retour d’un Léon Blum ?
Simon Weil, L'@ndergroud, Lycée Jean-Baptiste Say (75).