Chose promie, chose dûe et me voilà donc pour rédiger cet article d'édition concernant le match de ce matin...
Je ne vous cache pas que je vais prendre beaucoup plus de plaisir à le faire que je n'en ai pris samedi dernier à rédiger celui de la pitoyable prestation que nous avait offerte l'équipe de France face à celle du Tonga.
Tout d'abord je voudrais adresser un petit clin d'oeil à Ujamaa et Jean-Marie Charron avec qui nous avons échangé cette semaine au sujet de la motivation...
http://blogs.mediapart.fr/blog/ujamaa/031011/gagne
Ainsi qu'à un ami du forum Orange pseudonymisé Nazca (ex Jacfra), fervent supporter de l'équipe de Brive la Gaillarde, avec qui j'échangeais beaucoup quand je hantais les lieux...
Je crois que les joueurs ont entendu nos conversations virtuelles car quel changement en une semaine dans cette équipe qui pouvait apparaitre comme moribonde samedi dernier...
C'est aussi cela la magie du Rugby, c'est qu'on peut nous croire morts et enterrés mais que tout est remis en question le match suivant qui peut permettre la renaissance pourvu qu'on respecte à nouveau les fondamentaux intangibles de ce sport, à savoir l'engagement physique, le respect de ses partenaires de jeu ; entraineurs, co-équipiers, adversaires et arbitres ; ainsi que celui du public et des supporters et ceci sans oublier le plus important :
se respecter soi-même et ne pas se mentir...
Et aujourd'hui force est de constater que les joueurs avaient réussi cette subtile alchimie.
Bon je vous sens tout frémissants d'impatience et je rentre donc dans le vif du sujet, enfin pas tout à fait puisque je vais commencer par les hymnes et une petite digression.
Lors de l'exécution "a capella" (réussie d'ailleurs) des hymnes je sentais les Anglais comme à leur habitude, c'est à dire concentrés sur leur sujet mais les Français avaient dans le regard cette férocité teintée de peur (ou le contraire) qui me fit immédiatement penser qu'ils seraient présents au rendez-vous...
Ce sont des choses que l'on sent parce qu'on les a vécues même si je n'ai jamais eu l'honneur de jouer après l'hymne national, on les sent à ce frémissement des muscles, cette larme qui pointe au coin d'un oeil, ces regards un peu fous et surtout l'energie que l'on devine se ramasser afin d'exploser dès le coup d'envoi...
Il faut avoir senti cette boule de trouille et d'impatience qui nous gagne avant les matchs pour deviner, ou du moins essayer de deviner quelle intensité elle peut atteindre lors de matchs de ce niveau...
La respiration se fait plus courte, l'adrénaline monte, le corps est en attente, le cerveau ferme quelques synapses pour se concentrer uniquement sur le combat et le jeu, plus rien ne compte d'autre et on referme la bulle autour de soi tout en gardant à l'esprit qu'il faudra aussi savoir l'ouvrir à ses coéquipiers pour être efficace dans le jeu...
Un mélange explosif de violence retenue et de lucidité...
Je suis content d'avoir connu ça, même à mon humble niveau et j'envie toujours les joueurs (quel que soit le match que je regarde, international ou au fin fond d'une campagne) de vivre ces moments là.
Bon les hymnes se terminent et là je me rends compte que je suis bien sur TF1 (j'avais pourtant coupé le son) car ça n'a pas loupé, écran pub entre la fin des hymnes et le coup d'envoi !!!
Moi, j'aurais aimé voir les 2 équipes se disloquer et rejoindre leur camp en se défiant du regard, ça me semblait vachement plus intéressant que de voir des pubs à la con et ça m'aurait encore servi à mieux juger de la motivation des Français mais bon, visiblement TF1 s'en fout comme je me fous de leurs pubs que je n'ai pas regardé.
Je signale que l'arbitrage central était confié à l'expérimenté Néo-Zélandais Steve Walsh que l'on ne vit pas trop pendant ce match, ce qui est justement le signe d'un bon arbitrage...
Et c'est parti...
Dès les premières secondes l'engagement physique est maximal ce qui ne me surprend guère et, première impression, la défense Française semble avoir retrouvé des repères.
Elle est en place, agressive et haute, refusant de concéder le moindre mètre aux attaquants Anglais qui, devant ce mur, jouent donc au pied et obtiennent une touche près de la ligne Française.
Lancer Anglais et... Nallet pique le ballon à leur nez et à leur barbe, seconde impression positive, les Français sont dedans et prêts au combat.
Le jeu s'équilibre et ça se rentre gaillard dans le chou, Moody, le capitaine Anglais, laissant d'ailleurs une arcade dans la bagarre...
Les Français arrivent dans le camp Anglais et récupèrent une pénalité sur une faute au sol à 40 mètres en face des poteaux.
Yachvili s'avance et la convertit.
Angleterre 0 - France 3 à la 10ème minute.
Wilkinson enfume le coup d'envoi qui ne fait pas 10 mètres, assez rare chez lui pour être souligné, donc mêlée introduction France au centre du terrain.
Et notre mêlée est stable, ce qui me conforte dans mes premières impressions.
On voit dans ce secteur de jeu l'importance de Mas au poste de pilier droit, Mas qui est sans-doute un des meilleurs spécialiste du monde dans ce rude exercice qui consiste à stabiliser le flanc droit de la mêlée car confronté à supporter l'essentiel de la poussée de la mêlée adverse de par son positionnement entre le pilier gauche et le talonneur adverses.
Il y faut des reins de fer, une mémoire kinesthésique et une intelligence du placement hors du commun et je sais de quoi je parle parce que si vous vous loupez sur l'impact à ce poste, vous chargez grave lors de la poussée, donc...
La rentrée de Mas est donc bénéfique à l'équipe de France, sans faire pour autant injure à Ducalcon qui l'a remplacé durant ses ennuis aux ischio-jambiers, mais Mas, c'est le niveau au-dessus, ça ne se discute pas...
Donc notre mêlée bien stable et tournée intelligemment du bon côté (on le verra plusieurs fois dans le match) permet à Harinordoquy de s'échapper sur le côté droit et d'initier un beau mouvement sur l'aile droite où on voit déjà Médard et Clerc intervenir avec le talent qu'on leur connait et perturber la défense Anglaise par leurs appuis.
On récupère une touche à 5 mètres de la ligne Anglaise qui ne donnera rien, malheureusement, sinon une tentative de drop-goal avortée de Parra.
Médard et Clerc continuent leur numéro de duettistes et sèment la panique dans la défense Anglaise ce qui nous amène une bonne mêlée à jouer à environ 35 mètres légèrement décalés de l'en-but Anglais.
Forte pression Française qui met les Anglais à la faute, ce qui n'échappe pas à l'arbitre.
Pénalité convertie par Yachvili.
Angleterre 0 - France 6 à la 16ème minute.
Je me dis que ça démarre plutôt bien tant on semble maitriser les secteurs importants du jeu et surtout, on domine individuellement sur les impacts mais je méfie de la réaction Anglaise...
Qui ne vient toujours pas, à ma plus grande surprise, sinon de manière sporadique et surtout très approximative (tiens, tiens...) !!!
On continue à dominer en touche et, sur un de ces ballons qui paraissent pourtant anodins, on attaque très franchement le centre du terrain suite à un mouvement dans le zig et un autre dans le zag...
On prend ce centre du terrain obligeant les Anglais à reculer sous la mitraille, on éjecte rapidement vers l'aile gauche où se trouve Clerc, venu de son aile opposée, qui se retrouve avec un peu de champ devant lui mais quand même 3 défenseurs, mal placés car en train de ratisser en reculant certes, mais 3 défenseurs quand même...
Or, Clerc, faut pas lui laisser un mètre de champ et les Anglais vont le constater une nouvelle fois à leurs dépens...
Crochet intérieur tout en appuis et premier défenseur dans le vent, contre-appui en suivant plus un raffut et deuxième défenseur le nez dans le gazon et pour finir le boulot, une toupie (action de tourner sur soi-même sur l'épaule du défenseur, essayez donc de le faire à pleine vitesse) assortie d'une feinte de passe vers l'intérieur et un troisième défenseur mystifié (je me demande si nos 3 amis Anglais ont quand même eu le temps de relever son numéro) et Clerc va pointer imparablement l'essai en coin !!!
Et bien vous m'excuserez du peu, mais un numéro pareil, à ce niveau, c'est la grande classe, la très grande classe, même s'il faut saluer le travail effectué auparavant par ses partenaires afin de lui offrir ce petit mètre d'avance à partir duquel il a pu mettre ses guibolles de feu en route...
Chapeau l'Artiste !!!
Yachvili rate la transformation en coin donc difficile mais quand même dans ses cordes habituellement.
Angleterre 0 - France 11 à la 22ème minute.
Ah tiens, les Anglais se réveillent et commencent à lancer le surpuissant Tuilagi au centre de leur attaque, ce même Tuilagi qui déchire notre 1er rideau défensif mais, heureusement loin de notre en-but ce qui permet à notre défense de le repomper.
Les Anglais commencent à enchainer mais notre défense reste imperturbable, défense dans laquelle Dusautoir et Bonnaire abattent un boulot de Titans, colmatant toutes les brèches éventuelles, découpant de l'Anglais avec une férocité sans-cesse renouvelée et les obligeant ainsi à reculer.
Je pense que ces 2 là vont avoir les épaules très très rouges ce soir mais ils auront toujours moins mal que les Anglais dont certains doivent certainement recompter leurs côtes à l'heure qu'il est, des fois qu'il y'en aurait une ou deux qui soient aux abonnés absents !!!
On met les Anglais à la faute mais loin de leurs pagelles (poteaux) et on choisit d'aller jouer une touche en suivant plutôt que de la tenter...
Choix judicieux puisqu'on la joue à 10 mètres de l'en-but Anglais.
On la capte magnifiquement, on se regroupe, on pousse collectivement et Dusautoir s'échappe dans l'axe, regroupement au centre du terrain, on extrait rapidement et on expédie vers l'aile gauche, passes sur un pas, Palisson déborde, se fait reprendre et donne sur le placage le ballon à Médard accouru au soutien intérieur et qui marque en coin !!!
Action d'école impeccablement jouée, de l'engagement, de la vitesse, les bons choix aux bons moments, bref toute la panoplie de l'intelligence situationnelle chère à Villepreux y passe...
J'ai les 2 bras en l'air, je pousse un hurlement et ma Douce se marre...
Yachvili rate à nouveau la transformation du même endroit que la précédente.
Pas très grave mais il faudrait quand même penser à ne pas laisser trop de points en route, surtout face à ces diables d'Anglais dont la moindre des qualités n'est pas le froid réalisme...
Angleterre 0 - France 16 à la 31ème minute et j'ai quand même du mal à en croire mes yeux...
Les Français sont déchainés, jettent toutes leur forces dans la bataille car les Anglais doutent, ça se voit dans leurs yeux et on le sent très bien quand on joue un match.
Ils essayent donc de tuer le match en mettant définitivement la tête sous l'eau aux Anglais mais bon, en face, ils le savent aussi et ils ne sont pas d'accord avec ce scénario, donc ils profitent de quelques excès de gourmandise (la griserie, agréable mais dangereuse) Français pour remettre la main sur le ballon et investir notre camp...
Heureusement, ils se montrent aussi approximatifs et maladroits que nous la semaine dernière face au Tonga, sauf que là, attention, plus de calculs d'apothicaire possibles, ou tu gagnes et tu reviens la semaine prochaine ou tu perds et tu rentres à la maison...
De plus, notre défense assure dans la tempête et la mi-temps est sifflée sans autres faits notoires.
Angleterre 0 - France 16 à la mi-temps.
Et pub !!!
Je coupe la TV, fais ce que j'ai à faire et en profite pour réfléchir un peu au match...
J'imagine que Martin Johnson (l'entraineur Anglais), en bon ancien 2ème barre qu'il est, va mettre une secouée mémorable à ses troupes, normal et rien de bien nouveau sous le soleil.
Par contre, pour Lièvremont, c'est plus difficile, car l'équipe mène, a effectué une superbe 1ère mi-temps mais a commencé à montrer quelques signes de fatigue (bien normale vu le niveau) en fin de mi-temps...
Il faut donc féliciter mais aussi recadrer les troupes sur ce qui commence un peu à faiblir, et notamment sur la défense au milieu du terrain où l'ami Tuilagi commence à nous faire vraiment mal.
Il lui faut également commencer à prévoir son coaching qui sera primordial sur un match d'une telle intensité physique parce que ça se rentre vraiment dedans gaillard.
On le savait, c'est toujours comme ça avec les Anglais, on y est préparé mais ils sont vraiment physiques, nous rendant environ 7kgs par tête de pipe au niveau des 8 avants et ce n'est pas rien...
Donc, boulot difficile pour Lièvremont mais on le connait, ça a été toujours été un guerrier qui aimait ces matchs à haute intensité physique donc il va savoir gérer ça.
Je reprends d'ailleurs l'antenne au moment où il est interrogé par Califano et il confirme mon impression.
Et le jeu reprends, toujours aussi féroce, les 2 équipes ne voulant plus rien lâcher.
Les Français enchainent au centre du terrain mais Yachvili commet une maladresse, expédiant le ballon directement en touche alors qu'il n'est pas dans ses 22 mètres.
Les Anglais remettent la main sur le ballon et nous poussent à concéder une pénalité que Wilkinson préfère jouer par une touche à suivre plutôt que de la tenter.
Les Anglais gagnent leur touche à 20 mètres de notre en-but, progressent collectivement mais se mettent à la faute...
Mêlée France, ouf...
On souffre de plus en plus sous les assauts inlassables et répétés des Anglais et notamment par l'intermédiaire de Tuilagi qui nous rentre dedans sans-relâche...
Seulement voilà, il y a notre mêlée qui éreinte les avants Anglais, cette fatigue les empêchant d'être présent à temps au soutien de leurs attaquants et comme notre défense se montre extrèmement intelligente sur le jeu au sol, on arrive à grapiller quelques ballons qui nous permettent de désserrer l'étau...
Bonnaire abat encore un travail monstrueux défensivement parlant et repompe régulièrement les attaquants Anglais lorsqu'ils semblent avoir franchi le rideau, quant à Dusautoir, il défend au près et sur Wilkinson, lui réduisant son temps de réflexion, ce qui entraine toutes les approximations Anglaises que l'on peut constater...
Ce qui est dommage c'est que sur quelques ballons grapillés très prometteurs (ce sont souvent les meilleurs), quelques petites fautes font avorter de beaux mouvements Français.
Et le coaching Français commence (pour les Anglais, c'est déjà commencé car ça panique un peu) avec l'apparition de Trinh-Duc en remplacement de Yachvili qui commencait à montrer des signes de fatigue, Parra glissant alors au poste de demi de mêlée pour laisser l'ouverture à Trinh-Duc.
Dans un premier temps, ce changement n'est pas très profitable (mais ce n'est qu'une apparence) puisque les Anglais dominent et enchainent de beaux mouvements qui permettent à leur arrière Foden (le plus talentueux de leurs trois-quart d'ailleurs) de marquer un essai en moyenne position.
Essai que transforme Wilkinson.
Angleterre 7 - France 16 à la 55ème minute.
Et Lièvremont en profite pour effectuer de nouveaux changements, notamment en 1ère ligne où les joueurs ont énormément donné, Szarzewski et Barcella remplacent respectivement Servat et Poux qui ont été énormes d'engagement physique et de force en mêlée...
Quant à Mas, et bien il continue joyeusement à déstabiliser en beauté la mêlée Anglaise qui doit se dire qu'il n'y a qu'en France qu'on peut trouver des piliers droits avec des épaules en bouteille de perrier (pardon pour la pub) aussi emmerdants que l'immense Garuet pouvait l'être à la grande époque !!!
Le jeu reprend avec une nouvelle période de domination Française, qu'on gâche malheureusement souvent par des fautes et l'arbitre avertit Dusautoir que Rougerie (très bon match d'ailleurs) a tendance à un peu trop laisser trainer les mains ralentissant ainsi les sorties de balle Anglaise...
Faites gaffe au carton jaune les gars, pas sur un match de cette intensité physique !!!
Et on continue à défendre, l'engagement physique est hors du commun, chaque impact est un combat qu'il faut gagner, obliger l'adversaire à reculer, ne serait-ce que d'un centimètre (ce fameux centimètre, n'est-ce pas Ujamaa et Jean-Marie ?), Dusautoir et Bonnaire continuent à découper chaque Anglais qui se présente dans leur zone de jeu défensif, voire même ailleurs s'il y a besoin, les volontés sont tendues vers un seul objectif, marquer à nouveau pour les Anglais et défendre son en-but pour les Français...
On arrive encore à grappiller des ballons de contre-attaque mais malheureusement, toujours ces petites maladresses rédhibitoires...
Et on arrive à la 64ème minute pour voir de nouveaux remplacements de part et d'autre.
Pierre remplace Papé en 2ème ligne chez les Français et Banahan remplace Wilkinson pour l'Angleterre, Flood se décalant à l'ouverture.
D'abord, je tiens à saluer le magnifique joueur mais aussi l'homme qu'est Wilkinson car il est fort possible qu'on ne le voie plus au niveau international (quoique...), toutefois on aura la chance de le voir encore évoluer en France avec son club de Toulon.
Je salue l'homme car il s'est toujours montré digne dans la victoire comme dans la défaite, n'hésitant jamais à reconnaitre la qualité de l'adversaire, n'invoquant jamais aucune excuse en cas de contre-performance individuelle ou collective, bref, le vrai Rugbyman Anglais décrit par les images d'Epinal.
Wilkinson est non-seulement un immense botteur et un "match-winner" froid et méthodique (je l'appelais d'ailleurs le Tueur Froid) mais également un joueur complet, sachant attaquer mais surtout défendant avec un courage formidable malgré un gabarit commun face aux monstres que produit le Rugby.
Je ne l'ai jamais vu s'échapper devant quelque joueur que ce soit, offfrant ses épaules à la science, ce qui lui a d'ailleurs valu de longs passages à l'infirmerie, donc je tire ma révérence à ce joueur immense...
Salut l'Artiste et merci pour tout (même pour les fessées-déculottées que tu nous as parfois administré)...
Je me permets une petite parenthèse pour critiquer un peu le choix de Johnson de faire rentrer Banahan, choisissant ainsi d'ajouter du muscle aux muscles de Tuilagi au centre de l'attaque Anglaise...
Parce que le Banahan, OK, ça culmine à 2 mètres 02 centimètres et ça pèse 120 kgs mais ça n'est quand même pas très créatif au centre d'une attaque le Banahan parce que ça fait comme le Tuilagi, ça rentre droit et fort et point-barre et vous ne risquez pas trop grand chose au niveau passe-croisée, sautée, redoublée, allongée ou sur la prise d'appuis...
Alors, qu'il y ait un centre comme ça dans une équipe, pas de problème, mais deux, surtout si on dispose d'un Ashton sur une aile ou d'un Foden à l'arrière qui ont des jambes de feu ?
Cher Johnson, ne vous est-il pas venu à l'esprit qu'au lieu d'essayer de perforer à toutes forces la défense Française, vous pouviez aussi essayer de la contourner, surtout à cet instant du match ?
Visiblement non, ce qui me rassure quand même quelque part sur les Anglais, ils n'ont pas complètement changé contrairement à ce que pouvait nous laisser croire leur match d'il y a 2 ans à Paris où, malgré la courte défaite, ils avaient envoyé du jeu comme jamais, révélant Foden entre autres...
Enfin, tant mieux pour nous...
Le jeu reprend et on continue furieusement à défendre, s'accrochant à tout ce qui passe, récupérant des ballons de raccroc nous permettant de nous dégager et de surtout gagner du temps (espace et temps sont les mamelles du Rugby)...
A la 68ème minute Marty (redoutable défenseur Catalan) remplace Rougerie qui m'a fort agréablement surpris sur ce match, je l'ai assez critiqué pour pouvoir le dire.
Et ça redémarre sur les chapeaux de roues, on impose une grosse séquence aux Anglais, récupérant ainsi une mêlée à 10 mètres de leur en-but.
On sort impeccablement le ballon et on leur impose une bonne vieille séance de petits tas au ras des regroupements (le fameux "pick and go"), c'est un furieux combat au sol, destiné non-seulement à gagner des centimètres (toujours eux) mais à fixer la défense Anglaise, à la forcer à rester au sol et ceci afin de préparer au mieux le drop-goal car les défenseurs ainsi fixés seront considérablement retardés pour monter au contre...
Et ça se passe au mieux, on fixe les Anglais sous et au centre de leur poteaux, le ballon sort pour Trinh-Duc bien placé dans l'axe afin de se sortir de la montée défensive et paf !!!
Drop-goal comme à la parade !!!
Très bien joué techniquement et tactiquement à ce moment du match car ça nous fait 3 points de plus à 8 minutes de la fin du match et il faudra alors que les Anglais marquent 2 essais transformés pour nous battre, ce qui n'est pas si simple aujourd'hui.
Angleterre 7 - France 19 à la 72ème minute.
Dans le même temps Picamoles remplace Harinordoquy au poste de 3ème ligne centre...
Saluons au passage la performance des sauteurs Français dans l'alignement en touche...
Harinordoquy, Bonnaire (encore lui), Nallet, Papé et Pierre (en solutions alternatives pour les 3 derniers) ont dominé largement les sauteurs Anglais et ça aide beaucoup dans la conduite d'un match.
Les Anglais se révoltent et jouent avec l'energie du désespoir envoyant les monstres Tuilagi et Banahan percuter la défense Française mais ça défend intelligemment, montant vite et haut quand il le faut, glissant en poussant vers les touches quand c'est nécessaire, bref du grand art...
Malgré tout on finit par concéder une pénalité que les Anglais ne tentent pas (3 points ne suffisent pas vu le temps qu'il reste à jouer), préférant à juste titre venir jouer une touche près de notre ligne, sur nos 5 mètres très exactement...
Et là, Bonnaire et ses soutiens ont été "Hénaurmes" d'intelligence tactique et physique !!!
Bonnaire a bien décrypté l'annonce Anglaise, demande le saut à ses soutiens qui le soulèvent avec force et précision et chaparde le ballon au nez et à la barbe des Anglais !!!
On se dégage mais ça revient et Banahan, à force d'entêtement, finit par percer notre rideau défensif, les Anglais enchainent bien et marquent en coin par l'intermédiaire de Cueto...
Long moment consacré à l'examen de la vidéo car l'arbitre a un doute mais l'essai est fort justement validé, Cueto aplattisant le ballon dans un 2ème temps sans en avoir jamais perdu le contrôle...
Et Flood enfume la transformation (heureusement pour nous) car, même s'ils marquent un essai transformé, les Anglais ne nous battront pas, mais reviendront juste à égalité ce qui nous pousserait aux prolongations (ce qu'on aimerait quand même mieux pas)...
Angleterre 12 - France 19 à la 77ème minute.
Reste 3 minutes à tenir sous la mitraille Anglaise et ça attaque de partout ce qui nous permet de voir le minuscule Palisson (pas tant que ça mais comparé aux autres...) mettre le monstre Tuilagi en touche alors qu'il lui rend 15 centimètres et 25 kgs, gagnant ainsi un temps précieux...
Heymans remplace Mermoz à la 78ème minute.
Et on fait mieux que se défendre car Nallet récupère un ballon en touche, les avants Français s'organisent pour effectuer un magnifique groupé pénétrant, appelé aussi "cocotte", progressent collectivement démontrant ainsi leur maitrise collective et obligent les Anglais à commettre une faute pour enrayer leur avancée...
Faute que sanctionne l'arbitre aux 22 mètres en coin !!!
Il reste 40 secondes à jouer, on choisit bien entendu de tenter la pénalité, Parra prend tout le temps règlementaire permis pour tenter son coup de pied, temps qui est compté dans le temps de jeu, s'élance, tape fort et...
Rate, expédiant le ballon en dehors du terrain et...
L'arbitre siffle la fin du match car les 80 minutes règlementaires sont écoulées !!!
Angleterre 12 - France 19 !!!
Et nos sommes qualifiés pour les demi-finales de la CM 2011 !!!
Demi-finale qui nous opposera la semaine prochaine au Pays de Galles qui a battu sans coup férir l'équipe d'Irlande avant notre match...
J'ai d'ailleurs visionné la 2nde mi-temps du match et je pense que ça sera plus dur que contre l'Angleterre car l'équipe de Galles est beaucoup plus inventive sur le terrain.
Elle est dotée d'un superbe demi de mêlée, alliant physique et intelligence de jeu, ainsi que d'une ligne de trois-quart rapide et créative et si vous ajoutez à ça une 3ème ligne très mobile ainsi qu'un cinq de devant très convenable, autant dire tout de suite "qu'il ne faut surtout pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué"...
Surtout que nous Français, en bons Latins que nous sommes, autant nous sommes capables de nous sublimer après une cuisante défaite (on l'a d'ailleurs montré une fois de plus aujourd'hui), autant nous sommes capables de nous voir plus beaux que nous sommes et retomber aussi-sec dans nos travers donc...
Méfiatre !!!
Mais je compte sur Lièvrement et son staff pour bien recadrer tout ça et indiquer aux joueurs que le plus dur reste à faire, joueurs qui en semblaient d'ailleurs conscients lors des interviews d'après-match.
Disons que je méfie de l'environnement et surtout des journalistes sportifs, prompts à dézinguer mais tout aussi rapides à encenser plus que de mesure, donc...
Je rajoute rapidement que je ne crois pas une seconde les joueurs ou les membres du staff lorsqu'ils nous affirment la main sur le coeur devant les caméras qu'il n'y a jamais eu de problème dans ce groupe...
Il y en avait, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais ils les ont règlé...
Comment ?
On s'en fout, l'important est qu'il l'ait fait...
Et j'ai eu le plaisir de regarder un excellent reportage après la chronique "Mon oeil" (excellente aussi la chronique consacrée à Steve Jobs) de Michel Mompontet sur France 2.
Reportage consacré à l'équipe de France féminine de Rugby à XV qui m'a permis de mesurer l'écart de moyens consacrés aux unes (elles) et aux autres (eux) par la Fédération Française de Rugby et donc le courage qu'il faut à ces filles pour pratiquer leur sport favori en bossant à côté...
Chapeau Mesdames et Mesdemoiselles (et merde à la nouvelle mode consistant à ne plus utiliser le terme "mademoiselle")...
En plus, en fin de reportage, lors d'un match de ces Dames disputé à Bourgoin-Jallieu contre les Galloises, que vois-je apparaitre sur mon poste de TV en train de se faire tirer le portrait avec une des joueuses ?
La tronche d'un bon copain à moi avec qui j'ai joué en fin de carrière, que j'ai entrainé par la suite et que j'avais vu dernièrement à l'inauguration officielle des tribunes de notre club formateur (on avait d'ailleurs joué un match d'Anciens à cette occasion et éclusé aussi quelques godets) !!!
Bon, rendez-vous à la semaine prochaine et n'oubliez pas :
ALLEGRIA !!!