
Images sautillantes des vieux films noir et blanc, sur les plis d’un grand drap mal tendu, dans le réfectoire ou sous le préau.
C’était le temps de l’internat. On nous projetait des films, le samedi soir. La vie de Roberto Benzi, avec Roberto lui-même dans le rôle-titre. Dieu est mort, de John Ford, avec Henry Fonda et Pedro Armendariz. Ben Hur, le peplum biblique de Fred Niblo, avec Ramon Novarro, tourné en 1925. Bien d’autres encore, qui montraient de belles héroïnes fort sages et des aventuriers fringants et chevaleresques.
Souvent, des cris accompagnaient l’action. Mais lorsque deux visages faisaient mine de se rapprocher, le silence tombait soudain. Alors, le professeur de latin, promu projectionniste, interposait son béret, le temps du baiser...
Aujourd’hui, je cherche, je fouine, je me ruine pour acheter sur le net les DVD de tous ces vieux films. Histoire de récupérer, petit plaisir longuement ajourné, tous ces baisers volés.