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Billet de blog 25 juin 2008

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Philosophie du parti pris

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J'ai un peu hésité sur le choix d'une rubrique, ou d'un billet de blog, avant de m'arrêter à l'édition "Philosophies".

En effet, j'ai lu sur le web du monde un article consacré par Henri Tincq, l'informateur religieux maison, sous le titre de "Laïcité, une passion française" au récent livre de Jean Baubérot, intitulé lui-même : " LA LAÏCITÉ EXPLIQUÉE À M. SARKOZY... ET À CEUX QUI ÉCRIVENT SES DISCOURS Albin Michel, 260 pages, 16 €".

J'ai songé d'abord à placer ce que j'avais à dire à ce sujet, dans un fil de mon blog qui s'intitule "Médiapart et la laïcité"; puis je me suis souvenu d'un bref échange que j'ai eu, il y a quelques jours, avec Laurent Mauduit, à propos du terme "parti pris"dans un fil quelconque, traitant de je ne sais plus quoi; où je l'interrogeais et où il s'expliquait sur cette catégorie particulière d'articles à quoi les journalistes de Médiapart auraient parfois recours, disant qu'elle correspondait à l'expression de points de vue plus "subjectifs"; ce qui sous-entendait, bien sûr, que les autres articles sont, par nature, "objectifs".

Au début de son article Henri Tincq bouscule quelque peu Jean Baubérot, lequel, comme avec le titre du livre nul ne peut l'ignorer, bouscule lui-même Sarkozy, pour, en fin de compte, revenir à la louange ordinaire mâtinée d'un zest d'ironie:

"Dans sa grande sagesse, Jean Baubérot rétablit l'histoire et la vérité. Il ne met pas un bémol à sa foi laïque, mais rappelle que le monument législatif de 1905 est plus équilibré que ne le suggère le président de la République. Que c'est la ligne Briand-Jaurès qui l'avait emporté contre celle, violemment anticléricale, de Combes, renversé avant que la loi régissant les rapports Eglise-Etat ne soit adoptée. Que, depuis un siècle, l'histoire des relations entre les religions - même l'islam - et la puissance publique est tissée de permanents compromis. Qu'il n'est pas besoin d'opposer, comme l'a fait le président de la République, "laïcité positive" à "laïcité négative" pour comprendre que les religions peuvent utilement contribuer à la vie publique et sociale du pays et les aider à mieux remplir leur rôle. Enfin, que la meilleure garantie d'un libre exercice des croyances en France est de laisser la loi en l'état."

Fin de citation

Chemin faisant, Henri Tincq égratigne Henri Pena-Ruiz et Caroline Fourest, accusés de défendre des "thèses ultralaïques", chères aux "petits groupes de libres-penseurs", "niant le combat anticlérical qui a précédé et suivi la loi", "s'étranglant d'indignation parce qu'un Sarkozy ose parler d'espérance", etc.

Cet article me semble illustrer à merveille ce que j'appelle "le point de vue" ou "le parti pris" et dont j'aurais volontiers le fantasme de faire une "philosophie", philosophie qui est très absente dans l'article d'Henri Tincq, contrairement à son parti pris qui, lui, saute aux yeux, excepté à ses propres yeux, puisqu'il y a au moins trente ans qu'il s'imagine faire du journalisme objectif.

Sa critique du livre de Baubérot part d'un parti pris. Il peut n'en avoir pas conscience; le problème n'en est que plus épineux. Le livre de Baubérot est un parti pris. Tincq s'étonne de la différence de ton par rapport aux ouvrages précédents de l'auteur. C'est peut-être que celui-ci a pris récemment sa retraite de l'unique chaire d'histoire de la laïcité que compte l'Université française et qu'il a laissé libre cours à sa verve. Les précédents ouvrages de Baubérot, pour se donner les allures de la neutralité historique, n'en étaient pas moins des partis pris, du moins vu depuis le parti pris qui est le mien.

Les ouvrages de Henri Pena-Ruiz et de Caroline Fourest sont, évidemment, des partis pris.

Les positions de Nicolas Sarkozy sur l'espérance et sur la laïcité sont des partis pris et de tous les partis pris évoqués, c'est, me semble-t-il, le seul qui ne soit pas admissible puisque, justement, le président de la République devrait être au-dessus des partis, partis politiques, partis idéologiques.

Mais c'est ce que n'a pas compris le petit homme, tout heureux d'avoir décroché un job en or, là où il aurait fallu qu'il soit à la hauteur d'une noble fonction.

Il y aurait bien d'autres à dire sur "la philosophie du point de vue", ou "philosophie du parti pris". J'espère avoir l'occasion d'y revenir.

Pour ce qui me concerne, par rapport à la laïcité; j'approuve le parti pris d'Henri Pena-Ruiz et de Caroline Fourest. Je n'ai pas vu que le parti pris d'Henri Pena-Ruiz (je n'ai pas lu Caroline Fourest) soit celui de l'anti-cléricalisme). J'espère bien qu'ils sont des libres-penseurs. J'espère que je le suis aussi. C'est même là que, pour ma part, je mets mon espérance.

Je dis que cette libre pensée est, dans son essence, la philosophie du parti pris, sachant que cette philosophie implique que l'on ait la sagesse d'assumer le parti que l'on a pris, d'en reconnaître les limites, sans fantasmer sur une objectivité, ou une vérité inhumaine, impossible, admettant surtout que d'autres puissent prendre d'autres partis, en respectant ces autres partis pris à la condition qu'ils respectent le mien.

jean-paul yves le goff

http://www.lelivrelibre.net

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