La Journée Internationale de la Paix est célébrée chaque année le 21 septembre. Si l’on ne manque pas, et c’est légitime, de rappeler le traumatisme des attentats du 11 Septembre, cette année, pas un média, n’a osé célébrer la Paix, et la commémorer. Pourquoi ?
Pas une ligne dans les journaux, pas un mot bien sûr sur les Médias officiels, plus grave, pas un entrefilet sur Médiapart, ou sur Libération. La Guerre est plus porteuse, plus vendeuse et lucrative que la Paix, nous le savons depuis longtemps, les images d’horreur diffusées en boucle sur les JT font plus d’audience…et rappeler, que cette année célèbre le 75 -ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide n’était pourtant pas de trop. Il me semble, pourtant, que nous ne manquons pas vraiment d’exemples non ?
Le 21 septembre, j’étais en vacances, à Dax. Ce jour-là, le MRAP et le Mouvement pour la Paix avaient organisé une projection du film Afghan « WAJMA » du cinéaste Barmak AKRAM, en présence de l’actrice principale Wajma Bahar qui avait fait le déplacement, film sur les écrans en 2013.
L’histoire raconte avec finesse, la vie d’une adolescente vivant librement à Kaboul, dans sa famille, se préparant, avec l’accord, péniblement arraché à son père, à faire des études à l’Université. Elle tombe amoureuse d’un jeune serveur, plus âgé de 5 ans, qui profitera de la crédulité et de la naïveté sentimentale de la jeune femme pour la mettre enceinte. Refusant d’en assumer les conséquences il abandonne Wajma, à la violence prévisible et culturelle de son père, violence physique et morale, dans une société patriarcale pourtant pas encore dominée par les talibans. Le film est passionnant, l’actrice remarquable, le scénario et les autres comédiens aussi. Tourné avec un tout petit budget sous l’alibi d’un documentaire, l’équipe, de 4 personnes, saura prodigieusement réaliser ce film, lumineux, primé dans plusieurs festivals. Le débat, organisé dans le cadre de la journée mondiale de la paix, sera riche, argumenté, passionné et passionnant, ramenant à la lumière, la dignité de la femme et de tout être humain, cette dignité que ne cesse de souligner aujourd’hui la Psychanalyste Cynthia Fleury dont les propos n’ont jamais été plus actuels et mieux illustrés que par ce film. Sous le régime des talibans, l’asservissement de la femme afghane, dont les conditions de vie, sont proches des femmes Iraniennes, s’est encore aggravé, pour faire plonger la condition féminine dans des affres noirs, plus terribles, et dans un silence sournois, abyssal, terriblement oppressant et douloureux. L’oubli, l’oubli c’est foudroyant, l’oubli anéantit.
Salle Pleine à Dax comme à Mont de Marsan la veille. Dévouement exceptionnel des organisateurs, vieux routiers du militantisme, émouvant dans leur façon de continuer sans relâche à rappeler que la Paix n’est pas un concept fumeux et obsolète, mais une valeur humainement et intrinsèquement non négociable. Le débat se poursuivra longuement dans la soirée, l’actrice Wajma Bahar apportant de multiples détails sur la condition dramatique et oppressante des femmes Afghanes, rappelant à quel point en parler demeure un souci permanent des Militants de la Paix.
Peut-être serait-il bon de rappeler, invariablement, inlassablement, ce mot désormais inusité, qui devrait être remis au goût du jour avant de sombrer dans le Dictionnaire des Mots anciens et oubliés. Parce que l’on parle plus des Punaises de Lit que de la Paix, le président parle plus de la Bagnole que de la Paix, et pas sûr que le mot Paix soit accepté par les algorithmes de l’IA. Peut-être serait-il temps d’investir les consciences et d‘inverser la tendance ? Quoiqu’en disent les marchands de canons Macron-Compatibles, qui désormais se frottent les mains de pouvoir vendre leurs armes à l’Ukraine, gage de voir perdurer leurs bénéfices, et donc ralentir encore plus l’issue du conflit, la paix doit être inlassablement relayée dans les discours. Une Journée de la Paix avec des initiatives, des articles, des partages, une manifestation monstre n’aurait pas été de trop. La terreur mortifère savamment et intelligemment entretenue, perfusée puis infusée dans les esprits, doit être combattue par des messages, des articles, des initiatives citoyennes comme les Cercles du Silence pour ne jamais, jamais se laisser aller au découragement et à l’abandon.
A l’heure où le Prix Nobel de la Paix vient d’être décerné à l’Iranienne emprisonnée Narges Mohammadi, redonnant un éclairage, trop bref, sur la condition des femmes Iraniennes, nous pouvons y associer le sort aussi terrible des femmes Afghanes, Arabes, ou Africaines dont la vie est anéantie par l’oubli, le silence, l’indifférence.
Espérons qu’en 2024, le 21 septembre, Mediapart sera là pour rappeler cette évidence. Plus que tout, nous désirons la Paix dans le Monde. Il y a une Journée, mondiale, qui lui est dédiée
Femmes Afghanes, nous ne vous oublions pas.