Billet de blog 24 octobre 2012

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Les toilettes des filles

Sombre. Sale. Puant. Bruyant. Non, je ne parle pas d’un terrier abritant une horde de lapins sauvages, je parle bien de ça, cet endroit à la fois sacré et redouté, cet endroit où naissent rumeurs et légendes, cet endroit qu’on appelle couramment les toilettes des filles.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sombre. Sale. Puant. Bruyant. Non, je ne parle pas d’un terrier abritant une horde de lapins sauvages, je parle bien de ça, cet endroit à la fois sacré et redouté, cet endroit où naissent rumeurs et légendes, cet endroit qu’on appelle couramment les toilettes des filles.

Bien sûr nous ne sommes pas au niveau de Poudlard avec Mimi Geignarde, mais les toilettes des filles du lycée restent un endroit où se mêlent combats et désespoir. On peut même l’appeler la salle des mille tortures, tu fais la queue pour entrer, pour avoir du papier (denrée rare), pour avoir une cabine, pour les lavabos, pour le sèche-mains et aussi pour sortir. Analysons comme il se doit ce parcours de la combattante.

Il est 10h, c’est la pause, une seule envie, atteindre les toilettes le plus vite possible (et t’enfiler une barre de Kitkat). Tu te frayes un chemin parmi les lycéens pour arriver jusqu’aux toilettes, tu franchis la barrière humaine de gloussements, tu évites gracieusement (ou pas) les pschitts de déodorant et enfin quand tu arrives en terre promise, tu découvres qu’il n’y a plus de papier toilette. Vite, tu retournes en arrière, attrapes ta besta et lui demandes si elle a des mouchoirs ; souvent, juste pour te compliquer la tâche, elle n’en a pas. Tu sens ta vessie prête à exploser, mais qui vois-tu au loin ? C’est Germaine, l’intello multipliant les allergies, tu l’accostes et lui soutires son dernier kleenex, tant pis pour elle.

Tu retournes aux toilettes, où c’est encore plus le bordel qu’avant bien évidemment, et attends qu’une cabine se libère. Deux pouilleuses te passent devant, trop c’est trop, tu bloques la porte avec ton pied, sort une gamine par les cheveux et prends sa place pour faire un pipi bien mérité. Non, en fait, soyons réalistes, tu t’écrases comme un chewing-gum et tu attends la prochaine. Quand, enfin, c’est ton tour, tu te retrouves dans la cabine la plus sale où il y a de l’urine et du papier partout (voilà où il était passé!). Tu te demandes comment une fille a fait pour ne pas pisser droit, après tout ce n’est pas compliqué, il suffit de s’asseoir non ? Passés l’horreur et le dégoût, tu fais ton affaire et laisses la place à une autre. Tu joues des coudes pour arriver aux lavabos, tu te laves les mains comme tu peux, le savon c’est comme le papier, ils les renouvellent tous les 36 du mois. C’est une fois que t’as les mains bien mouillées que tu découvres que le sèche-mains est cassé. Discrètement tu t’essuies sur ton jean en te disant que de toute façon ça ne se verra pas. Tu repasses la foule de « Oh mon dieu ! C’est le nouveau mascara ultra allongeur, il faut trop que tu me le prêtes, Brandon va trop A-DO-RER, c’est trop quoi ! », tu désespères rapidement sur l’avenir de l’humanité et te dépêches de retourner voir tes amies pour leur raconter que Pamela veut se faire Brandon.

De l’autre côté du mur, les garçons ont un sèche-mains qui marche, du savon et du papier toilette à n’en plus savoir quoi faire et surtout beaucoup d’espace vu qu’ils peuvent aller pisser contre un réverbère si ça leur chante. Et après on te parle de l’égalité des sexes...

J’en profite pour rendre ici hommage aux braves qui vont chez les mecs pour se fournir en papier, ou pour éviter la queue, et qui en reviennent souvent traumatisées. Mais avec du papier.

Charline Goix, Le P'tit Luther, Lycée Martin Luther King, 77600 Bussy Saint-Georges.

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