Depuis trois jours, sur le chemin du travail, je croise un ours. Matin et soir, il est là, dressé sur son séant, une patte tenant fermement un ourson sur son flanc et un sourire affiché qui ne faiblit pas. Sur le petit muret, il attend. Et sa constance interpelle les passants qui lui sourient à leur tour sans oser l’approcher.
A son abord, les regards des promeneurs se croisent et se racontent en silence l’histoire de cet ours en peluche posé sur le muret. Peut-être est-il tombé de la poussette d’un enfant qui dormait, peut-être a-t-il fugué pour courir le monde ou encore s’est-il décidé à sortir du carton d’une cave en quête d’une nouvelle frimousse qui le chérira ? Nul ne le sait mais en marchant dans cette rue, pendant quelques instants, chacun invente dans sa tête l’histoire de l’ours sur le muret de pierre.
J’aime le croiser alors que je vais travailler ou que je rentre à la maison, sa présence pleine et silencieuse me fait du bien, réveille des onces de tendresse dans ces journées de travail acharné. Tous les jours l’ours est là, il attend et les passants sourient. Ce matin, je me disais qu’il serait sympathique, de temps en temps, de mettre des ours en peluche au coin des rues.