Avec un titre aussi accrocheur, ce livre avait une chance sur un milliard de tomber entre mes mains. Et pourtant, à peine ouvert, je ne l'ai plus lâché jusqu'au dernier mot. Tout en savourant le style de Marc Mangin, on prend la mesure de la pollution en Chine en découvrant, sources indiscutables à l'appui, quelles ressources le pays devra surexploiter afin de satisfaire ses besoins énergétiques et alimentaires, si par malheur le Chinois avait cette idée monstrueuse de consommer à l'occidentale.

Certes ses prévisions font froid dans le dos mais l'auteur ne s'appuie pas sur les poncifs habituels. C'est chiffres, exemples historiques et citations à l'appui et en montrant que la Chine n'est pas un pollueur isolé mais bien l'atelier du monde occidental, que Marc Mangin décrypte l'état critique voire apocalyptique de l'environnement chinois. Il explique que la Chine n'est pas totalement irresponsable et qu'elle anticipe les crises, en commençant à produire ses céréales en Afrique par exemple. L'auteur explique aussi pourquoi cette fuite en avant, dans la surproduction, peut être en harmonie avec les valeurs ancestrales de la société chinoise et les ambitions politiques du gouvernement. Un brin cynique, plutôt pédagogue et toujours réaliste, Marc Mangin évoque le chantier des 3 gorges, l'expansion en Afrique, la surproduction automobile, la volonté d'importer des céréales dont l'irriguation, si elles étaient davantage cultivées en Chine, assècherait inexorablement les faibles ressources en eau du pays. Seul hic: pas un mot sur le recyclage des déchets ménagés en milieu urbain, en pleine expansion. Des milliers de travailleurs pauvres sont à l'affût des bouteilles en plastique de leurs compatriotes, pour espérer les revendre au poids aux usines de recyclage.
Chine l'Empire Pollueur. Avril 2008. Marc Mangin, Editions Arthaud, 15 euros