Dans l'édition du 3 septembre, K.P. Nayar, un des éditorialistes du quotidien indien de Calcutta, The Telegraph, a rédigé un article assez déroutant et révélateur de l'état d'esprit dans lequel une partie de l'intelligentsia indienne se trouve face au candidat démocrate. Et le moins que l'on puisse dire est que, s'il était citoyen américain, le même Nanyar n'appellerait pas à voter Obama.
L'agacement perceptible dans cet article provient, apparemment, d'une déclaration jugée extrêmement maladroite et faite au cours d'une conférence de presse que Barack Obama a tenue, en Jordanie, à son retour d'Afghanistan, quatre semaines avant sa nomination officielle comme candidat du parti démocrate. C'est dire que la position du journaliste indien a été réfléchie, même ruminée, pourrait-on dire. Que reproche-t-il exactement à Obama ? D'avoir déclaré :"We haven't had a conversation between the Indians and the Pakistanis that has been sustained and meaningful about how they can arrive at a more sensible arranagement between the two countries." Ce qui signifie : nous n'avons pas vu entre Indiens et Pakistanais une conversation qui ait été soutenue et pleine de promesses sur un éventuel accord plus raisonnable entre les deux pays.
Par cette phrase, Obama a donc mis sur un pied d'égalité l'allié indien de longue date et le voisin pakistanais, difficilement contrôlable et pourtant aidé et armé, qui, de plus, est largement soupçonné d'abriter quelques dangereux terroristes, dont, bien sûr, Ben Laden. Depuis ce qui est considéré, en Inde, comme un pas de travers, le candidat démocrate n'est plus considéré de la même manière.
Et le journaliste du Telegraph se lance alors dans une sorte de diatribe entre menace et chantage, fondée sur une idée qui pourrait faire son chemin. A savoir que, comme le parti démocrate vient de choisir un candidat noir, le choix d'un citoyen d'origine indienne, dans les prochaines années, n'est pas inconcevable. Il en veut pour preuve que l'Indian American Leadership Initiative a fait entendre sa voix et ses effectifs, à la dernière convention. A telle enseigne que le candidat malheureux de 2004, Howard Dean, a chanté les louanges des Américains d'origine indienne. Mais c'était lors d'un discours de rassemblement.