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Municipales 2014

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Billet de blog 23 janvier 2014

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Professeur honoraire ( secondaire, supérieur, universités US; ancien journaliste de PQR.. Correspondant de presse

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Le centre ? Où? Exemple à Strasbourg

Mouvement ou parti politique ; philosophie politique; stratégie politique ou encore refuge des hésitations dans un système binaire insatisfaisant ? Des Constituants de la Plaine en 1789 à ceux qui s’en réclament aujourd’hui, que « sont le Centre et les centristes devenus » ?

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Mouvement ou parti politique ; philosophie politique; stratégie politique ou encore refuge des hésitations dans un système binaire insatisfaisant ? Des Constituants de la Plaine en 1789 à ceux qui s’en réclament aujourd’hui, que « sont le Centre et les centristes devenus » ?

Difficile aujourd’hui d’en approcher une spécificité diversement revendiquée, mais introuvable parce qu’indéfinissable clairement. Trop diluée ?

Une idéologie de rechange par négation des idéologies ?

C’est la fin des idéologies. On le dit assez, du moins des anciennes. Soit. Mais cette proclamation, même répétée à l’unisson, ne suffit pas à en démontrer la réalité.

 D’ailleurs, bien étayé par une argumentation réfléchie et sérieuse, ce constat n’en suggère-t-il pas une autre qui ne dit plus son nom pour ne pas être discréditée comme les précédentes ? François Bayrou, un des ténors du Centre patenté, aime à parler et à se réclamer de l’Humanisme dans sa vision de tripartition, entre Gauche socialiste et Droite capitaliste. De quoi s’agirait-il que méconnaitraient ou mépriseraient les uns comme les autres ? En tout cas le terme d’Humanisme, galvaudé, mérite peut-être une perception plus affinée et moins fourre-tout.

Plus fort, Jean-François Kahn (JFK), que ne rebute aucune attitude politique originale, spontanément audacieuse, jadis élu en réalité député européen MoDem dans le Grand Est, a osé alors l’expression circonstancielle de « Centrisme révolutionnaire ». Mazette ! On le sait un tant soit peu historien et cette formule à l’emporte-pièce avait dû lui être vraisemblablement suggérée par ce que certains historiens ont vu apparaître - a posteriori - sous la Constituante (de 1789), comme étant le Centre dans l’attitude de la Plaine (plus tard et souvent aujourd’hui le Marais, par dérision), composé de Constitutionnalistes «  modérés », enserrés entre les Monarchistes grand teint d’un côté et les Révolutionnaires-patriotes (les Montagnards), tout aussi radicaux, de l’autre.

Quelques lignes d’Histoire qu’on pourra ne pas lire, pourtant…

Il s’agissait d’abord d’un placement physique vertical, un emplacement, à Versailles ou plus tard dans la salle du manège des Écuries aux Tuileries. Enfin, lorsque l’Assemblée disposera d’un hémicycle, on distinguera le positionnement horizontal de gauche à droite et… au centre, selon les tendances. JFK estimait peut-être que ne pas vouloir la révolution ni même la rupture, est en soi devenu révolutionnaire sous forme d’un conservatisme relooké fashion ! Allez savoir ! Où aurait-il siégé ?

 Dès le XIX° siècle, le Centre est entré dans un mouvement oscillatoire entre royalistes – orléanistes, libéraux et républicains, anti-bonapartistes, mais toujours modérés, sauf dans le cas de l’anti-socialisme, bien sûr. Une position souvent inconfortable, surtout pour les chrétiens qui, avec l’Eglise catholique, en constituaient le gros des troupes.

Libératoire enfin, vint l’encyclique « Rerum Novarum » du pape Léon XIII, en 1891, qui fonde en quelque sorte officiellement la doctrine sociale de l’Eglise. Un an plus tard, le même pape, dans une nouvelle encyclique, invite les chrétiens à rallier la République. La « gueuse » n’est plus proscrite et dès lors peuvent naître des partis démocrates- chrétiens qui ne cesseront, jusqu’à nos jours, avec plus ou moins de bonheur et de bonne foi, d’alimenter copieusement le Centre, l’action sociale déjà ancienne se confondant peu à peu avec l’action politique.

 Après la guerre, les plus connus de ces mouvements ou partis (MRP, CDS, UDF et Force Démocrate et enfin le MoDem, Nouveau Centre et autres) se succèderont avec une influence souvent marquante, parfois accédant même au pouvoir suprême (Giscard d’Estaing) ou au partage des responsabilités gouvernementales, grâce à des alliances, le plus souvent avec la droite ou par des participations sporadiques avec la gauche. Des noms prestigieux comme ceux de Robert Schuman, Bidault, Teitgen, Lecanuet et bien d’autres comme Pierre Pflimlin, auquel succédera De Gaulle, inclassable mais déterminant, comme dernier Président du Conseil de la IV° République, sont encore des références pour les héritiers qui demeurent fièrement « centristes ». Mais il y en a beaucoup et partout.

Sur quoi se fonde cette fierté ? Unanimement, ce sont « les valeurs » ! Lesquelles, chaque formation politique réclamant les siennes, à vrai dire très proches les unes des autres ? Liberté égalité, solidarité dans la république ? Certes mais cela s’exprime autrement.

Ainsi l’ Humanisme est inlassablement ressassé, comme une boîte à outils qui contiendrait toutes les autres, quasiment une idéologie.Pour ceux en qui dorment encore quelques sédiments d’Histoire apprise, il faut rappeler qu’il s’agissait d’un mouvement philosophique qui, à la Renaissance, tendit, à terme, à refuser la détermination exclusive de la destinée humaine par l’au-delà, disons le comme çà, habilement exploitée jusque là par une Eglise omnipuissante et à donner enfin à l’homme, pensant librement et conscient, la maitrise de sa vie sans pour autant forcément plonger dans l’athéisme. Le protestantisme partiellement au moins et Le Siècle des Lumières en sont le prolongement.

 Enorme raccourci bien sûr, de Pétrarque (1304-1374) infatigable découvreur de textes de l’Antiquité, à Erasme, humaniste chrétien reliant religion et liberté, foi et belles lettres. Ce n’est pas le lieu ici d’approfondir mais les marques originelles sont là, même si la langue et les concepts qu’elle porte évoluent très vite.

Pour en découvrir la nouvelle perception, la prégnance ou encore les priorités, un regard sur Strasbourg peut être symbolique.

Le centre ou les centristes ? Qui et où ?

Presque tous et partout.

Aujourd’hui en première ligne, François Loos tête de liste de  l’UDI, parti se voulant centriste, a été adoubé par le chef Borloo défenseur d’une orthodoxie quelque peu assouplie et l’ensemble de cette nouvelle concentration centriste rassemblant  Le Parti Radical ( Valoisien), le plus vieux parti de France né en 1901, Le Nouveau Centre, La Gauche Moderne, Alliance Centriste, Force Européenne Démocrate et d’autres…              

Et le Modem ? Des sédiments insondables dans la société réelle.

Yann Wehrling qui avait rallié en son temps, précipitamment le Modem, avait été promu par Paris mais non confirmé par « la base » dans un vote que de nombreux militants ne tiennent pas pour juste ni sincère. Beaucoup sont partis. Somme toute, cet ancien secrétaire général de Verts devait apparaître comme le thuriféraire, mieux, même comme le procureur au réquisitoire intransigeant, d’un centre (ni gauche, ni droite) rénové, rajeuni et davantage « écologisé ». Malheureusement pour lui et son mentor béarnais, la notoriété contestée parce qu’ancienne et oubliée, pas plus que l’empreinte verte affadie et désormais très largement répandue, n’ont suffi à faire de cet homme jeune, peut-être talentueux, sincère et agréable, un chef de file charismatique dans un contexte alsacien assez suspicieux et circonspect. On lui a trouvé  récemment avant le départ du président François Loos, un job à l’ADEME. Sympa, non ?  Exit le dessinateur pour une candidature UDI/MoDem à Paris, cette fois.

 Episode dramatique sans que le chef suprême prenne soin d’y mette bon ordre. Une secrétaire administrative pouvait prendre le pouvoir car elle disposait des listes, jalousement !

 Dans un terreau aussi favorable, le pseudo-centriste a-t-il pour autant été remplacé par un autre, cette fois un vrai centriste ? Faudrait voir. Le Modem reste un parti de responsables politiques de grand talent, trop peu nombreux certes mais constitué d’une élite de bonne volonté, désormais trop dispersée pour être prise en considération. Des  politologues, des entrepreneurs des radiologues de la vie et de la vie politique, des responsables associatifs  sincèrement investis et tous ceux qui répugnent en ce moment encore  à s’affirmer.  Il y a là sans doute, une erreur de François Loos qui n’a pas tenu à les accueillir « prématurément ». Forts du rappel des scores aux législatives de 2007 et ceux de Bayrou, sans être à même de constituer une liste crédible, ils ont proposé leurs travaux à d’autres qui n’ont pas boudé leur offrande. Il y en aura donc ailleurs.

Une spécialité Alsacienne.

Curieusement, en Centrisme, le rival de François Loos, le plus redoutable sur tous les aspects évoqués plus haut (hormis la bipolarisation au sens strictement politique et encore…) pourrait bien être Philippe Richert, président UMP de la Région dont François Loos est vice-président. Mais il n’est pas candidat. Il est cependant tout aussi convaincu que son collègue Loos, tous deux anciens ministres… de droite, qu’il est radicalement, foncièrement centriste. Une empreinte indélébile dans cette Alsace dont la composante UDF de l’UMP était en effet majoritaire. Erreur originelle ?

Comme candidate cette fois, et de tout premier ordre, vient ensuite s’immiscer dans « l’appellation contrôlée » toujours aussi difficile à cerner, la sénatrice, ex-maire, Fabienne Keller, UMP issue de l’UDF, jadis adoubée par Bayrou puis efficacement soutenue et appuyée par Robert Grossmann futur maire délégué (RPR), dans un tandem-coalition. Certains centristes un peu déçus lui reproche son rapprochement trop rapide avec Sarkozy et certains de ses très proches amis. Elle se dit néanmoins centriste de droite comme, à la vérité, Roland Ries, pourrait très bien se dire centriste de gauche, n’étant pas tenté par la gauche de la gauche. Rose pâle proche de l’orange ? A moins que çà change.

De même les écologistes de Alain Jund pourraient revendiquer aussi leur part de centrisme, à bon droit d’ailleurs en dépit de leur spécificité somme toute très partagée et incontestable. Il y a là aussi des gens capables.

En bref de quoi s’agit-il alors en dehors de ce  positionnement souvent électoraliste, dans un souci de marketing

De la plaine au marigot puis à « l’Alternative ».

 Charisme et rayonnement polyglottes, compétence et expérience, internationale aussi, modestie et fermeté sans arrogance, modération et tempérance dans le respect. Ce serait çà le Centre pour le bon peuple. Choisissez la femme ou l’homme qui réponde à ces exigences et qui sait s’entourer. Oubliez les appareils partisans. Strictement une question de personne.

 On voit qu’on n’est pas si loin de cette bonne vieille Alsace, modérée, pas molle mais douce, tolérante, centriste presque par nature en raison de son histoire tourmentée. Comme chez ses proches voisins d’Outre-Rhin.

Si, comme dans certains partis, les décisions jacobines prises par les instances nationales sont parfois contestées, les questions de personnes sont devenues primordiales au détriment des programmes dont on ne parle quasiment pas encore. Il faudra y venir à l’échelle de la CUS, sans tricher en déviation commode qui égare.

 Dans ceux dont on parle, les plus importants ne relèvent ni de la compétence de la Ville ni de la CUS. Pour le moins, si tant est qu’il faille une troisième voie pour un rééquilibrage de la vie politique française, ce n’est pas dans le centrisme tel qu’il vit actuellement qu’il faut la chercher. Dans le marigot chassent encore quelques crocodiles édentés sous le regard de grenouilles affolées qui coassent inutilement leur désir de « faire de la politique autrement ». Alors ? Ni gauche, ni droite, ni centre ? Quoi ? « L’alternative » ?

 Restent les extrêmes dont nous reparlerons, surtout des républicains.

Ce qui compte, ne serait-ce pas les femmes et les hommes, éligibles et électeurs en démocratie. La société réelle quoi !

 Antoine Spohr

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