Le festival des Suds démarrent ce lundi, avec de nouveau, une programmation à la hauteur de leurs décors : les lieux historiques de la ville d’Arles.
Un festival reconnu pour sa richesse musicale et son engagement. Illustration parfaite de cette combinaison avec la figure charismatique de Danyèl Waro, ce chanteur-poète réunionnais qui est à l’origine du renouveau du maloya dans l’île et de sa reconnaissance en métropole.

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Le maloya est ce blues ternaire issu du chant des anciens esclaves travaillant sur les plantations de canne.
Longtemps occulté et même interdit officiellement jusqu’en 1981, le maloya a été relancé dans les années 1960 et 1970. Le Parti communiste réunionnais, fondé en 1959 (avec le soutien du Parti communiste français – NDLR), a décidé de mettre en lumière la ressource protestataire du maloya, frappé par une sévère répression, ainsi que toute manifestation politique.
Issu d’une famille de paysans du sud de la Réunion, Danyèl Waro ne chante qu’en créole.
« Mon maloya a des influences malbares. Contrairement à ma carrosserie de blond aux tâches de rousseur, je me sens noirâtre et me reconnais pleinement dans l’insoumission du marronnage. » confiait-il dans un entretien à l'Humanité paru en 2014.
Danyèl Waro incarne tout à la fois le « p’tit Blanc » issu de la classe défavorisée et un métissage radicalement ouvert à l’autre.
A chacune de ses rares prestations, il chante d'une voix puissante et fascinante. Il s'accompagne d'instruments qu'il fabrique lui-même dans son atelier : le kayanm, instrument plat rempli de graines de safran sauvage et fabriqué à partir de tiges de canne, le bob fait d'une corde tendue sur un arc et d'une calebasse, ou le roulér, gros tambour monté à partir d'une barrique tendue d'une peau de bœuf.
« Sa voix avait à la fois la pureté bouleversante d'un chant d'amour et un rapport féroce à la terre, à la réalité, tout en imposant un groove incroyable. » racontait la pianiste Emily Loizeau après un concert au New Morning.
Après ses prestations aux Suds à Arles en 2003 et avec Titi Robin en 2007, il revient cette année aux Suds pour un concert le vendredi 15 juillet au Théâtre Antique à 21h30.