D’un simple dimanche faire un jour de fête.
Ils ne sont plus très jeunes. Ils commencent même, lentement, à prendre de l’âge. Mais ils n’hésitent pas, quelquefois, à bousculer un peu le calendrier. Hier encore, près d’un mois après les fêtes, elle a mis en route trois nouvelles fournées de bredlas, ces sablés alsaciens qui sentent si bon Noël.
A onze heures, ce dimanche matin, il a sorti deux assiettes du service de Goussaincourt (pour elle, le grand-père avec sa faux ; pour lui, la grand’mère tricotant près de l’âtre). Il a posé sur chacune deux bredlas, une figue, un pruneau.
Le champagne a pétillé dans les grandes flûtes, et dans ses yeux à elle. Ils ont trinqué, échangé un petit baiser pointu, puis laissé fondre sur la langue – religieusement – le foie gras serti dans la gangue sucrée des fruits. Mânes de Lucullus et d’Epicure ! Délices de Capoue !
Par-dessus les flûtes, une nouvelle fois levées, ils ont souri, complices. A ce moment-là, ils ont eu une pensée pour vous, amis lointains... et si proches!