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Billet de blog 24 septembre 2010

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Jean-François Copé et les salles de shoot

 Mediapart a consacré récemment un article à Jean-François Copé, s'interrogeant sur ses idées, ou plutôt son absence d'idée. Probablement vexé par ce manque de reconnaissance, il a décidé aujourd'hui de nous faire la démonstration de sa lumineuse clairvoyance : Jean-François s'est prononcé sur les salles de shoot. Et Jean-François s'est planté. Parti pris. 

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Mediapart a consacré récemment un article à Jean-François Copé, s'interrogeant sur ses idées, ou plutôt son absence d'idée. Probablement vexé par ce manque de reconnaissance, il a décidé aujourd'hui de nous faire la démonstration de sa lumineuse clairvoyance : Jean-François s'est prononcé sur les salles de shoot. Et Jean-François s'est planté. Parti pris.

L'histoire avait commencé le 5 juillet avec la publication par l'INSERM d'un rapport sur la "Réduction des risques chez les usagers de drogues". Ce rapport préconisait plusieurs pistes à suivre, dont l'expérimentation de centres d'injection supervisés (CIS), aussi connus sous l'appellation un tantinet dramatique de "salles de shoot".

Vous pouvez retrouver ici l'article d'Elodie Berthaud sur ces centres.

http://www.mediapart.fr/journal/france/150710/salles-de-shoot-en-france-matignon-dit-non-une-experimentation

Roselyne Bachelot étonna en se prononçant pour une concertation, mais Brice Hortefeux ne manqua pas une occasion de parfaire son oeuvre et s'opposa fermement à la simple idée de se concerter pour réfléchir à cette possiblité. Si la réflexion était nécessaire à la conduite d'un pays, cela se saurait.

Courant août, Francois Fillon trancha en faveur de son ministre de l'intérieur, et l'affaire paraissait close. La venue à Matignon de Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de Médecine, accompagnée de Jean-Pierre Couteron, président de l'Anitea (association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie) et de diverses associations, n'y changea rien : malgré le consensus scientifique, malgré les expériences concluantes en Espagne, Suisse, Luxembourg, Norvège, Allemagne,Pays-Bas, Australie et Canada, la France n'expérimenterait pas ces centres. Point barre.

Fin de l'histoire? Non, car ces derniers jours, des élus de droite et de gauche ont terminé un travail engagé il y a plusieurs mois sur ces "salles de shoot". Auditions d'experts, de magistrats, de représentants des forces de l'ordre et visites de salles à Bilbao et à Genève les ont convaincus du bienfondé d'une expérimentation.

C'est là qu'entre en scène Jean-Francois Copé. Sentant que la situation s'acheminait dangereusement vers un débat rationnel, un groupe de 77 députés et sénateurs, tous UMP il va sans dire, ont lancé leur riposte ce matin en signant la charte des élus contre les drogues, à l'initiative de Jean-Paul Garraud qui avait déjà mené la contestation en août. Outre le fait que leur charte est en totale contradiction avec leur opposition aux CIS (ils se payent le luxe d'appeler à des solutions pragmatiques!), on peut remarquer deux choses. Tout d'abord, 77 c'est très peu comparé aux 471 parlementaires que compte l'UMP. Ensuite, au milieu de cette joyeuse troupe, un nom accroche l'oeil : Jean-Francois Copé.

Celui-ci se targue de pouvoir diriger la France d'ici quelques années, aussi on peut porter une attention particulière à ses positions. Cet homme est-il capable de tenir une charge si complexe? Echaudés par l'incompétence crasse de notre leader maximo, on peut souhaiter pour la France des années à venir un président qui réhausse méchamment le niveau. Quelqu'un avec une vision de la société et de ses problèmes, quelqu'un qui sait réfléchir au-delà des idéologies surannées. Sinon on est mal barrés. Et avec Jean-Francois Copé on est vraiment mal barrés.

Il n'avait pas déçu sur la loi Hadopi, inefficace, liberticide et techniquement dépassée avant même son vote. Il nous a épaté avec sa niche fiscale à 22 milliards d'euros (en 3 ans!) pour une efficacité économique nullissime (voir cet excellent article d'ASI : http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2751). A nouveau il ne déçoit pas sur les CIS. Là où de nombreux élus de son propre camp sont capables de dépassionner le débat pour avoir une approche rationnelle d'une question de santé et de sécurité publique, lui se lie à la partie la plus extrême des parlementaires, englués dans leurs certitudes sclérosées.

Il est difficile de dire s'il a signé cette charte par électoralisme (on peut en douter car selon un sondage IFOP 53% des français sont pour l'expérimentation de CIS) ou par incompétence. A tout le moins, il faut un sacré manque d'humilité et de hauteur pour rejeter ainsi une concertation sur une réponse utilisée avec succès chez six de nos voisins européens, et qui fait l'objet d'un consensus chez les scientifiques et le corps médical.

Mais quand le vent tournera...

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