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Billet de blog 26 septembre 2008

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La Rentrée Culturelle à Bruxelles

Le démarrage de la rentrée culturelle à Bruxelles se fait à grande vitesse. Déjà nous sommes totalement décoiffés par le grand nombre de sollicitations pour se divertir et/ou réfléchir en dehors de chez soi. Mais dans un pays ou la politique continue à tourner en rond, ou plus exactement autour de son nombril, c’est très bien.

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Le démarrage de la rentrée culturelle à Bruxelles se fait à grande vitesse. Déjà nous sommes totalement décoiffés par le grand nombre de sollicitations pour se divertir et/ou réfléchir en dehors de chez soi. Mais dans un pays ou la politique continue à tourner en rond, ou plus exactement autour de son nombril, c’est très bien.

D’abord, fin aout, Les Brigittines nous ont mis « à côté de l’abîme » avec son festival annuel dans ses chapelles jumelles – un mélange de danse et performance qui regroupe des artistes toujours prêts à affronter le danger en se réinventant à chaque création L’Israélien Yasmeen Goddar, par exemple, possède un vocabulaire chorégraphique très épuré, réinvesti d’émotion presque expressionniste, chose qui semble, aujourd’hui après la vague de la danse dite « conceptuelle », une révolution ! En même temps Le Kaaitheater lance sa nouvelle saison avec deux weekends « Shuffle » très intenses, montrant des avant-goûts des spectacles qui auront lieu pendant l’année. On pouvait aller de chez Anne Teresa de Keersmaeker qui présentait son solo, Keeping Still, créé en collaboration avec la plasticienne Ann Veronica Janssens dans le sud de Bruxelles (un théâtre + 9 studios qui abritent la Compagnie Rosas, l’école de danse PARTS, et Ictus, un ensemble de Musique contemporaine) jusqu’au nord – un terrain désuet appartenant au chemin de fer Belge où, assis en dessous d’un pont, à l’abri de la pluie, on assiste à un spectacle terriblement troublant de la Compagnie Dakar où les figures dans le lointain commettent des actes atroces, qui semblent, dans cet endroit dévasté et morne, presque attendus, inévitables. Le tout en empruntant des vélos gracieusement offerts par le théâtre, après avoir gringotté au « fish bar » sur la terrasse du théâtre installé en face du canal. C’était le seul weekend où il faisait vraiment beau de tout le mois d’août et, malgré la gravité de certains spectacles, l’ambiance frôlait l’euphorie !

On continuait la semaine suivante avec une manifestation politico/culturelle qui sortait des sentiers battus car Bruxelles, comme la Belgique, est souvent trop préoccupée par ses complexités intérieures pour regarder d’autres horizons. Mais le Interdependance Day Forum, organisé encore par le Kaaitheater en impliquant une trentaine d’autres lieux et associations culturelles visait plus loin. A l’initiative de l’écrivain americain et ex conseillé de Clinton, Benjamin Barber, connu par un grand public pour son best seller Jihad vs McWorld, le 12 septembre, le jour après les attentats contre les twin towers, bâtissait maintenant« interdépendance day » et célébrait par une série de conférences où la nécessité de reconnaître l’ « interdépendance du monde » est débattue en long et en large pendant plusieurs jours par des invités internationaux. A Bruxelles, la ville hôtesse de 2008, les invités étaient mélangés avec un public local et ils avaient aussi droit à des spectacles. La plus belle journée était celle des Spoken Walks. Nous étions guidés par quelques résidents et ex-résidents de Molenbeek qui nous racontaient leur histoire avec la commune, devenue celle avec le plus grand taux d’immigration, surtout marocain avec, tous les jours, devant l’impressionnante église catholique art nouveau, le marché de Molenbeek, c’est Marrakech tout craché avec une toile de fond surréaliste comme seul on sait faire à Bruxelles. Pour les Spoken Walks le soleil brillait aussi. (Nous serions plus heureux à Bruxelles si le climat reflétait son tempérament – c’est à dire méditerranéen.) Le même soir tout le monde se retrouvait pour un dîner de Ramadan. Les conférenciers mangeaient coude à coude avec les gens venus là pour simplement goûter le repas. Et même sans alcool le niveau de bruit des conversations animées montait, au point où la chanteuse arabe ne pouvait plus se faire entendre. Parfois ça fait du bien que les théâtres n’ouvrent pas seulement leurs portes, mais sortent de chez eux aussi pour regarder le vrai monde autour.

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