Billet de blog 7 mai 2013

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Revue de presse n°48 - Par Stéphane Lhomme

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Observatoire du nucléaire - http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Semaine du vendredi 26 avril au jeudi 2 mai 2013


Vous pouvez aider l'Observatoire du nucléaire : http://bit.ly/LUch0G


Vendredi 26 avril 2013
Tchernobyl + 27 ans : la catastrophe continue...
Nombreux articles : https://www.google.fr/search?q=tchernobyl+27+ans

Rappel étude d'Yves Lenoir publiée sur Médiapart : http://bit.ly/YU0k0D  
Nous voilà donc 27 ans après le début de ce désastre, lequel va continuer pendant des siècles et préfigure le même drame sans fin au Japon avec Fukushima. Le plus horrible est que des enfants, nés dix, quinze ou vingt ans après le 26 avril 1986, rejoignent aujourd'hui l'innombrable cohorte des victimes, reconnues ou, plus souvent, niées par les autorités politiques et le lobby nucléaire.
Samedi 27 avril
Des travailleurs « low-cost » sur le chantier de l'EPR
Article de Marianne :
http://bit.ly/Yk3UWO  
Rappel Bastamag 2011 :
http://bit.ly/hXsH4l  
Rappel France-Soir 2011 :
http://bit.ly/11zUlj4  
Sur le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche), Bouygues exploite des travailleurs polonais recrutés par une agence d'intérim irlandaise basée à Chypre ! Ce sujet a déjà été traité en 2011 par l'excellent Bastamag, mais aussi par France-Soir, mais cette piqure de rappel est la bienvenue pour illustrer ce qu'est le nucléaire hexagonal dans toute sa splendeur.
Dimanche 28 avril
Rejets radioactifs accidentels et opacité dans une centrale aux USA

Article de Gen4 : http://bit.ly/YjoFSm
« USA : la NRC ouvre une enquête "spéciale" à La Salle après les incidents du 17 avril »
La centrale nucléaire de La Salle (Illinois) a été touchée par la foudre, événement qui est théoriquement prévu par la « sûreté nucléaire ». Mais, comme par hasard, rien ne s'est passé comme envisagé, une situation dangereuse a eu lieu avec des rejets radioactifs. L'opérateur Exelon a bien entendu essayé de cacher dans un premier temps cet événement, avant d'en minimiser le déroulement et les conséquences. L'autorité de sûreté des USA, la NRC, annonce une enquête « spéciale ». D'expérience, en espérant toutefois nous tromper, cette qualification de « spéciale » nous fait craindre le pire... pour la vérité. A suivre...
Lundi 29 avril
Avec le nucléaire, on l'a dans... le cou !

Article de Sud-Ouest : http://bit.ly/10NM53L  
« Centrale du Blayais : le salarié avait de la poussière radioactive dans le cou »
Loin de nous l'idée de minimiser la situation de ce salarié qui s'est retrouvé avec une poussière radioactive dans le cou. Mais c'est l'occasion de rappeler que, dans les mines d'uranium, dans les centrales et autres installations nucléaires, d'innombrables travailleurs de l'atome sont contaminés.
Et, bien pire que dans le cou, ils se retrouvent souvent avec des poussières radioactives dans les poumons (après inhalation), ce qui les mène tout droit à un cancer cinq, dix, quinze ou vingt ans plus tard. Et ils s'entendent dire : « vous prétendez que vous avez ce cancer à cause du nucléaire ? Eh bien prouvez-le ! ». L'industrie nucléaire est bien une organisation criminelle, une des pires calamités de tous les temps...
Fessenheim : après l'IRSN, l'ASN défie Hollande (qui se tait)

Article de l'Usine nouvelle : http://bit.ly/ZRwv47  
Dépêche Reuters :
http://bit.ly/18f8DYS  
Après l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN, cf revue de presse de la semaine dernière), c'est l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui défie M. Hollande et sa promesse de fermer Fessenheim « fin 2016 ». En effet, l'ASN autorise EDF à faire fonctionner le réacteur 2 de cette centrale jusqu'en... 2022 !


Mieux (si l'on peut dire) : cette autorisation ne sera effective que si EDF met en ouvre des travaux coûteux, en particulier l'épaississement du radier (la dalle de béton sur laquelle est posée la centrale). EDF va donc se faire un plaisir de réaliser ces travaux « exigés par l'ASN » et dira ensuite : « on ne va pas fermer ces réacteurs après les avoir rénovés » !


C'est cousu de fil blanc (et radioactif), mais la promesse bidon de fermer Fessenheim est le ciment de l'accord politicien entre EELV et le PS, alors les « élites écologistes » font encore semblant d'y croire : l'essentiel est bien de rester ministre, député, sénateur, conseiller régional, non ?
Mardi 30 avril
Précarité énergétique : le coût de l'électricité en Europe

Article de Euronews : http://bit.ly/16j4eaH  

Probablement le meilleur article de la semaine puisqu'on y trouve... le point de vue de l'Observatoire du nucléaire ! Il devient si rare de voir des articles traitant du nucléaire et qui ne donnent pas seulement la parole aux autorités ou aux industriels... Bravo Euronews !
Fukushima, gouffre financier : pas de panique, l'argent public est là !

Dépêche AFP : http://bit.ly/Yj3oYU  
« Tepco subit une nouvelle perte gigantesque »
Avant la catastrophe de Fukushima, l'opérateur Tepco était privé et distribuait généreusement des dividendes à ses actionnaires. Depuis, Tepco a été nationalisé et c'est l'argent public qui couvre les coûts gigantesques induits par la catastrophe... et ce n'est qu'un début.
Le plus étonnant est que les Japonais ne capturent pas ces fameux actionnaires, mais aussi les dirigeants industriels et politiques, pour les découper en petits morceaux à coups de sabres (puisqu'ils n'ont pas la dignité de se faire eux-mêmes hara-kiri : tout se perd !)
Déchets nucléaires : une accumulation exponentielle...

Article de Actu-environnement : http://bit.ly/11TQ1vt  
Connaissez-vous « L'Autorité environnementale (Ae) du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) du ministère de l'Ecologie » ? Bigre, pas facile de s'y retrouver.
Le « Ministère de l'écologie » était autrefois un lieu de résistance où l'on tentait de s'opposer aux multinationales polluantes. Aujourd'hui, c'est le Ministère « de l'écologie, du développement durable, et de l'énergie », et c'est carrément lui qui fait promotion de la pollution (en particulier par le nucléaire)... tout en faisant mine de protéger l'environnement !
Toujours est-il que l'on trouve dans ce ministère une « Autorité environnementale » (AE) qui « donne des avis sur les évaluations des impacts des grands projets et programmes sur l'environnement et sur les mesures de gestion visant à éviter, atténuer ou compenser ces impacts ». Les membres de cette AE sont loin d'être des activistes de la lutte environnementale car nommés par l'Etat.
Ceci dit, on apprend que « L'AE s'inquiète du dimensionnement du centre d'entreposage de déchets radioactifs du Bugey, compte tenu d'incertitudes concernant le programme de démantèlement d'EDF et du dernier inventaire des déchets radioactifs réalisé par l'Andra. »
En effet, le produit du démantèlement de 8 réacteurs dits « de première génération » (arrêtés depuis longtemps), ainsi que de Superphénix, doivent être entreposés « provisoirement » dans une installation (nommée Iceda) prévue dans le site de la centrale nucléaire du Bugey (Ain).
Mais les problèmes s'accumulent... ainsi que les déchets. La construction d'Iceda est sans cesse reportée, et la quantité de déchets concernés régulièrement réévaluée à la hausse. Finalement, c'était plus simple quand le lobby nucléaire jetait ses déchets dans les océans (cf http://bit.ly/c0SQXW ) !!
Les centrales nucléaires à la campagne et l'argent pour EDF

Article des Echos : http://bit.ly/11SA0Y3  
« La chaleur nucléaire pourrait chauffer la France entière »
Nous avons déjà évoqué la tromperie historique des partisans de l'atome qui prétendent produire 45% de l'énergie consommée en France. En réalité, ils utilisent un artifice (la comptabilisation en énergie dite « primaire ») qui permet de compter dans la part du nucléaire toute la chaleur perdue dans la nature.
Or, ce sont pratiquement les trois-quarts de l'énergie nucléaire qui s'échappent ainsi. Résultat, malgré 58 réacteurs, le nucléaire ne couvre en réalité que 15% de la consommation française d'énergie. Et à peine 2% de la consommation mondiale d'énergie : une part infime (dont on pourrait donc facilement se passer) et... inversement proportionnelle au danger du nucléaire.
Confronté à la déconfiture de sa chère (ie : ruineuse) énergie nucléaire, passée en quelques années de 17% à 9% de l'électricité mondiale, et définitivement déconsidérée par le drame de Fukushima, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) prétend que la France pourrait se chauffer rien qu'avec la chaleur des centrales nucléaires... à condition de la récupérer.
Mais aussi à condition de la transporter sur des dizaines voire des centaines de kilomètres, vers les grandes agglomérations car, voyez-vous, les centrales ont été construites à la campagne : c'est là qu'il y avait le moins de monde pour manifester contre la construction de ces véritables bombes.
De tout façon, on note que les dirigeants d'EDF ne sont pas du tout « chauds » à l'idée de récupérer la chaleur de leurs centrales : cela ferait concurrence au lucratif business que constitue le chauffage électrique.
Et tant pis pour les milliers de ménages ruinés par ce mode de chauffage et condamnés à la précarité énergétique. C'est encore une preuve que EDF n'est plus un service public mais bien une mafia atomique, d'ailleurs dirigée par l'utra-libéral Proglio (sarkozyste... mais laissé en poste par Hollande, cqfd).
Jeudi 2 mai
Nucléaire : la Turquie veut un nouveau génocide... par le rire !

Dépêche AFP : http://bit.ly/15ba8v9  
"Areva et MHI bâtiront la 2e centrale nucléaire turque, signature vendredi"

Article du Monde : http://bit.ly/104EaYI

"Le duo Mitsubishi-Areva va construire quatre réacteurs nucléaires en Turquie"

Communiqué de l'Observatoire : http://bit.ly/152xByk
Attention, tenez-vous bien : « Les autorités turques auraient décidé de faire confiance au savoir-faire des Japonais en terme de résistance au tremblement de terre et à la technologie du français Areva. »
Le « savoir faire » des Japonais « en terme de résistance au tremblement de terre » : comme à Kashiwasaki (juillet 2007) puis à Fukushima : quelle blague ! Et « la technologie du français Areva »... si bien mise en application avec l'EPR de Finlande qui devait fonctionner en 2009 et coûter 3 milliards : le réacteur n'est toujours pas fini et la facture a triplé !
De toute évidence, pour fêter le centenaire du génocide arménien, les dirigeants turcs ont décidé de faire un nouveau génocide en faisant mourir des millions de gens... de rire ! Il est vrai que c'est plus agréable que d'être découpé en tranches...
Même si ce sont principalement les Japonais qui ont été sélectionnés, Areva pourrait participer à cette immense plaisanterie, à condition toutefois que le autorités françaises ne prononcent jamais le mot « génocide » alors que l'on approche du centenaire du génocide arménien (1915-2015).
Nous n'aimons pas le nucléaire, mais ça nous gène-aussi-de faire du révisionnisme. Heureusement, comme évoqué à plusieurs reprises (revues de presse 18, 31, 40, 44 et 46), la Turquie annonce depuis plus de 40 ans qu'elle va faire des centrales nucléaires, et les projets sont systématiquement reportés.

Pas de quoi retenir l'AFP et Le Monde (entre autres) pour qui la construction de ces réacteurs est absolument certaine (!), de même que les 375 843 autres réacteurs dont ces médias ont annoncé avec tambours et trompettes la construction "certaine", les annulations ayant au mieux droit à un infime encart quelques mois ou années plus tard...

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Observatoire du nucléaire
http://www.observatoire-du-nucleaire.org

Communiqué du 2 mai 2013
 
 
La Turquie promet d'acheter un réacteur
à Areva pour faire taire la France lors du
centenaire du génocide arménien (2015) !
 
 
En annonçant la commande d'un réacteur à Areva (et son partenaire japonais Mitsubishi), les autorités turques n'ont pas rendu hommage à la prétendue "compétence" de la France  dans le nucléaire : elles ont seulement trouvé un excellent moyen de faire taire les autorités françaises dans la perspective du centenaire du génocide arménien.
 
En effet, il est évident que cette promesse sera immédiatement annulée si les autorités françaises s'avisent de qualifier officiellement de génocide les évènements de 1915 à l'occasion des nombreuses cérémonies et débats qui vont avoir lieu jusqu'à 2015. Cette situation est d'autant plus dérisoire que, même si les autorités françaises se taisent, la centrale en question ne sera probablement jamais construite. En effet :
 
- la Turquie annonce régulièrement depuis 1967 qu'elle va "bientôt" construire des réacteurs nucléaires, projet systématiquement reporté.
 
- le réacteur prétendument "choisi" par Ankara, l'Atmea, n'existe que sur le papier : si par extraordinaire les Turcs achetaient vraiment un réacteur, ce ne serait assurément pas à Areva qui est totalement déconsidéré par le désastre du chantier de l'EPR en Finlande : quel pays voudrait vivre la même chose en commandant à Areva un réacteur jamais construit auparavant ?
 
Par ailleurs, on ne peut que rire - malgré la gravité du sujet - en lisant certaines déclarations assurant qu'Ankara aurait choisi Mitsubishi du fait du "savoir-faire des Japonais en terme de résistance au tremblement de terre" : la "preuve" en a été donnée à Kashiwasaki (séisme de juillet 2007) puis à Fukushima !
 
Une fois de plus, comme c'est par exemple le cas avec l'intervention militaire au Mali pour sécuriser les mines d'uranium du Niger, ou du fait des relations cordiales avec la Chine ou avec les dictatures d'Asie centrale (qui regorgent d'uranium), Paris fait passer la "diplomatie de l'atome" bien avant les Droits de l'Homme. Et ce pour des "succès" commerciaux qui, au final, coûtent de l'argent à la France au lieu de lui en rapporter...

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A la semaine prochaine !
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