L'orage

Quand l’orage gronde derrière la vitre, elle se réjouit du ciel enflammé et des folles bourrasques. Elle guette le ruissellement des eaux qui nappent les trottoirs et enroulent les feuilles en vives cabrioles.

Enfant, de la fenêtre de sa chambre, elle observait l’interminable glissement des gouttes de pluie le long des fils électriques de la rue. Aujourd’hui, les fils sont enterrés et les petites funambules du ciel n’ont plus guère d’endroits où se percher. Mais elles lambinent parfois sur les chaises d’un balcon, sur un séchoir à linge ou les antennes des voitures.

Dès que l'orage cesse, elle sort sur la terrasse qui s’ouvre vers le jardin. Le tourbillon des parfums de terre mouillée la chavire, comme une sueur de corps aimé. Du bout de l’index, elle cueille quelques gouttes brillantes et mouille ses lèvres de ce nectar des dieux.