Que faut-il mettre dans cette édition ?
Cette question est-une question philosophique en soi. Elle s'impose par le vide et le silence assourdissant d'une édition qui fut l'une des premières créées dans le club médiapart. Il semble que la communauté des abonnés,dans son entité d'ensemble, soit confronté au syndrome de la page blanche, toute consciente qu'elle est, qu'il est inconcevable qu'une telle édition n'existe pas.
C'est qu'il fallait oser. Et j'ose. Et croyez bien qu'il m'en coute. Oser le titre de philosophe quand j'ose écrire dans cette édition, alors même que je ne suis qu'un amateur des cafés philo, un lecteur à peine assidu de quelques auteurs renomés. Au nom de quoi, je m'annoblirais de la sorte. A l'occasion, dans d'autres éditions ou blogs ou en formulant des commentaires, tout autre que moi s'exerce à la pensée, à la confrontation, au dialogue, décomplexé par un cadre moins impressionnant. Et le vide venait de là ! Oser la philosophie, oser le mot, oser le rôle confisqué, très justement, par ceux dont penser est le métier, que dis-je, l'essence, la vie.
L'enfer, c'est les autres. Le concept de Sartre s'éclaire à la lumière du support internet. J'ose écrire sans pseudo et je me confronte à la honte éventuelle d'être mis à nu. Je ne serais pas suppris par le regard de l'autre, à me curer le nez, à regarder par le trou d'une serrure mais je risque bien de ne pas être à la hauteur. Tant pis j'ose...
J'ose ne plus être que consommateur. La philosophie est à la mode: « philosophie magazine », « le monde des philosophes », « les hors-série du point » et je sais me délecter de cette mode, en nourrir ma spiritualité. Une fois que tous les dieux sont morts, qu'on a déserté les églises, il ne nous reste plus qu'à comprendre. Comprendre, un tout petit peu, chaque jour, du Kant, du Sartre, du Montaigne, trois lignes, rien, c'est ma religion, ma spiritualité et Camus dirait que cette absurdité du monde, cet inexorable réchauffement climatique n'est rien à côté de la beauté que je frôle ainsi du doigt. Cela aurait du me suffir, mais non, j'ose, l'égocentrisme !
Le paradis, c'est les autres. Alors je t'attends car il faudra bien que toi aussi, tu oses ! Tu ne vas pas me laisser seul au milieu de ce désert. Les sujets te manquent ? Qu'à cela ne tienne: La machine remplacera-t-elle l'homme ? Ca te va ? Je te garantis que des collègiens ont des tas de choses à dire là-dessus. Alors, toi, adulte consentant, tu ne vas pas sécher quand même ? Parle de ce que tu veux mais ose !
Une édition « philosophies » se situe là, quelque part entre le café philo et la thèse du philosophe assermenté !
Sa place était à inventer, il fallait l'oser !