Partant de divers faits relatant des évasions d’internés en hôpitaux psychiatriques, je voudrais soulever une interrogation concernant ces institutions. Ce qui je pense reste à déterminer vis à vis de ces cas d’évasions relève autant de ce qui se passe à l’intérieur que de ce qui se passe à l’extérieur de ces structures.
L’on pourrai se pencher sur les rites d’interactions nécessaires visant à reconnaitre des sujets au sein d’une communauté. Et penser qu’à partir du moment ou le patient cesse de communiquer avec les éducateurs spécialisés et n’est plus qu’en contact avec le personnel soignant, il est difficile de déterminer ce qui le maintient dans son statut d’individu. En effet, nous ne sommes qu'individu vis à vis d'un autre, et si celui ci ne parvient pas à nous reconnaître de la sorte, nous ne devenons alors qu'une simple charge de travail sans singularité. En tant que tel, ce qui peut éviter de faire trop rapidement chuter les capacités de tel ou tel patient tient dans la relation entretenue avec le personnel éducatif. Nous ne pouvons cependant ne pas faire de lien entre le rôle de l’institution comme dispensatrice de savoir.
Malgré les critiques que nous pouvons adresser au rôle normatif et biopolitique des dites institutions, nous ne pouvons tout de même que rester en alerte sur un point. Selon le savoir qu’elle dispense, l’institution permet tout de même de constituer une altérité entre personnel éducatif et patient, à l’inverse d’une considération du patient comme charge de travail.
L’altérité pouvant être produite par ces institutions vis à vis de leurs patients tient sur le mince fil de la nécessité de faire. Une nécessité de faire (charge de travail) trop importante fait basculer le sujet au rang d’objet en tant que finalité d’un processus mettant en œuvre un savoir hyper spécialisé. Pour être bref, le rôle de l’éducateur tient aussi dans sa capacité à établir un dialogue avec ce qui n’est pas vu, pas pensé, pas produit dans l’institution. Tout cela est, d'un certain point de vue, inutile pour tout planificateur souhaitant juguler et normer de manière efficiente le travail. Cette efficacité recherchée se réalise au détriment d'une relation indispensable jusqu'ici considérée habituellement comme inutile. Est en lumière dans le cas présent une forme de savoir spécialisée et structurée, visible sans aucun doutes dans la normativité pouvant être opérée par l’hôpital psychiatrique. Lorsque celui ci exerce un pouvoir biopolitique par le biais du personnel soignant ne pouvant pas établir de réelle interaction faute de temps.
La question se situe au niveau de la spécialisation du savoir, et de ses liens avec les différentes qualifications de la nécessité. Celle ci est toujours réévaluable suivant les différentes approches, suivant les différents points de vue. Dans notre cas nous pouvons constater qu'une relation habituellement conçue comme inutile est nécessaire, indispensable.
Considérer les patients en tant que sujets permet d’améliorer les conditions de leur enfermement lorsque divers savoirs permettent de repenser ce qui est à l’extérieur de l’hôpital. Un savoir particulier, lorsqu’il est hyper spécialisé, exploité à outrance, favorise des cas d’évasions, faisant suite à la non reconnaissance d’autrui.