« Le rap était toute ma vie, c'était une musique qui ne nécessitait pas que je sache chanter ou jouer d'un instrument, le plus important était juste d'avoir des choses à dire et la façon de le dire. J'avais un truc sur le cœur et je le criais, ça allait de soi avec cet état d'urgence [...] Aujourd'hui, je suis revenue à l'essentiel, je suis en train de gagner une vie de sérénité et de paix. Je suis revenue à un discours de paix. J'ai beaucoup écrit de rap en étant en colère. Aujourd'hui, je ne suis plus en colère » Diam’s dans Sept à Huit sur TF1.
On la disait oubliée, perdue, ayant sombré sous le poids de la religion musulmane, cachée derrière un voile. Celle qui nous a fait découvrir le rap alors qu’on jouait encore à chat avait pris un tournant décisif dans sa vie, avec sa reconversion à l’Islam. On se rappelle directement de la féministe qu’elle était, femme forte dans un milieu d’hommes, ne se laissant pas marcher sur les pieds, criant qu’elle était la « patronne ». On comprend ainsi la surprise lors de « l’annonce » de son changement de mode de vie, pensant que ce dernier lui a fait enfouir ses convictions. Plus aucune nouvelle d’elle, à part quelques photos dans Closer ou Paris Match, est-elle vraiment cette femme asservie dont on lui prête le titre ?
Il aura fallu quatre ans pour qu’elle lève le « voile » sur ces questions, dans l’émission Sept à Huit sur TF1. On la redécouvre voilée, mais heureuse, simple et souriante. Elle nous parle de ce qu’elle a traversé, de ses dépressions, de ces moments où elle a touché le fond, jusqu’à son chemin vers l’Islam. On prend alors une grosse claque, on ne l’imaginait pas cette artiste tourmentée, et à la fin de l’interview on n’a plus qu’un seul mot à la bouche : respect.
Je ne suis pourtant pas défenseur du voile, et d’ailleurs plutôt le contraire, mais après l’avoir entendue parler, on ne peut que remettre ses principes en question. Une femme est-elle forcément contrainte de se voiler ? A en croire ses dires, il est possible du contraire, elle raconte que c’est plutôt par hasard qu’elle en est arrivée là, et que c’est en lisant le Coran qu’elle s’est décidée à se convertir. Un choix osé mais qu’elle assume. Ainsi elle a réussi à briser l’image de la femme asservie par une religion musulmane trop misogyne, arborant plutôt celle d’une femme forte mais apaisée. Si le voile lui a permis de s’en sortir, de relever la tête, alors que peut-on lui souhaiter de mieux ? Ce n’est peut-être pas l’exemple que vous voudriez donner à vos futurs enfants, mais réfléchissons, ce n’est qu’une femme tombée dans une grande dépression, ayant connu tous les excès, et qui a su s’en sortir pour en finir plus sereine que jamais, voile ou pas. Et après tout, elle est restée la même, on aperçoit bien ses baskets Adidas qui dépassent du voile. Alors non, elle ne rappera plus, mais pour tous les bons moments qu’elle nous a fait passer, juste en un dernier mot, Mélanie, merci.
Par Nicolas Delaplace, Le Héron Déplumé, Lycée Rosa Parks, 91230 Montgeron.