Billet de blog 17 décembre 2012

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Derrière le JT : la réalité de la télé

Aujourd'hui, pour vous, et pour vous seulement, une interview exclusive. Dans un petit café du 10ème arrondissement de Paris, une star du Journal Télévisé de France 2 a accepté de répondre à nos questions : Julian Bugier, présentateur et joker de David Pujadas, nous invite dans ce monde du petit écran, afin de nous aider à y voir plus clair sur les facettes d'un plateau télé.

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Aujourd'hui, pour vous, et pour vous seulement, une interview exclusive. Dans un petit café du 10ème arrondissement de Paris, une star du Journal Télévisé de France 2 a accepté de répondre à nos questions : Julian Bugier, présentateur et joker de David Pujadas, nous invite dans ce monde du petit écran, afin de nous aider à y voir plus clair sur les facettes d'un plateau télé.

Illustration 1
© Le P'tit Luther

L'interview débute tranquillement : le présentateur nous raconte d'abord son parcours. Chez lui, « le journalisme est une histoire de famille » : c'est son père qui, journaliste, lui a donné l'envie d'exercer cette profession. Cependant, il est arrivé à la présentation par « le hasard du métier » : après avoir fait des études de sciences économiques, il part en Angleterre, pour une durée de six mois, qui vont en fait se transformer en quatre ans et demi. Il est embauché à Bloomberg, dans le secteur de l'audiovisuel. Ainsi, sans avoir fait d'école de journalisme, il se retrouve présentateur. Après, il est pris à BFM TV, où il reste quatre ans et demi en tant que journaliste économique. Ensuite, il passe à i>Télé, où il présente la matinale. Enfin, il arrive sur France 2, chaîne publique, où il travaille actuellement comme présentateur du 20h. Il a donc tout fait : en travaillant pour un grand « network », il a été assistant, « producer » (journaliste sur le terrain en Angleterre), a fait des « papiers de desk » (articles écrits à partir de photos et de dépêches d'agences, sans sortir de son bureau, d'où le nom), des reportages, de l'antenne … Eh oui, il faut aussi savoir parler anglais pour faire ce métier. 

Après, Julian nous décrit une journée-type en tant que présentateur : ce n'est pas parce que le JT démarre à 20h qu'on peut arriver seulement à 19h55 ! En fait, la journée commence vers 8h30-9h00 : le rédacteur en chef, le présentateur et les adjoints font d'abord une réunion où ils débattent des sujets qui seront traités. À 10h30, il y a une première conférence de rédaction, où ils « lancent les filets » (chaque sujet envisagé est défini, fixé) ; puis à 15h30, une seconde conférence pour « relever les filets », c'est-à-dire faire un point sur les informations et investigations qui ont fonctionné, ou pas. L'angle du JT est une décision collégiale, il faut donner une « couleur » au journal, d'où l'importance des choix éditoriaux : sur France 2, il y a trois « axes forts », à savoir l'économie, l'international, et les sujets de société. Enfin, après le journal, il y a une dernière réunion : la « conférence critique », au cours de laquelle on commente ce qui s'est passé, on dit si telle ou telle information a été bien traitée, ou moins bien, etc.

Pour Julian, « le JT c'est comme une partition de musique » : toute la journée, on y « met des notes », on travaille sur ce qui va se passer le soir, pour que tout soit parfait, et qu'il y ait « à manger pour tout le monde ». Alors forcément, à 19h59, on se dit toujours « j'espère que ça va marcher, j'espère que la partition va fonctionner ». L'appréhension, même les stars la connaissent …Pour le présentateur, travailler pour la deuxième chaîne nationale est « grisant », « excitant ».

La position de Julian est un peu particulière : en tant que joker, il n'est présentateur que lorsque le titulaire, David Pujadas, est absent. Du coup, il a le temps de travailler sur d'autres projets en parallèle : il a par exemple présenté un court programme sur la présidentielle, Élysée-moi, l'an passé, et prépare actuellement un documentaire, dont il ne veut encore rien dire, afin de préserver la surprise. Il n'hésite pas à souligner la richesse de son métier : contrairement à l'opinion publique, qui voit les journalistes dans des « cases » (rédacteur, reporter, présentateur, etc), ce métier est comme « à plusieurs tiroirs » : « on peut ouvrir différents tiroirs, et sauter de tiroir en tiroir » et ainsi « faire plusieurs exercices. » C'est une profession variée, dans laquelle on peut choisir d'exercer dans plusieurs domaines. Et Julian le dit, il compte bien profiter de cette variété qui lui est offerte.

« J'adore ce métier, c'est une passion : quand je vais au boulot, j'ai la banane, et je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde », sourit-il. « C'est vraiment un métier passionnant, où on apprend tous les jours, y a cette envie de se dire chaque matin : ''Tiens, comment ce soir je vais raconter l'information du jour ?'' ». Bref, il est passionné : pour lui, c'est une vraie « mission » à remplir chaque matin, c'est « un pari tous les jours ».

Pour terminer, il donne un conseil à tous les futurs présentateurs JT, mais aussi aux autres : « il faut s'intéresser, être curieux par nature ». Alors, si vous voulez passer à la télé, être à la pointe de l'actualité, présenter un journal ou encore être, comme lui, élu « le plus beau gosse du PAF », vous savez ce qu'il vous reste à faire !

Propos recueillis par Alice Beccegato, Le P'tit Luther, Lycée Martin Luther King, 77600 Bussy Saint-Georges.

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