Quand je suis dans un bouchon, en double file, ou à l’arrêt d’un feu rouge, j’aime regarder l’avant-bras gauche des hommes. Ceux qui sont dans la voiture d’à côté, sur ma droite, juste un peu en avant de la mienne.
Cette seule partie de leur corps m’émeut, m’attendrit parfois. D’abord il y a la main, posée sur le volant, le verrouillant dans les doigts ou le laissant coulisser librement, avec cette touche de fermeté esquissée dans le poignet. Une maîtrise tranquille, voire flegmatique, qui remonte dans cet avant-bras gauche que je contemple.
Je le préfère les jours d’été, dénudé, quand il se révèle sous une manche de chemise repliée et qu’il offre au regard un duvet ou une broussaille qui suscitent l’émoi.
Ces hommes, je ne vois pas leur visage, mais leur avant-bras gauche est tellement bavard.