Billet de blog 18 mars 2013

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Une transition énergétique, oui mais vers quoi ?

La France est, avec sa population importante en phase de croissance, son fort taux d’industrialisation et ses infrastructures, un grand consommateur européen d’électricité.  Sur quelles filières repose-t-elle pour subvenir à ses besoins énergétiques, et de quelles options dispose-t-elle pour l’avenir ? Bref tour d’horizon de la situation énergétique actuelle de l’Hexagone.

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La France est, avec sa population importante en phase de croissance, son fort taux d’industrialisation et ses infrastructures, un grand consommateur européen d’électricité.  Sur quelles filières repose-t-elle pour subvenir à ses besoins énergétiques, et de quelles options dispose-t-elle pour l’avenir ? Bref tour d’horizon de la situation énergétique actuelle de l’Hexagone.

Le nucléaire comme colonne vertébrale

Avec 19 sites ayant produit plus de 400 TWh d’électricité en 2011, le parc nucléaire français s’impose comme le deuxième plus performant et important du monde derrière celui des États-Unis. Il représente 80% de la production d’EDF, et est donc un atout indéniable pour le pays dans la mondialisation depuis les années 80 et le lancement des premiers réacteurs. La présence de l’atome dans la métropole est la condition à l’indépendance énergétique et également à une facture d’électricité peu chère comparée à d’autre pays industrialisés (environ 13 c€/kWh contre 25 en Allemagne pour le particulier). Seulement, l’avenir de la filière atomique a pris du plomb dans l’aile. Les réacteurs actuels ayant une période d’activité de 40 ans, la plupart devra être remplacée aux alentours de 2020. EDF a donc mis au point une nouvelle génération de réacteurs, les EPR, plus productifs, plus sécurisés et utilisables pendant 60 ans. Mais le début des travaux (plusieurs commandes en France, en Finlande et en Angleterre) est catastrophique. Ainsi, l’EPR de Flamanville, qui sera le premier mis en service en 2016, accuse par exemple quatre ans de retard de livraison et  coûtera, tenez-vous bien, 8,5 milliards d’euros avec un dépassement de budget de… 250%. L’avantage du nucléaire s’inscrit donc dans le futur avec un point d’interrogation : n’est-il donc pas sage de baisser sa part dans la production nationale à 50% comme le veut François Hollande ? 

De nouveaux hydrocarbures sous nos pieds ?

Une grande question se pose au monde de l’énergie français : faut-il exploiter le gaz de schiste sur notre territoire ? Il est nécessaire de parler de cette ressource au conditionnel : aucune prospection n’a eu lieu, on ne sait donc pas où elle est présente, dans quelles quantités, si elle est exploitable. Ce que regrette Christophe de Margerie, le PDG de Total : « Forons d’abord pour savoir de quoi on parle, et parlons en ensuite » déclare-t-il. Mais les inconvénients de l’exploitation du gaz de schiste sont multiples, elle nécessite entre autres une quantité très importante de derricks et de camions citernes. L’impact sur les paysages pourrait être désastreux. C’est toutefois la méthode d’extraction utilisée, la fracturation hydraulique, qui suscite le plus de remous chez les écologistes car elle présente un grand risque de pollution des nappes phréatiques et nécessite des quantités d’eau colossales qui ne pourront être réutilisées. Elle est actuellement interdite en France, mais Total réclame la levée de cette interdiction « pour tester » le potentiel dans le pays et ensuite entamer le débat avec l’exécutif, qui devra faire un choix politique important. Mais alors que le changement climatique pèse sur nos sociétés, ne paraît-il pas préférable de miser sur des technologies plus propres et porteuses d’avenir ?

L’ascension pénible des renouvelables

Même si on peut noter une certaine prise de conscience avec le Grenelle de l’environnement et les engagements de l’actuel gouvernement, l’expansion du domaine renouvelable a du retard. La France s’inscrit dans une volonté européenne de développer les énergies nouvelles et s’était engagée auprès de l’UE à atteindre une part d’énergies renouvelables dans la production d’électricité de 21%. Or, actuellement, elle plafonne à 15%. Pourtant, notre territoire est propice à l’implantation de moyens de produire plus propre et le pays a su en profiter avec de bonnes performances des barrages hydroélectriques ou de la biomasse, et une forte croissance de son secteur photovoltaïque. Toutefois, le nucléaire, plus rentable, barre souvent la route aux choix en faveurs de ces technologies qui attirent peu les investisseurs. Ainsi, l’Hexagone n’est pas engagé dans le gigantesque projet Desertec, qui compte transformer en électricité les rayons du Sahara. Côté éolien, ce sont les vents de la Mer du Nord qui pourraient approvisionner l’Europe grâce à un projet de « super-réseau » d’éoliennes offshore. Reliées entre elles, les fermes éoliennes pourraient prendre le relais les unes des autres, le vent ne soufflant pas partout en même temps. Mais ici, la France est bien représentée par l’entreprise Alsthom. 

Nucléaire, hydrocarbures, potentiel photovoltaïque, éolien ou encore hydroélectrique, notre pays a donc toutes les cartes en main pour orienter sa politique énergétique à l’avenir. Les pouvoirs publics devront faire des choix politiques importants pour définir une orientation et espérons-le, feront abstraction des tiraillements financiers. Car au-delà  de toutes les réformes, de tous les budgets, n’est-ce pas l’état du monde dans lequel nous vivons et vivront les générations futures qui importe le plus ?

Guillaume Girard, La Mouette Bâillonnée, Journal du lycée Marcelin Berthelot (94).

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