Rien n'est plus absurde que ça. Censure totale sur la jeune actrice Tang Wei

dans tous les médias, en raison de son rôle controversé dans "Lust Caution", le dernier film d'Ang Lee.
Evidemment, il s'agit d'une décision de la fameuse SARFT (Administration d'Etat pour la radio, le cinéma et la télévision) . Différente des censures précédentes sur des réalisateurs et des films, cette fois, c'est une ordre intérieure. Pas de dossier officiel ni argument précisé.
Si l'interdiction était basée sur l'interprétation de l'actrice dans les scènes érotiques, la SARFT doit prendre quant à elle la responsabilité de les laisser échapper, car le film a déjà subi une amputation de 7 minutes avant sa sortie. Et si l'accusation portait sur son rôle qui "embellit les traîtres au pays et défavorise l'image des martyrs", la SARFT n'a-t-elle pas commis l'erreur de laisser entrer ce film politiquement incorrect dans les salles obscures? Pourquoi cette contradiction avec elle-même? Quelle coulisse derrière cet acte brutal, 5 mois après la sortie du film?
Plus étonnantes sont les réactions des internautes chinois. Suivant les articles du sujet sur de divers sites, les commentaires sont divisés en deux: soutien à l'actrice et l'applaudissement pour la mise sur la liste noir. Les uns se réjouissent de cette mesure nécessaire évitant une dégradation morale dans le milieu cinématographique, car selon eux, la montée rapide de Tang Wei grâce à sa présence osée dans les scènes sexuelles servirait exemple pour les actrices désireuses de faire la réputation. Les autres se contentent de la punition de l'actrice pour son rôle qui atteint leur patriotisme. Cette sensibilité patriotique me paraît peu crédible. Curieusement lorsque je regardais ce film, j'ai été beaucoup touchée par la scène où les jeunes étudiants montaient un théâtre à Hong Kong contre l'invahsion japonaise, au lieu de sentir insulté par la trahision de Wang Jiazhi (rôle de Tang Wei) vis-à-vis de ses camarades résistants.
On a peut-être surestimé la capacité des spectateurs chinois d'accepter de voir publiquement les scènes sexuelles comme celles dans "Lust Caution" et d'en parler, dans un pays où le sexe est depuis des millers d'années la "vice suprême" (aujourd'hui la Chine.com). Mais il est évident qu'une éducation fondamentale est nécessaire pour dévoiler ce mystérieux voile sur le sexe et pour qu'on ne le considère plus comme une vice! Ainsi qu'un système de classement pour adapter les films aux spectateurs de différents âges. A la place d'une censure simpliste et grossière!
Personnellement je ne me crois pas très critique à l'égard de certaines politiques du gouvernement chinois très critiquées par l'Occident, par exemple, en ce qui concerne la démocratie. En tant qu'étudiante à l'école de journalisme, j'ai eu l'occasion de témoigner de près, lors des élections municipales, de la démocratie occidentale qui mérite d'être appréciée. Ceci dit, je ne pense pas que la Chine est prête pour la démocratie occidentale. Il suffit d'imaginer 1 milliard 300 millions d'habitants, dont 80% de paysans avec une grande majorité illettrée qui vont voter! Mais cette fois, en face à cette abérrante censure sur une actrice, je déplore le recul.