Comme vous le savez sûrement, le 8 mars a lieu la journée internationale du droit des femmes. Mais à quoi sert cette journée concrètement ? A rappeler à tout un chacun(e) que la femme est « censée » être l'égale de l'homme ? A-t-on réellement besoin d'une journée spéciale pour le savoir ? Et quelle est la place des femmes aujourd'hui ? En quoi les genres sexués sont-ils importants dans la société ? Par Emma flacard
C'est pour répondre à certaines de ces questions que, durant le mois de mars, un éventail de manifestations s'est déployé, avec pour but de faire naître le doute et le questionnement dans nos petits cerveaux tout conditionnés.
Manifesterien
Tout d’abord, le mardi 10 mars, la compagnie théâtrale Manifesterien est venue au lycée jouer en salle polyvalente.
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Cette troupe, composée de Virginie Aimone, l'actrice, et de Jeremy Beschon, le metteur en scène, avait adapté des extraits de l'ouvrage La Domination Masculine, du sociologue Pierre Bourdieu, et des textes de Tassadit Yacine-Titouh, une anthropologue algérienne spécialiste du monde berbère.
L'intention de cette pièce était de faire comprendre, d'expliquer aux élèves le conditionnement inconscient des genres sexués, créant et entretenant les « privilèges » des hommes au détriment de l'égalité hommes-femmes.
L’actrice, seule sur scène, a réussi l'exploit de nous captiver en interagissant avec les élèves, improvisant si besoin, et transmettant avec ardeur un message dans l’ensemble plutôt compris.
De plus, mêlant des extraits de mythes et de poésie kabyle au célèbre livre de Bourdieu, cette pièce avait la particularité de mélanger des situations « archaïques » à des situations modernes, montrant de cette manière l'universalité de leurs propos.
Elles bougent
Le mardi 24 mars, Catherine Putnoki, membre de l'association Elles bougent est venue au lycée. Cette association, créée en 2005, a pour objectif d'une part d'encourager les entreprises du secteur industriel et scientifique (qui restent encore des milieux très masculinisés) à recruter davantage de femmes ; et d'autre part, à sensibiliser les jeunes femmes (lycéennes et étudiantes) pour leur montrer que les femmes peuvent prétendre, au même titre que les hommes, à des métiers scientifiques.
En se rendant au LNB (lycée Nord Bassin), Catherine Putnoki a donc exposé son parcours, autant personnel que professionnel, aux classes d'élèves de secondes qui étaient présentes.
Après de longues études scientifiques, jonglant entre la Guyane française (sa terre natale) et la métropole, elle travaille aujourd'hui à Mérignac pour le groupe SAFRAN, un grand groupe industriel français, spécialisé notamment dans l'aéronautique et l'astronautique.
N'étant pas issue d'un milieu aisé, elle a expliqué que la motivation était ce qui comptait le plus.
Et malgré certains actes ou certaines paroles discriminatoires dont elle a été victime, elle incarne avec succès la devise de l'association « Transmettre la passion, susciter des vocations ».
Aux grandes femmes l’Humanité reconnaissante
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Par ailleurs, vous avez certainement dû remarquer que durant plusieurs semaines, d’étranges photos mettant en scène des élèves ou des surveillant(e)s du lycée ont été exposées sur les vitres de la salle de permanence.
Les figurant(e)s ont interprété divers personnages historiques, allant de Catherine Vidal à Edith Piaf, en passant par François Poullain de La Barre ou encore John Lennon. Arborant toutes et tous un élément masculin : moustache, barbiche, bouc…
Brouiller les codes, faire douter, intriguer... Tel était le but de cette performance artistique et citoyenne. En mélangeant les genres, les origines sociales, en mettant des moustaches sur des personnages féminins, l’objectif était de montrer que la reconnaissance d’une action ou d’une théorie, de toute création ou invention humaine, ne devrait pas se faire à partir de critères sexués.
Malheureusement, les femmes restent encore minoritaires dans les instances politiques ou scientifiques, et sont souvent décrédibilisées, du simple fait de leur genre. Etre femme est un perpétuel combat. L'exposition a voulu rendre visible et ainsi louer les démarches de nombreuses femmes. En ce vingt-et-unième siècle, les femmes ne devraient plus être sous-estimées, remises en question ou encore invisibilisées. Il est temps de faire une bonne fois pour toutes le ménage dans ces clichés, et de s’ouvrir à la réalité d’aujourd’hui. Vivons avec notre temps, et encourageons les femmes à prendre la place qu’elles méritent.
Alors, comme le dit Beyoncé, « Who run the world ? GIRLS ! »
Emma Flacard, Pigeon 2 Poche, lycée Nord Bassin, Andernos (33)