Chaîne de l’espoir: Appel d’une ville assiégée
- 8 nov. 2013
- Par ASML
- Édition : Paroles syriennes

Déraya – ville symbole de la non-violence syrienne
En ce début de novembre 2013, le conseil local de la ville de Déraya a organisé une campagne intitulée : « Déraya, une histoire d'espoir ». Parmi les différentes activités organisées dans le cadre de cette campagne, l’une d’elles, « chaîne d’espoir » a vu des dizaines de femmes et d'enfants de la ville sortir dans la rue pour former une chaîne humaine. Défiant les bombardements quotidiens, ils se sont rassemblés en brandissant des pancartes décrivant leurs souffrances quotidiennes et appelant au lever du siège de la ville qui dure depuis près d’un an. Cette chaîne est tout autant un appel au monde, qui semble l’avoir oublié, qu’un sursaut d’espoir d’une population harassée et désenchantée après deux ans et demis de conflit.

Tout au long de cette chaîne humaine, les habitants de Déraya brandissent des pancartes en arabe et anglais exprimant leurs souffrances quotidiennes. Ils demandent ainsi l’arrêt de l’encerclement et du blocus de la ville, l’arrêt des bombardements, l’ouverture de couloirs humanitaires et la réouverture des écoles.
Alors que la révolution de mars 2011, se distinguait par les actions non-violentes et l’ingéniosité et la créativité d’une société civile dynamique, ce genre d’actions se fait malheureusement de plus en plus rare en Syrie. C’était pourtant Déraya, quartier situé à la périphérie de Damas, qui se démarqua dès les débuts des années 2000, et plus encore après le début de la révolution, par le dynamisme de sa société civile. Disciples spirituels du cheikh Jawdat Saïd, qui a prôné pendant des décennies la non-violence, de nombreux jeunes de Déraya se sont fait connaitre par leur pacifisme militant et subversif. En 2002, ils organisent ainsi une campagne citoyenne et balayent les rues de la ville, dénonçant de manière indirecte l’inefficacité des services publics, dans un pays ou toute critique est passible de prison ou de mort. Ils lancent ensuite une campagne anti-corruption par la distribution de calendriers, et essaieront plus tard de monter une bibliothèque.



Peu de temps avant de mourir sous la torture, Ghiyath Matar, célèbre militant de Déraya écrivait : « Nous avons choisi la non-violence, non pas par manque de courage ou de faiblesse, mais par conviction. Nous ne voulons pas d'une victoire par les armes qui détruirait au passage le pays entier. Nous voulons y arriver par la force morale, et c'est pourquoi nous tiendrons cette ligne jusqu'au bout. »
Vous pouvez retrouver plus d’information sur le mouvement pacifique de Déraya dans l’article d’Isabelle Mayault, « Deraya, berceau du pacifisme en Syrie », les deux articles de Caroline Donati: « En Syrie, l'armée d'Assad massacre les habitants qui n'ont pas pu fuir Daraya » et « Syrie : le récit du massacre de Daraya », dans celui de Razan Zeituneh « One Revolution is not Enough », ou encore celui de Mohja Kahf « Choosing Non-violence in Deraya ».
Armand Hurault
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