a.spohr (avatar)

a.spohr

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Municipales 2014

Suivi par 26 abonnés

Billet de blog 4 juillet 2013

a.spohr (avatar)

a.spohr

Professeur honoraire ( secondaire, supérieur, universités US; ancien journaliste de PQR.. Correspondant de presse

Abonné·e de Mediapart

Strasbourg: quatre candidats investis, encore du suspense

L’horizon s’éclaircit mais pas entièrement. Reste une grande inconnue. A l’UMP, Paris vient de trancher hier pour Mme Keller.Vers une revanche improbable de 2008 ?

a.spohr (avatar)

a.spohr

Professeur honoraire ( secondaire, supérieur, universités US; ancien journaliste de PQR.. Correspondant de presse

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’horizon s’éclaircit mais pas entièrement. Reste une grande inconnue. A l’UMP, Paris vient de trancher hier pour Mme Keller.Vers une revanche improbable de 2008 ?

 On n’osera pas comparer le mode de désignation avec celui du FN mais c’est une pratique tout de même assez jacobine. Pour vrai, madame Michu !

Car il y avait aussi un autre candidat, Jean-Emmanuel Robert, encore peu connu mais dont l’assurance, le talent, la jeunesse et l’activité de préparation,  l’autorisaient  à espérer une prise en compte plus respectueuse et sérieuse de sa candidature par ses « compagnons », fussent-ils à Paris( la commission des Investitures).

L’homme et ses soutiens sont très déçus, ils attendaient une investiture par la base militante. Les naïfs !  Alors, rébellion ou rentrée dans le rang, avec compensation ?

La  sénatrice, soigneusement relookée, ancienne UDF et jadis amie politique de Bayrou avant de tomber sous le charme de Sarkozy ( les embrassades sont dans toutes les mémoires) se dit toujours centriste mais on peut croire, sans lui faire insulte, qu’elle l’est moins qu’avant.

Elle a voté pour la loi sur  « Le mariage pour tous », courageusement, à ses risques et périls politiques. Une décision pareille, prise en conscience, mérite pour le moins le respect de la personne. Si, quelle que soit la conviction profonde de tout un chacun, une telle attitude sur un tel sujet devait être préjudiciable en politique, ce serait récuser la liberté de conscience de la femme ou de l’homme politique, partant la démocratie libre et éclairée. Pourtant aujourd’hui elle appelle à une Union Sacrée avec l’UDI de François Loos qu’elle voit peut-être en favori de l’épreuve. Chabada ?

 Les écologistes ont un chef de file. A la régulière.

 Ils étaient deux candidats pour conduire la liste « autonome, ouverte et écologiste ». Avec 52% des voix, c’est l’adjoint au maire Alain Jund qui l’emporte de justesse sur son collègue du Conseil Municipal Eric Schultz. Cela n’a pas très grande importance à ce niveau car il ne faut jurer de rien, les écolos, cela se sait, ont des désirs d’indépendance, irrépressibles. Bien que « globalement disciplinés » à l’intérieur de la majorité sortante, ils ont souvent montré leur originalité. Le score des présidentielles n’est guère qu’un accident imputable à des erreurs de stratégie et de casting. Cette fois, à l’écologie on ajoute l’autonomie et l’ouverture, notions parfaitement compatibles, pour ratisser large en profitant sans entraves sectaires de leur bonne image. D’ailleurs, on sait aussi qu’il faudra compter sur leur intransigeance, pas forcément face à la seule gauche. Les programmes feront-ils loi ? Pas de liste commune avec le PS, contrairement à ce qui est envisagé à Mulhouse ? Quand ? Avant ? Après ? Le renvoi de Delphine Batho pour désaccord budgétaire et plus, laissera-t-il des séquelles ? Comme une méfiance et même la crainte de voir le PS en mauvaise posture, victime du contexte local et de l’impopularité nationale, peut-être seulement conjoncturelle ? Il reste peu de temps pour infléchir la tendance favorablement.

 Le Front National s’offre un candidat tout neuf.

Me André Kornmann, a été désigné par Paris pour conduire la liste du Front National.
Avocat de son état, il a jadis défendu des membres du FN ou de « Alsace d’abord » son pendant local. Il avait réussi cependant à se glisser dans la liste du Modem en 2008, où ses propos parfois abrupts, pouvaient laisser croire à de nobles emportements dus à un goût pour une bataille plus dure que celle que menaient ces doux centistes.

De là à le voir adopter une idéologie extrémiste ou une posture aussi tranchée, il y avait un fossé à franchir et il l’a allègrement sauté! Aujourd’hui, il apparaît comme un mini-poujadiste cherchant par exemple à s’appuyer sur les commerçants en favorisant le stationnement des voitures par un mécanisme compliqué que le commun des usagers risque de ne pas comprendre. Toutefois sans démagogie aucune ! Paris fera le reste car Kornmann est comme il est, ne faisant surtout pas l’unanimité.

 François Loos, UDI, serein.

Le premier à s’être présenté, sans problème d’appareil.

 L’ancien ministre toujours calme et brillant, travaille les dossiers et en même temps se fait lentement mieux connaître, en ne refusant pas la tournée des popotes. Il va son bonhomme de chemin. Technocrate qui a tâté de l’entreprise privée avant ses multiples mandats électoraux et ministériels,  il ne laisse rien lui échapper, semble-t-il, à  en croire des proches collaborateurs.

 Il bénéficie aussi de la curiosité des gens qui savent qu’ils ont affaire là, à une « pointure » que, souvent, ils découvrent. Sa connaissance « naturelle » de l’alsacien qu’il pratique avec plaisir, tranche avec la distance que pourraient lui conférer, à son corps défendant, le statut de polytechnicien ( X-Mines)et sa carrière parisienne. Et son français sans accent en plus, sauf quand il ne le veut pas. Bel atout : un homme de haut rang, simple et proche, « forcément capable » ! A prendre très sérieusement en compte.

Sa rivale à droite, l’ancienne maire battue en 2008, polytechnicienne comme lui, donc X, a cherché avec un succès certain à se rapprocher des électeurs pour corriger certaines pratiques de gouvernance décriées jadis. Elle y parvient assez bien.

Et pourquoi pas au bout du bout : X+X=2X. Duo rare( rien de chromosomique dans la formule, très primaire). Mais on n’en est pas là. L’ancien ministre n’est pas pressé, n’ayant aucun problème interne à régler d’emblée.

 Pour le PS interminable suspense !

 Roland Ries n’est pas investi à ce jour. Il est sans doute favori, s’il accepte quelques amendements à son autoritarisme parfois inutilement vaniteux. Sinon ?

L’honnêteté intellectuelle élémentaire devrait contraindre à corriger cette erreur largement répandue, en raison des inlassables tergiversations, des hésitations infatigables et fatigantes pour les tiers, parfois des contradictions,  tous les non-dits que

laissent  planer les amis du maire sortant, avec sa bénédiction, bien que lui, ait précisé qu’il se soumettrait au processus normal interne de désignation. En toute quiétude ?

Pour le moment, le candidat du parti socialiste n’est pas investi par les instances locales du parti. La décision ne sera prise qu’au mois d’octobre. C’est clair et démocratique si aucune pression ne vient de Paris. Bravo au PS, malgré tous les dangers que cela comporte.

 D’ici là, il coulera de l’eau sous les ponts de l’Ill, peut-être pas sans crue ni décrue, rappelant l’étrange méthode de Roland Ries du genre « je ne suis ni  pour ni contre »( le Conseil Unique et il s’est abstenu ; «  je sais depuis que j’ai décliné l’offre d’un poste ministériel que je  me représenterai »( offre faite ,- sérieuse ou pro forma, on ne sait pas - depuis plus d’un an) ; « réélu, je ne me représenterai pas au Sénat… » ( là pour le coup, c’était il y a quelques jours)

 On comprend mal pourquoi, l’honnête homme, dans toute son acception, s’est comporté aussi maladroitement, générant ici une ambition légitime et là une attente excédée.

Enfin la déclaration vint, après des bégaiements suspensifs auprès des amis d’abord et les plus proches ou soi-disant tels, puis du parti puis enfin du Conseil Municipal. Mais diable, qui donc le conseille et le pousse à diviser ? Pour mieux régner ? Sûrement pas.

On sait que le Premier adjoint, Robert Herrmann, que R.Ries voudrait tenir à distance, et potentiel  candidat en cas de respect de l’engagement pris en2008, a obtenu un soutien à peine voilé de Catherine Trautmann qui est encore considérée comme une référence sérieuse et avisée sur fond un peu nostalgique en la circonstance. Elle invite notamment à une synergie exempte de  tout favoritisme. Allez, disons «  A chacun selon son mérite acquis par son travail au service de la  collectivité ». Et que les technocrates fassent leur travail aussi en toute loyauté ! Elle sait de quoi elle parle, victime de la défection de son adjoint aux finances, candidat contre elle.

Qu’on ne cherche pas une once de déterminisme qui obèrerait cette hasardeuse réflexion allusive car, on le sait bien  «  jamais les mêmes causes ne créent les mêmes effets »  sauf à considérer que toutes les données soient strictement identiques. Elles sont parfois inversées dans le rapport !  Non ? 

Quoi qu’il en soit, on peut raisonnablement supputer, qu’en l’état, le PS, conduit par un Ries autoritaire, lâché par des amis qu’il a parfois lâchés avant, usé par une longue période de doutes, suspectés dans des affaires judiciaires en cours, si peu graves qu’elles soient, une personnalité trop peu charismatique – on parle de petit maire - , une conjoncture plus que maussade, le PS  est en très grand danger.

Une analyse plus fine pourrait conduire à rebattre les cartes et les redistribuer démocratiquement, sans fait du prince, y compris en remettant en cause la candidature de Ries auquel aucune circonstance ne peut «  faire un devoir » de se présenter comme il le dit.

Il y a pour le moins aussi compétent que lui parmi les socialistes strasbourgeois. Si rien ne change à gauche d’ici octobre, la droite surtout UMP et UDI, aura un boulevard devant elle.

 Et le petit Modem dans tout çà ?

 Il est partagé, très partagé et il n’en restera pas assez pour peser au trébuchet.

Les instances locales seraient plutôt  tentées de rejoindre l’UDI. Racines UDF obligent.

Dommage, car là aussi on trouve de brillants éléments qui préfèrent souvent la réflexion à une action politicienne sur le terrain. Mais les  Bayrouistes dans l’électorat existent, parfois imperturbables.

Le Front de Gauche doit être aussi dans le round d’observation et réfléchir. On attend.

On connaît à présent presque tous les candidats. Ries trouvera-t-il une solution pour se concilier tous les ténors de son camp ?  Loos n'est-il pas le favori qui voit ses chances croître à mesure que décroissent celles des autres ? Suspense.

Antoine Spohr

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.