Partons d’un exemple très concret : j’ai rencontré différentes personnes qui, par exemple, portaient des casquettes de sport pour jardiner, ou travaillaient en atelier avec une tenue citadine chic. Citons encore pour exemple les savons de soins utilisés pour nettoyer le cambouis.
Ces objets, qu’il s’agisse de casquettes, de chemises, de savons, ne sont pas par nature inutiles. Pourtant, la connaissance qui leur est injectée, en déterminant précisément une restrictions d’usages, les rend du même coup inutile pour beaucoup d’autres. En y injectant des valeurs esthétiques, on limite la diversité des usages au profit d’une appréciation de l’objet fondée sur une certaine forme d’inutilité. Bien que pouvant servir à une reconnaissance sociale basée sur des critères bourgeois de propriété, ils ne servent pas tout au long d’une journée ordinaire. L’intérêt de ces objets réside dans leur capacité à ouvrir une porte sur le singulier.
L’intérêt principal de ces utilisations est de détourner les usages possibles permis par ces objets en leur attribuant une signification différente. Couramment, j’utilise un sac de courses orange en guise de cartable, ce qui montre que la démarche peut valoriser également des produits trop ordinaires pour des usages spécifiques. Cet éloignement du sens d’usage prédestiné à l’objet est une manière de remettre en question le processus déterminant le type d’usage prévu. Cela en remettant en question l’organisation des représentations dans laquelle se situe l’objet. Utilisé comme fragment, comme du vocabulaire, l’usage détourné d’un objet questionne également ceux qui lui sont proche et qui participent à l’organisation dont il fait partie. Ramenés a une utilisation ordinaire, la casquette, le savon et la tenue chic, au delà de réévaluer la valeur de l’ordinaire, interrogent les modèles qui permettent d’en sortir. Le processus de subjectivisation est alors en question.
Pour conclure et éclaircir le précédent billet, les détournement d’usages permettent de sortir d’une logique produisant différentes organisations de représentations se répondant elles mêmes. Il est important de retrouver une polysémie quand au vocabulaire de formes employées constituant les canons de la beauté. Par ce biais, les valeurs d’usage sont en jeu, ainsi que nos subjectivisations possibles.