Billet de blog 9 février 2012

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Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja.(4)

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Telle est la folie de l'homme, ne pas reconnaître la misère où il est enfermé, la faiblesse qui l'empêche d'accéder au vrai et au bien; ne pas savoir quelle part de folie est la sienne. Refuser cette déraison qui est le signe même de sa condition, c'est se priver d'user jamais raisonnablement de sa raison. Car s'il y a raison, c'est justement dans l'acceptation de ce cercle continu de la sagesse et de la folie, c'est dans la claire conscience de leur réciprocité et de leur impossible partage. La vraie raison n'est pas pure de toute compromission avec la folie, au contraire, elle se doit d'emprunter les chemins que celle-ci lui trace. (Michel Foucault)

Nasr Eddin croise dans la rue une bande de chenapans qui lui ont infligé plusieurs fois des plaisanteries de mauvais goût et il aimerait bien leur donner une petite leçon. Il leur lance au passage :

- Que restez vous là, les enfants, à ne rien faire? Vous ne savez donc pas que la femme du cadi organise une fête pour tous les enfants de la ville?

- Comment te croire, Hodja?

- Que la barbe me tombe si je ments! Je vous conseille de vous dépêcher sinon il ne va rien vous rester du goûter.

Aussitôt les gosses se mettent à courir tant qu'ils peuvent vers la maison du cadi en poussant des hurlements de joie.

- Et si c'était vrai? s'exclame Nasr Eddin en les voyant aller avec tant d'enthousiasme. Par Allah! Il faut que j'aille y voir moi aussi.

Et le voilà parti, joyeux comme un enfant.                                                                                                                  

Nasr Eddin marche en compagnie d'un derwiche errant.

- As-tu trouvé la voie qui va te conduir au salut? lui demande-t-il.

- Que t'importe! lui répond le derwiche avec mépris. Je suis si détaché de tout que je ne pense jamais à moi mais seulement aux autres.

- Dans ce cas, tu es un saint, commente le Hodja.

- Et toi, es-tu parvenu à ce degré?

- Non, ma voie est juste à l'opposé de la tienne, c'est celle du sage : je suis si impartial que je me regarde comme si j'étais un autre, et c'est pourquoi je m'occupe exclusivement de moi. Tiens, pour nous parfaire chacun dans notre voie propre, donne moi donc ce gros pain qui gonfle ta besace.

Pour finir ce verset des Proverbes (8-30-31) : "La Sagesse dit qu'elle était à côté de Dieu pendant la création:"Et moi je fus ses joies, jour après jour, riant avec lui en tout lieu. Riant dans le monde sur la terre."

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