Billet de blog 5 février 2016

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En attendant France - Italie, ère Novès, An I : à nos chers disparus

Après une période post-coupe du monde marquée par deux disparitions, celle de Dusautoir du rugby international et celle de Jonah Lomu tout court, comme chaque année, au moment de la Chandeleur, lorsqu'il devient clair que les ténèbres vont finir par céder devant l'astre solaire, notre Tournoi plus que centenaire revient.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après une période post-coupe du monde marquée par deux disparitions, celle de Dusautoir du rugby international et celle de Jonah Lomu tout court, comme chaque année, au moment de la Chandeleur, lorsqu'il devient clair que les ténèbres vont finir par céder devant l'astre solaire, notre Tournoi plus que centenaire revient.

Les ténèbres dans lesquelles nous ont plongés ces deux disparations, d'inégale portée on en conviendra, interrogent quant à la façon dont elles ont été abordées. La glorification et l'emphase mémorielle éclairent les travers de la gonfle 2.0.

L'éclosion de Lomu a correspondu avec l'ère du rugby pro, au point d'en être le reflet métonymique, aussi fallait-il y accorder de l'importance. Mais au-delà de ces aspects médiatiques et commerciaux qu'à apporté Lomu au jeu ?

La réponse tient en 4 petites lettres : rien !

Finir avec 2 ou 3 adversaires sur le dos dans l'en-but correspond assez peu à l'idée que l'on se fait du rugby. La course rectiligne inventée par Lomu est d'une pauvreté insigne en comparaison des arabesques d'antan éclairant le carré vert de l'ovale. Qui a jamais vu Lomu faire autre chose que foncer ? Qui a jamais vu Lomu réaliser une belle passe, un crochet, un geste aérien ? Qui a jamais vu Lomu s'inscrire dans un collectif et le transcender à la manière d'un Carter ou d'un Mac Caw ? Bref, il nous a bourrés Lomu...

Sauf à bosser dans le BTP et avoir une passion cachée pour les gros engins de chantier, on doit bien avouer que le rugby bulldozer de Lomu et de ces épigones nous laisse de marbre. Hélas, 3 fois hélas, Lomu en est à coup sûr l'archétype et l'un des annonciateurs de ce rugby qui "tape".

Le temps des funérailles n'est pas celui de la critique, mais la relation de Lomu avec les Blacks fut loin d'être rose, il faut se souvenir que nombreux de ses partenaires étaient réticents à jouer avec lui, et n'attendaient que la dernière extrémité pour lui passer la gonfle précisément parce qu'il ne correspondait pas à l'idée qu'ils se faisaient d'un jeu basé sur la maitrise technique et l'évitement.

La maitrise technique n'est pas la première chose qui vient à l'esprit quand on évoque Dusautoir. L'une des dernières images que l'on aura de lui au niveau international et ce lamentable en-avant commis face aux Blacks. C'est sans doute injuste, mais la manière dont a été célébré le départ du capitaine de l'équipe de France au pire bilan (un Grand Chlem remporté en 8 ans...) étonne elle aussi.

Dusautoir n'a jamais été qu'un plaqueur-gratteur, certes il excella dans l'exercice mais le magnifier illustre bien les dérives d'un rugby comptable, faisant de la défense le sommet de l'art ovale et plaçant les destructeurs du jeu au-dessus de ses artistes-bâtisseurs ; la revanche du marteau et de la masse sur la truelle et le fil à plomb.

Pour le dire plus simplement,  Dusautoir a toujours été un joueur fruste sur le plan technique et comme capitaine incapable d'enrayer la descente aux enfers de 2011 à 2015 des Bleuxv. Sa décision de se retirer est à mettre à son crédit, elle signifie deux choses : la conscience que la gonfle hexagonale de demain s'écrirait à coup sûr sans lui ; que rien ni personne ne la sortira de l'ornière, la tâche dépasse l'échelle de l'homme.

Mais n'anticipons pas...

Pour l'heure la célébration des figures de Lomu et Dusautoir renvoie à la tendance profonde d'un rugby en voie de rétrécissement par sa dimension binaire : qui fonce et qui plaque.

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