Billet de blog 29 juin 2013

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Le vieil homme et la mer

« Le vieil homme pêchait seul dans le Gulf Stream sur son canot depuis quatre-vingt-quatre jours sans avoir pris un poisson. Les quarante premiers jours, le garçon était venu avec lui. Mais après ces quarante jours, les parents du garçon lui avaient dit que le vieil homme était finalement et définitivement salao, ce qui est la pire forme pour dire pas de chance, et selon leurs ordres, le garçon était parti sur un autre bateau, lequel avait pris trois gros poissons la première semaine. »

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« Le vieil homme pêchait seul dans le Gulf Stream sur son canot depuis quatre-vingt-quatre jours sans avoir pris un poisson. Les quarante premiers jours, le garçon était venu avec lui. Mais après ces quarante jours, les parents du garçon lui avaient dit que le vieil homme était finalement et définitivement salao, ce qui est la pire forme pour dire pas de chance, et selon leurs ordres, le garçon était parti sur un autre bateau, lequel avait pris trois gros poissons la première semaine. »

Ainsi débute l’histoire de Santiago, un vieux loup de mer qui n’a pas réussi à rapporter un seul poisson depuis 84 jours. Lorsque la malchance s’abat sur un homme, ce sont les autres qui le rejettent..Le Vieil Homme et la Mer est un court roman écrit à Cuba en 1951 par l’Américain Ernest Hemingway, né le 21 juillet 1899 dans l'Illinois aux États-Unis et mort le 2 juillet 1961 dans l’Idaho, écrivain, journaliste et correspondant de guerre américain.

Illustration 1

Comment qualifier cet acte d’éloignement ? Ce sont les réactions les plus primitives qui s’expriment lorsqu’on éconduit le plus démuni des hommes. N’avez-vous jamais observé, dans un documentaire ou en vrai, le premier des agissements d’une meute d’animaux sauvages au regard d’un des leurs à l’agonie ? Ils fuient. Le laissent à une mort lente et esseulée. Non, je ne vous dirai pas que nous soyons aussi farouches que les animaux, bien que la société et la hiérarchie ne soient pas le propre de l’homme. Quiconque lira ce récit sera susceptible de ressentir une gêne morale, une sorte de dégoût envers tous les bons marins qui n’estiment plus leur semblable, Santiago, âgé et ridé par le temps et le sel. En effet, c’est d’un point de vue extérieur et personnel, presque tragique, du moins bouleversant, que nous suivons cet homme et son combat avec un espadon, contre la malchance et le  dépérissement. Ne considérant pas la mer comme un ennemi, mais davantage comme un égal, un reflet, il lutte pendant trois jours contre le plus gros espadon jamais pêché. Ce haut fait presque héroïque produit une saveur déjà connue par tous, celle de l’homme qui ne renonce pas et meurt dignement. Une épopée moderne ? Non, je ne pense pas « C'est un combat entre un homme et un poisson […] Le vieil homme n'est personne en particulier. Quelques personnes ont affirmé que tel ou tel serait le vieil homme et tel autre l'enfant. C'est une invention ! J'ai écrit cette histoire sur la base des expériences de pêche que j'ai vécues sur les trente dernières années et même avant » dit Hemingway. Sans prétention, sans symbole, sans volonté de sauver le monde ni de réécrire l’histoire des hommes. Il s’agit seulement et purement de la vieillesse d’un marin à la recherche d’un toit, et d’un journal pour connaître les scores du dernier match de baseball.

Imprégné d’un style vif et dépouillé, l’ouvrage est à la pêche de nos sentiments les plus profonds, mais aussi les plus purs. Tantôt considéré comme une œuvre mineure, cet ouvrage reçoit en 1953 et en 1954 le Prix Pulitzer et permet à son auteur de recevoir le Prix Nobel de littérature.

Paul Rodrigue, l'@nderground, lycée Jean-Baptiste Say (75).

Dessin de Milena Arsich.

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