Je viens de lire les commentaires sur comment naviguez-vous sur Médiapart ?
J’ai écrit le billet ci-dessousavant de lire ces commentaires et loin d’un accès Internet. Il est un peu décalé, mais pas trop. Il ne concerne que ma lecture de billets.
Je dois dire d’emblée que je suis lecteur de poésie et de romans bien plus que lecteur de journaux.
Je dois dire aussi que je n’ai aucune pratique des blogs. J’ai pas participé, j’ai pas lu, j’ai pas écrit, mais j’en ai entendu causer… Et ma première impression est celle-ci : je n’ai pas envie que le club de Médiapart ressemble à ce que je perçois des autres clubs et que je peux résumer en quatre ou cinq points ( qui ne me dérangent pas à condition qu’on ne s’y arrête pas). ( Pas trois ? Eh non !)
1° Ça fait du bien de s’exprimer(je sais que c’est nul mais je vais le dire quand même)
2° La réaction coup de gueule ( pousse tes panards que je m’y mette)
Ou poil à gratter ( t’es intello, tu devrais être intelligent et ça se voit même pas !)
3° La polémique de supporters ( vive lui / vive l’autre)
4° La réaction innocente ( il est beau mon toutou pourquoi tout le monde fait la gueule ?)
Ce qui me dérange, ce n’est pas cela, c’est plutôt qu’à la place d’une participation qui construit de l’intelligence collective s’installe une somme de questions/réponses et de dialogues individuels.
Mes Médiamis me sont chers bien sûr, et je sais que dans tout groupe, les échanges individuels à voix basse sont aussi pertinents que les doigts levés qui travaillent au savoir commun. Simplement, ce n’est pas la même ambition. Et si ambition il y a, je propose que ce soit celle de construire de l’intelligence collective. ( voir article L’écriture de Vernant de Alain Shnapp)
Et donc après cet objectif dont les mots restent bien sûr à définir, j’en viens à « comment je lis les billets de Médiapart » ( je dirai une autre fois comment je lis les articles.)
Il y a d’abord quelques thèmes vers lesquels mon œil se dirige aussi sûrement que l’aiguille aimantée de la boussole. Il ne sont pas très nombreux : ce qui touche aux droits de l’homme, ce qui touche aux droits de l’Avenir de la Planète, ce qui touche à la transmission des savoirs et de l’information, ce qui touche à la Russie de part mes origines, ce qui touche à la Provence et au département de l’Aude de part le hasard de mes atterrissages.
Sur tous les autres sujets, j’arrive le plus souvent jusqu’à l’auteur par les commentaires qu’il (ou elle) exprime à propos d’un article, d’un billet ou d’un autre commentaire. Lecteur d’écritures davantage que lecteur de sujets ou de thèmes, la première impression est souvent déterminante. L’écriture pour moi, c’est comme un visage, comme une poignée de mains, un signe mystérieux qui va de l’âme à l’âme, du cœur au cœur, de l’intelligence à l’intelligence en sautant par-dessus la barrière de ce qui est dit, des usages, des conventions et même des attaches politiques : quelque chose qui bouge : la promesse qu’on va se comprendre.
L’humour aide bien des accrochages.
Sitôt repéré, le nom de l’auteur (e)est noté et je lirai ses billets dès que l’élasticité de mon temps va le permettre. Il en est de même pour tous mes contacts. Je remarque à ce sujet que mes commentaires tardifs semblent souvent passer inaperçus et je ne suis pas sûr moi-même de repérer toujours les commentaires tardifs aux miens. Nous restons dans le cadre d’un journal, chaque jour pousse le précédent, mais de lire les billets après avoir rencontré l’auteur reste mon fonctionnement le plus habituel.
Enfin il m’arrive souvent de sauter les commentaires ou les billets un peu trop longs du point de vue du temps que je réserve pour ma lecture. De chaleureuses remarques ont souligné que je tombais facilement dans ce travers de longueur.
Serge Koulberg