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Billet de blog 12 mai 2013

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Professeur honoraire ( secondaire, supérieur, universités US; ancien journaliste de PQR.. Correspondant de presse

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Strasbourg vers une nouvelle alternance ?

Strasbourg est considérée comme une ville « reprenable » par la droite ou le centre ou encore par les deux réunis. L’UMP l’a perdue en 2008 au profit du PS et des écologistes (EELV), vainqueurs avec une large avance.

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Strasbourg est considérée comme une ville « reprenable » par la droite ou le centre ou encore par les deux réunis. L’UMP l’a perdue en 2008 au profit du PS et des écologistes (EELV), vainqueurs avec une large avance.

C’est en 1989 que Catherine Trautmann avait rompu la suprématie installée d’un centre-droit avec une icône nationale, Pierre Pflimlin (maire de 1959 à 1983) et son successeur par lui adoubé, Marcel Rudloff (1983 à 1989).

Ce fut une surprise : une novice qui montrera qu’elle apprend vite et sera réélue jusqu’en 2001. Une interruption de 3 ans durant sa participation au gouvernement Jospin (1997- 2000) avait laissé la place, par respect du principe –et non d'une loi – de non cumul des mandats...

Son adjoint, Roland Ries, en avait profité pour apparaître au premier plan.

Abandonnée de son côté, pire, attaquée par son adjoint aux finances, Jean-Claude Petitdemange et d’autres lâcheurs, ces discordes au sein de sa majorité lui furent fatales.

C’est donc l’UMP ( RPR + UDF) avec à sa tête le tandem Keller-Grossmann qui l’avait emporté en 2001 avec une confortable avance en battant largement Catherine Trautmann. Cette dernière ne se représentera sans doute pas en 2014 en dépit du respect et de l’estime qu’un grand nombre de Strasbourgeois de bords différents lui ont gardé.

Ce mouvement alternatif persistera-t-il ?

L’analyse est difficile et le pronostic n’en n’est pas facilité.

UDI : François Loos, premier déclaré

Le prénom est à la mode dans les hautes sphères : à Rome, à Paris et pourquoi pas à Strasbourg ? Pour les superstitieux !

Oui, mais il ne suffit pas de se présenter, il faut encore gagner les voix des électeurs. Le sait-on assez, surtout dans les états-majors de militants ?

En tout cas, François Loos est déjà assuré d’avoir été le premier … à se déclarer, très clairement, sous la bannière d’une constellation centriste, l’UDI.

Cela sonne  un peu comme UDF, regroupant le Parti  radical, le Nouveau Centre, la Gauche Moderne, Alliance centriste, Force démocrate, Le Centre national des indépendants et paysans, le Parti libéral-démocrate, Territoires en mouvement … Qui d’autres à venir ? Qui sait, peut-être ce qui reste du Modem, certes respectable en qualité mais très affaibli en membres.

Alors challenger ou favori ?

Pour l’heure, il fait parvenir une lettre de quatre pages aux Strasbourgeois, sans doute pour combler une carence de popularité électorale basique qu’on n’acquiert ni à la tête d’une entreprise, ni comme ministre, à Paris. Même pas comme parlementaire périphérique de la ville désirée.

Il ne cache pas qu’il en est conscient. A une suggestion saugrenue et provocatrice  d’organiser une « opération  Potemkine », une sorte de bidouillage d’événement opportun et grossi, qui le propulserait à la une des journaux, il répond par un large rire, très amusé.

Pas besoin de cela pour ce fort en thème, polytechnicien, X-Mines de surcroît, le must, qui préfère se plonger dans les dossiers. Il se met en « stage intensif » (sic) avec  des groupes de travail dans une quinzaine d’ateliers. Il a, comme çà, pour le plaisir, passé un DES de mathématiques : on doit donc faire confiance à la rigueur de sa méthode.

D’abord faire un constat éclairé, précis, de l’état de cette ville où il est né, où il vit, qu’il dit aimer. Député d’Alsace dans deux circonscriptions différentes depuis 1993, ses mandats n’ont été interrompus que pour siéger au gouvernement sous Raffarin et Villepin. Puis élaborer un programme et se faire connaître.

Entre autres prises de contact, en qualité de président de l’EMS (Ecole de Management de Strasbourg), il a rencontré les « jeunes » avec le concours du président de l’UDI, Jean-Louis Borloo (notre photo). On l’a vu aussi à la tribune dans une conférence-débat sur le loup réimplanté dans les Vosges. Et ailleurs, de plus en plus. Il ne rechigne d’ailleurs pas à la tournée des popotes.

Nous le reverrons dans un portrait plus achevé.

Au PS : Roland ou Robert ou une surprise, comme un député fraîchement élu ?

On ne sait pas. Le maire sortant ( PS) Roland Ries fera connaître sa décision au mois de juin. Les Strasbourgeois seront donc informés  ou de cette candidature à laquelle certains ne croient plus, ou d’une renonciation, conditionnelle peut-être.

La non-décision pour le récent référendum alsacien, le pouvoir qui use, la lassitude induite, l’annonce d’emblée d’un mandat unique, le cumul des mandats obligeant au choix, des petites menaces de poursuites judiciaires qui ont fracturé son camp, le refroidissement des alliés écologistes de plus en plus indépendants… sont à considérer sérieusement. Et l’âge ? Sans être une gérontocratie à la soviétique, la France tient beaucoup à ses aînés…

Une motion concernant les relations franco-allemandes * (cf en annexe) votée à l’unanimité, moins deux abstentions, par le conseil municipal le 29 avril dernier, peut, du moins partiellement, réparer les dommages électoraux que ne manquera pas de causer sa  position indécise dans le vote du référendum sur la Collectivité Unique d’Alsace. Les Strasbourgeois se sont largement prononcé pour le Oui. On n’a pas toujours bien compris pourquoi l’un des hommes les plus puissants d’Alsace, sénateur-maire de la pricipale ville, la future «  Eurométropole », s’était abstenu.

Attendons le mois de juin et  un portrait de pied en cap !

Discret, tout à sa tâche, le premier adjoint, Robert Herrmann, attend patiemment dans les starting-blocks. Si Roland dit non, Robert sera totalement légitime. C’est  un homme de terrain, proche des administrés, amical à souhait, sans sectarisme et qui, à force de travail parfois dans des domaines électoralement délicats, s’est donné une vaste compétence.

Il serait le successeur naturel d’autant plus que, très officiellement, en principe, le N°1 devait céder sa place à la fin d’un unique mandat.

Ici ou là, on entend des supputations de menées machiavéliques prêtées au maire sortant : après sa réélection bien sûr, suivie d’une démission une fois réélu sénateur,  il « porterait » à sa place, son dauphin et « chouchou », Alain Fontanel, brillant énarque, adjoint aux finances et très en grâce au sommet du PS à Paris.

Humiliant pour les électeurs ! Totalement invraisemblable de la part du premier magistrat qui doit son élection aussi au qualificatif de « brave et honnête homme » acquis lors du remplacement de Catherine Trautmann.

Aux jointures de cet éventail présupposé et réduit pour le moment : EELV

Les écologistes ont un beau potentiel, des leaders de bonne qualité mais peut-être trop de « fines bouches » qu’on sent raisonnablement goulues. Il faudra qu’ils s’entendent. Jund, Bélier, Dreyssé et d’autres sont des patronymes qui commencent à sonner familièrement aux oreilles des Strasbourgeois.

A droite-droite ?

L’ancienne maire, la sénatrice Fabienne Keller (UMP), montre de sérieux appétits pour une revanche de 2008 mais aussi au sein de l’UMP, bien qu’étant issue de l’UDF et se proclamant allègrement centriste. Pour réapparaître au premier plan, elle a fait paraître un livre émouvant de sincérité mais sans grand intérêt politique. Elle sèche les larmes qu’elle a versées lors de sa défaite qu’elle s’explique enfin. Sait-elle en même temps que sa victoire, elle la devait à une alliance avec un gaulliste (Robert Grossmann) dûment estampillé et fin « politique », alliance qui avait rassuré les Strasbourgeois, tombés en désamour pour Mme Trautmann.

Et dégât collatéral, pour de nombreux électeurs de droite et du centre : la sénatrice Fabienne Keller a sans doute perdu beaucoup de son crédit en votant « OUI » au mariage pour tous. D’autres, plus indulgents ou plus pertinents, estiment qu’elle a montré là du courage et son esprit d’indépendance.

Un autre candidat à la candidature, Emmanuel Robert, exerce ses papilles et goûterait bien au plat en tête de table. Peut-être d’autres encore comme le pugnace et expérimenté Pascal Mangin, les « jeunes », quadragénaires avancés, avec lui…

De plus, qui Robert Grossmann (UMP-RPR) adoubera-t-il, à moins qu’il y aille lui-même, en franc-tireur, pour rester à table, ne serait-ce qu’en commensal privilégié ?

Des primaires pour désigner un vainqueur ? Il faudrait alors faire vite, il ne reste qu’une petite dizaine de mois.

A la marge

On n’en sait pas davantage mais les partis dits extrêmes seront présents, avec leurs bataillons de fidèles redoutablement efficaces, sinon en prétendants au moins en perturbateurs de résultats de premier tour et après, on verra. Au Front National comme au Front de Gauche. Deux aiguillons pour les « grands » !

Le Modem, très affaibli depuis les scores locaux induits par le résultat décevant de François Bayrou aux présidentielles, n’a pas de stratégie décidée : on  sera vraisemblablement libre au niveau des communes. Alors, à Strasbourg : UDI ou EELV ? Les deux se côtoient mais, d’un côté on craint l’absorption par l’UDI et à terme l’UDI/UMP, de l’autre la disparition après l’alliance présumée  PS/EELV. Pas facile !

Mais…

En dehors de ceux qu’on oublie ici, un autre intervenant sans doute primordial, très puissant et incontournable, sera la conjoncture locale, nationale voire européenne. Elle ne favorisera pas la majorité en place qui cherchera  sans doute à « localiser » le débat.

Au fur et à mesure des déclarations de candidature, nous présenterons les candidats que nous inviterons à s’exprimer. Leur personnalité, leur vision du présent et surtout leur programme nous intéressent.

Antoine Spohr

* Voici le texte de la motion qui montre qu’ à Strasbourg l’Européenne, les relations avec l’Allemagne sont  plus spécifiques qu’à Paris, surtout au sein du PS.

On en pardonnera une certaine inélégance dans la formulation car il s’agit d’un « texte martyr », proposé par le maire, puis largement  et laborieusement amendé pour obtenir un consensus.

    • «  La France et l’Allemagne forment le couple fondateur de l’Europe : ce pilier sur lequel repose l’Union Européenne. Il est naturel qu’il y ait des divergences et des débats, et ceux-ci doivent être régulés dans le cadre d’un dialogue franc et respectueux. Il faut ainsi échanger et négocier dans un climat de confiance et de compréhensions mutuelles, sans attiser les tensions.
    • La force de l’UE repose largement sur celle de la relation franco-allemande.
    • Strasbourg, capitale européenne et ville à laquelle l’Histoire a donné un rôle international, appelle en cette année de 50° anniversaire du traité de l’Elysée à avoir un objectif particulier de renforcer davantage encore la coopération entre  la France et l’Allemagne. C’est la façon de bâtir une Europe forte, qui nous offre une perspective de retour à la croissance et un espoir de  prospérité partagée. »

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