Peut on dire que le don est un système économique comme le marché en est un autre ? Si cela n'est pas le cas, comment peut il former une avant garde artistique ?
En disant cela je manque certainement de prudence, mais le don ne peut selon moi caractériser un système économique. Certain-e-s objecteront qu’il est difficilement séparable des stratégies déployées par le marché, et pourtant. Une donation transforme la personne qui la réalise. Souvent, même si les trois moment “donner/recevoir/rendre“, se confondent en un seul, le contre don est pourtant souvent bien rendu. Pas forcément sous un aspect matériel, mais de manière à régénérer l’habitude. La valeur relationnelle du don, non quantifiable et implicite, échappe au critère fondant le marché ou l’exprimé et le signifié se doivent de correspondre.
Le jeu proposé par le don correspond justement à cette possibilité intrinsèque à sa bonne réalisation, puisqu’il doit comporter le risque de ne pas voir apparaître de contre don. Il comporte une possibilité de perte, une incertitude, une indétermination. Cela constitue un apprentissage des flux constituant l’existence.
De quelles manières don et avant garde peuvent il bien être liés ?
En tant qu’échappant à la production de relations, et de leurs représentations. Je n’ai pas dit qu’il s'agit d'un comportement antisocial. Mais qu’il faut en rester un usager instantané, plutôt qu’un producteur représentant. Si l’on souhaite concevoir une alternative au mythe de la nécessité de produire, il nous faut redevenir usagers de nous même plutôt que sortir de soi, pour soi, et se produire.
Cette forme d’avant garde rompt avec l’anticipation. Mais, n’est ce pas la son principal caractère, d’être en avance ? Être en avance, c’est justement cesser de vouloir anticiper ce qu’il faut produire. Et cela rompt avec notre tradition techniciste.
La définition de l’avant garde serai alors à revoir, et rendrai alors le plus anonyme d’entre nous artiste, ce qui chargerai d’un sens nouveau l’adjectif “populaire“. Est ce que cela forme un nouveau type de modèle ? Sommes nous en train de passer d’un modèle singulier et unique à un autre, quelconque ?
Cela serai sans doute à reformuler et à développer avec l’aide de Giorgio Agamben, celle de Sandra Laugier et de Nicolas Bourriaud.