Il était 2 h la nuit dernière lorsque son téléphone a sonné. Une sonnerie inespérée mais tant espérée. Au bout du fil, la vie.
Dans les heures qui ont suivi, tout est allé très vite : le sac, prêt depuis si longtemps, puis l’ambulance jusqu’à l’avion qui l’attend dans le petit aéroport de province, l’atterrissage à Paris, une nouvelle ambulance et enfin l’hôpital. Les heures sont comptées, pas une minute à perdre. A 7 h, au petit matin, l’opération a débuté. Une greffe cœur-poumons. Et un nouveau souffle, une nouvelle vie pour cet homme de 39 ans, atteint de ce que l’on appelait autrefois la maladie bleue.
Depuis son inscription sur la liste des personnes en attente d’une transplantation, il n’avait pas cessé ses activités, même avec le souffle court ou la difficulté de plus en grande de monter des escaliers ou de marcher quelques centaines de mètres. Sa perception de la vie s’était modifiée aussi. Il disait vivre chaque jour comme le dernier, profitant de toutes les heures, de toutes les rencontres, de tous les échanges. Il avait une conscience aigue de cette épée de Damoclès qui pouvait à chaque instant trancher le fil de sa vie.
J’ai appris ce soir la nouvelle de sa transplantation et je suis tant émue. Je pense à la fois à la famille du donneur qui est dans la perte d’un être aimé, et à cet homme qui recouvre la vie grâce à ce cœur et à ces poumons. Ces mots sont pour lui. Pour ce nouveau souffle qui lui est donné. Pour cette vie qu’il reçoit et avec laquelle il continuera sans relâche de distribuer les richesses.