La Shanghaienne aime le clinquant, le bling-bing et les couleurs flashy. Son mec aussi. Depuis un an et demi, à grands coups de buzz et de défilés impromtus, Eno dicte la mode dans la mégalopole. J'ai découvert leur boutique un samedi. Empêtré dans un papier soporifique sur la baisse du yuan, j'avais loupé le concert des Carsik Cars, un groupe de punk pékinois, donné la veille au 4live, une salle "underground" très appréciée des Chinois et suivie de près par quelques jeunes expatriés.

Le lendemain matin, un email atterrit dans ma messagerie, en anglais et en mandarin. "Si vous avez loupé les Carsik Cars, retrouvez les chez nous cet après-midi". Merci Buddha! Sur Changle Lu, dans un ancien atelier de couture reconverti en loft, la boutique Eno ressemble à une agence de designers branchouilles. A l'intérieur, les couleurs acidulées des murs comme des vêtements, sont raccords avec l'allure déjantée des clients souvent jeunes et déjà lookés "fake" de la tête au pied. Accrochés sur une corde à linge qui tourne toute seule dans le magasin, les dernières chaussures customisées, les t-shirts en série limitée, les sweat-shirts s'offrent au regard amusé des visiteurs. Tout est made in China, evidemment mais aussi garanti "commerce équitable"; les bénéfices de certaines séries de vêtements étant destinées, nous dit-on, à des oeuvres caritatives ou des établissements scolaires pour handicapés. Ces beaux vêtements, on les regarde seulement car ils ne sont pas encore à la portée de toutes les bourses. Alors on s'installe sur les estrades et on écoute les musiciens tranquillement, une tsingtao offerte à la main (et j'en profite aussi pour filmer - voir ci-dessous).
Et pendant ce temps là, Eno fait des émules... jusqu'aux Etats-Unis ! Il y a 3 semaines, après seulement 17 mois d'activité, Eno a été convié à un salon international du street-wear à Las Vegas. Leur stand (le seul Chinois) a intrigué et attiré l'attention de tous les exposants. Vous apprécierez les lunettes de Lin Lin, tout droit sorties d'un jeu-video.