Rassurez-vous la question du retour de l'uniforme pour les élèves français n'était qu'un exercice de style à l'occasion d'une confrontation organisée par la Fédération française des clubs de débats. Par Elise
On vous en avait déjà parlé dans le dernier numéro paru, certains d'entre vous y ont assisté, le Choc Oratoire avec le lycée Franklin a eu lieu, le vendredi 3 avril 2015 dans l'amphithéâtre !
Il s'agissait d'un projet « Graine d'Orateurs », soutenu par Science Po Paris et la Fédération Francophone de débat, dont de nombreux membres étaient présents pour encadrer la soirée. L'équipe de Prévert, qui constituait le gouvernement, devait soutenir le projet de loi qui instituerait le port d'un uniforme dans les établissements de l'Education nationale et faire face à l'opposition brillante que formaient quatre garçons du lycée Franklin, dans le 16ème arrondissement.
La séance a commencé avec quelques minutes de retard et, présenté par Olivier Garcia, membre de la Fédération Francophone de Débats, un bel éloge, l'Eloge de la Jeunesse, l'Eloge des Lycéens, dont on peut applaudir l'éloquence des derniers mots « Le silence est désormais mien, est désormais votre, place au débat ».
C'est à notre Alexandre Morvan, élève de 1ES3 et 1er Ministre du gouvernement le temps d'une soirée qu'est revenu la responsabilité de présenter la loi.
« J'étais un peu stressé pendant la préparation, le matériel de la salle informatique ne fonctionnait pas, c'était assez tendu. Pendant le choc, pendant que je parlais j'étais assez bien, j'ai eu quelques blancs et je pense que j'ai fait pas mal de conneries au niveau de la gestuelle, comme on avait fait quelques entraînements avec Eliott.. En tout cas, j'espère qu'il y aura une revanche et que je pourrai participer. »
Puis, les punchlines et les arguments se sont enchaînés, chaque parti rivalisant d'inventivité pour assener des répliques violentes, et ainsi toucher le jury, composé de Maître Michaël BenDavid, avocat chez Bredin-Prat, Inès Bordet, responsable jeunesse de la FFD et Romain Decharme, président de l'association.
On peut ainsi noter une jolie touche d'humour de la part de Léo de Franklin « Je vais vous prouver que votre loi est semblable à une minijupe : elle est attractive mais ne couvre rien ! » pour enchaîner quelques secondes plus tard, sur la même métaphore vestimentaire : « Votre loi est pleine de trous ! ».
Les arguments avancés durant la quasi-totalité de la séance étaient pour le gouvernement l'importance de faire de l'école un endroit qui efface les symboles d'inégalités sociales, et qui favorise une unité et un sentiment d'appartenance à l'établissement, ce qui permettrait de renouer avec un contexte scolaire, moteur de travail. De plus, selon le secrétaire général du gouvernement Eliott, l'école ne devrait pas être un endroit qui véhicule le consumérisme vestimentaire, « le bling-bling et les paillettes », mais devrait être garante d'un esprit d'équipe en son sein, d'un partage entre les enfants.
« C'est vous qui semblez stigmatiser, selon vous un élève de H.4 [Henri IV, lycée réputé du 5e arrondissement] s'habillerait mieux qu'un élève du 9.4 ? » s'insurge Shainez, ministre du gouvernement.
Pourtant, l'opposition de Franklin a été d'une pertinence à toute épreuve. Ils ont ainsi évoqué plusieurs fois la stigmatisation des établissements entre eux, l'incapacité à masquer totalement les inégalités sociales qui se retrouvaient chez les enfants malgré l'uniforme, la pédagogie douteuse qui empêcherait les élèves de s'exprimer et de créer par le biais de leur habits..
Amaury, un député de Franklin a également mentionné à juste titre le coût d'un uniforme pour l'état et pour les familles, ainsi que son entretien.
Le débat de l'Assemblée (aux allures de procès, selon les critiques qui suivirent du jury) se termina sur une citation de Benjamin Franklin par un de ses élèves « Un homme qui minimise la sécurité ne mérite pas la liberté ».
Le temps d'un jeu d'entraînement rigolo, le jury a délibéré : l'équipe de Franklin fut désignée gagnante du Choc Oratoire, et Eliott le meilleur orateur de la soirée.
« Si c'était à refaire, je ne pense pas que je le referai » conclu Chloé, la semaine suivante entre deux cours.
Elise, Le Cancre, lycée Jacques Prévert, Boulogne-Billancourt (95)