Une belle découverte en écoutant l'émission d'Anne-Charlotte Rémond sur France Musique: Pieter Maessens, Kapellmeister à la cour de Vienne au XVIe siècle et auteur, visiblement, de polyphonies polissonnes.
En venant de Lyon, polyphonie à 16 voix, ensemble Huelgas, Paul van Nevel, Harmonia Mundi.
Voici les paroles qui s'entremêlent:
En venant de Lyon/
bon bon bon bon/
Trouvai en un buisson/
Robin et Marion/
Levait son pelisson/
bon bon bon bon/
Mais je ne sais qu'ils font/
Robin a dit à Marion/
bon bon bon bon/
"Voici bien gardé mouton".
Il m'est avis que les dits moutons (notez que Robin est le nom donné habituellement au mouton au Moyen-Age -ce qui a donné le robinet, à tête de mouton-, comme Martin à l'ours, Monet -Simon- au singe, etc.) ont eu le temps de prendre du champ dans le pré, pendant que Robin et Marion faisaient bon bon bon dans le buisson.
Quand au pelisson, pas de doute, c'est un vêtement strictement féminin, en fourrure, un gilet long, sans manches, porté en la chemise (l'unique sous-vêtement des femmes à l'époque) et le bliaud (la tunique unisexe).
Il faut dire que Pieter Maessens, tout Kapellmeister qu'il fut, a eu une vie assez chargée:
Né à Gand, enfant de choeur à la chapelle de l'archiduchesse Margaret, il s'est enrôlé comme soldat de fortune derrière Charles Quint, avant d'être ordonné prêtre sur le tard (35 ans!) à Notre Dame de Courtrai. Maître de chapelle, déjà, il en a été renvoyé pour ivrognerie. Il partit tenter sa chance à Vienne et devient Kapellmeister de la chapelle de la cour de Vienne, où il a écrit de nombreuses oeuvres chorales très compliquées (16 voix!) sacrées comme, on le voit ici, plus séculières.