Avril 2015. J'entre dans la petite boutique de mon opérateur mobile avec l'objectif d'échanger mon téléphone pour un autre smartphone plus récent. Petit passage devant la vitrine. A l'intérieur, il trône religieusement : le tout nouveau smartphone, 859,90€, rien que ça! Finalement j'opterai pour un modèle plus accessible. Par Jordan Guerin-Morin
Nous vivons dans une société de consommation, sans savoir de quoi il s'agit exactement. Chaque jour, des hommes et des femmes se lèvent et s'enferment dans une célèbre routine : métro, boulot, dodo. Cette succession de termes suggère un rythme de travail intense. Ces hommes et femmes travaillent dur pour gagner un maximum d'argent.
Puis il y a ceux pour qui ça marche le mieux et qui ne s'en cachent pas. Ils possèdent généralement deux voitures, deux Macs, trois télévisions, et bien sûr le dernier smartphone.
Indispensables_? Nan. Désormais, les individus travaillent pour s'offrir des objets inutiles avec lesquels ils vont pavaner pour exposer leur réussite et leur supériorité. Nous sommes dans une société de consommation ostentatoire. En son cœur, se trouve la publicité.
Une société d’hypnotisation
La publicité est l'arme de la société de consommation. C'est un outil psychologique qui consiste à embrigader les individus pour les inciter à acheter. La publicité est une forme d'hypnotisme. En juillet 2004, Patrick Le Lay, alors président et directeur général du groupe TF1 prononce ces quelques mots : «_Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau disponible. ». Ainsi, « pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible ». En d'autres termes, les programmes télévisés sont conçus de manière à rendre l'individu réceptif aux spots publicitaires en le détendant par le divertissement. Cette publicité est partout, autour de nous et dans nous, car nous l'avons intériorisée dès le plus jeune âge. Entre deux dessins-animés le mercredi matin, la publicité nous poussait déjà à faire acheter à nos parents tel ou tel jouet.
Une société d'addiction
Avec la publicité, l'individu devient addict. Notre cerveau est formaté pour acheter. Lorsqu'un enfant reçoit de l'argent de poche pour la première fois, il souhaite le dépenser. Nous voulons toujours acheter le dernier produit à la mode. C'est pourquoi nous achetons une PS4 pour remplacer une PS3 pourtant toujours fonctionnelle. C'est pourquoi nous achetons un Galaxy S6 ou un Iphone 6. Cette addiction nourrit le marché car les entreprises en jouent, notamment avec la stratégie de rareté. La sortie d'un Iphone est toujours un événement, car Apple fait croire que son produit est rare et en profite pour augmenter toujours plus ses prix sous prétextes d'innovation (en réalité minimes et inutiles).
La rareté et l'innovation poussent certains individus addicts (ou simplement ignorants) à patienter près d'une journée devant une boutique Apple.
Sommes-nous en train de nous diriger vers une société d'addiction massive ? Possible si l'on regarde le succès des séries comme Games of Thrones ou The Walking Dead. L'addiction pousse les spectateurs à vouloir connaître la suite, donc à regarder l'épisode suivant.
Une société d'illusion
Acheter, c'est aussi dépenser de l'argent pour des produits utiles, comme des vêtements. Nos vêtements peuvent-être considérés comme une certaine forme d'identité. Phénomène paradoxal puisque nous achetons nos vêtements en fonction de la mode, parce que nous y sommes contraints, par le choix dans les rayons, mais aussi par la volonté de rester intégré à la société, ce qui est plus vrais au collège. Ainsi, l'image que nous pensons renvoyer n'est qu'une illusion. Nous sommes en réalité le produit de la société, des panneaux publicitaires ambulants. J'achète des Nike Rosh parce que c'est la mode et non parce qu'elles me représentent ou qu'elles sont confortables. Dans un an, ces chaussures aurons disparues. Qui porte encore des Vans ? Peu de personnes. Notre société n'est donc qu'illusion. Par exemple, qu'est-ce que le bonheur de nos jours ? Avoir des enfants, un chien, une maison, une voiture. Le bonheur est l'image idéalisée de la famille parfaite représentée dans les publicités (encore elles) comme celles du Crédit Agricole ou Panzani (T'as le tube coco). Ce bonheur est une illusion : je renvoie l'image d'être heureux, mais émotionnellement ce n'est pas obligatoirement le cas. Une personne mal dans sa peau va avoir recours à la chirurgie esthétique. C’est la preuve que le bonheur n'est qu'apparence. Nous sommes devenus matérialistes : nos objets ont plus d'importance que nos sentiments.
Une société d’aliénation
Pour connaître le vrai bonheur il faudrait accepter de quitter totalement la société de consommation afin d'arrêter de vivre dans l'illusion de nos sentiments et connaître les vraies sources de bonheur : la Vie, la Nature, l'Homme. C'est l'histoire du film Into the Wild. Un jeune diplômé décide de tout quitter pour rejoindre l'Alaska. Il brûle son argent, symbole de la rupture avec la société de consommation. Il rencontre de nouvelles personnes, découvre des paysages, vit en total communion avec la nature. Il finira par mourir après avoir avalé une plante toxique. Sa mort démontre l’aliénation humaine provoquée par la société de consommation. L'Homme a perdu ses instincts naturels. S'il n'est pas rattrapé par la mort, il l'est par la société elle-même (voir le film La Vie Sauvage). Nous sommes le produit de la société, aliénés pour maximiser le profit des grandes entreprises dans l’illusion de notre réussite sociale et financière.
Jordan Guerin-Morin, Actu en Rab#, lycée François Rabelais, Fontenay Le Comte(85)