Billet de blog 6 février 2012

ibn-nanard (avatar)

ibn-nanard

Lecture-écriture à Damas

Abonné·e de Mediapart

Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja.(3)

ibn-nanard (avatar)

ibn-nanard

Lecture-écriture à Damas

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja.

Sur le marché, un camelot propose pour deux pièces d’argent un oiseau aux merveilleuses couleurs, rouge, vert, jaune, bleu.

- Et surtout il parle, précise le marchant dans son boniment.  Il est capable de répéter tout ce qu’on lui dit. Achetez l’oiseau des îles! Qui veut l’oiseau des îles?

Toute la matinée cette rareté provoque un grand étonnement parmi les chalands, mais personne ne l’achète : on trouve son prix trop élevé, et le marchand ne veut pas en rabattre.

Le lendemain c’est au tour de Nasr Eddin de se présenter sur le marché, avec un dindon, qu’il a installé sur un perchoir, un dindon tout noir qu’il a pris dans sa basse-cour, et pour lequel il ne demande pas moins de trois pièces d’argent! 

Est-il devenu fou? A moins qu’il ne prépare encore quelque coup à sa façon...

- Explique nous ce mystère, finit par lui demander un homme devant les curieux assemblés. Comment peux-tu espérer vendre un dindon à un tel prix, alors que pour la même somme on peut avoir un troupeau tout entier?

- Ne discute pas, ignorant! Si l’oiseau d’hier valait deux pièces d’argent, le mien en vaut bien trois. Je ne baisserai pas mon prix d’un aktché.

- Ta plaisanterie est de mauvais goût, Nasr Eddin. L’oiseau que nous avons vu hier est une merveille. Il parle. 

Justement, répond Nasr Eddin, justement! Mon dindon, lui, fait bien mieux!

- Ah! Et quoi?

- Il pense.

Nasr Eddin aime bien se rendre à la maison de thé, où l’on peut bavarder avec amis et connaissances tout en sirotant son thé.

- Vous ne me croirez pas, lance-t-il un soir, mais en vieillissant j’ai conservé la même force que dans ma jeunesse. Je n’en reviens pas moi-même.

- Ce n’est pas possible, Nasr Eddin, tu te vantes. Depuis quand une vieille haridelle montrerait-elle la vigueur d’un jeune étalon? 

- Telle est pourtant la vérité.

- Prouve-le.

- Tenez : vous connaissez l’énorme meule de pierre que j’ai derrière ma maison? Eh bien, dans la force de mes vingt ans, je n’arrivais pas à l’ébranler.

- Et alors?

- Et alors aujourd’hui je n’y parviens pas d’avantage, c’est vous dire!

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.