Il y a quelques semaines, j'ai rencontré brièvement une jeune femme lors d'une réunion de discussion et d'organisation "pour la Palestine" (je mets des guillemets car il me semble que derrière ce terme de "pour la Palestine" se cache un objectif à la fois plus large et plus précis, plus universel que l'on pourrait le penser : il s'agit de demander à ce que le génocide s'arrête, c'est à dire à ce que cessent le siège, les bombardements et toutes les autres exactions, à ce que le droit soit enfin respecté, les civils et en particulier les enfants enfin protégés, à ce que les droits des Palestiniens soient enfin respectés, comme ceux de tous, et ce dans l'intérêt de tous, en fait).
Cette jeune femme, Sarah, était venue avec un sac à dos, elle avait l'air sportive, elle était accompagnée de son jeune fils.
C'était ma première réunion "pour la Palestine" et nous nous sommes présentés brièvement. Lorsque Sarah s'est présentée, j'ai appris qu'elle avait initié un Run4Gaza (Run for Gaza = Course pour Gaza) à Grenoble afin que tous les dimanches matins, des coureurs et coureuses (et des marcheurs.euses) se retrouvent pour demander la fin du siège, la fin des bombardements, la fin des exactions... J'ai décidé que j'allais ajouter ça à ma routine hebdomadaire.
Le dimanche suivant, Sarah était présente sur le groupe Whatsapp des coureurs, mais elle n'était pas là. Effectivement, je me suis souvenue après coup qu'elle avait mentionné qu'elle serait partie quelques temps. Ce n'est que progressivement que j'ai réalisé que Sarah était partie pour l'Égypte, partie car les manifestations, les réunions et les courses ne lui semblaient plus suffisantes, partie car un génocide est en cours et qu'elle veut l'arrêter, partie avec son sac à dos et son fils de trois ans.
Quand j'ai compris, je lui ai envoyé un message pour exprimer mon soutien et proposer mon aide, bien modeste, pour suivre son voyage. Elle avait déjà un agent pour sa com, avec qui elle m'a mise en contact. C'est ainsi que par messages interposés, nous autres, trois femmes avec responsabilités multiples et enfants -franchement petit chez l'agent de Sarah- avons commencé à communiquer pour que le voyage de Sarah puisse être suivi, pour que sa dimension morale et politique puisse être mise en valeur, pour élargir son impact, pour que sa détermination et son engagement portent le plus loin possible et contribuent à faire trembler les verrous derrières lesquels se meurent les Gazaouis (dont la moitié sont des enfants, rappelons-le quand même encore un coup parce qu'on se demande, quand même, comment c'est possible, cette folie).