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Billet de blog 12 juillet 2013

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Miguel Poveda revient à Arles avec un flamenco puro

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Ce matin, Miguel Poveda s'est levé tôt pour marcher dans les rues d'Arles, pour « la respirer, s'imprégner du grain de la cité », avant le concert de ce soir, vendredi 12 juillet, son unique date en France cette année. Il montrera son talent de cantaor flamenco en terre de culture gitane, sur la scène du Théâtre antique, un écrin merveilleux, que l'on veut croire idéal à l'expression du duende, « un moment de magie, un instant d'intense émotion que l'on ne peut pas expliquer, qui surgit n'importe quand ». A chaque concert ? « Si seulement ! » Les spectateurs qui auront le bonheur de l'écouter ce soir peuvent quand même espérer le voir surgir, ce duende : « Avec le temps, on apprend à connaître le chemin qui permet de le rencontrer. Et ce théâtre est un lieu prédisposé, il me motive », rassure-t-il.

Illustration 1

Miguel Poveda a déjà enregistré huit albums. Le dernier, ArteSano, sorti cette année en France, signifie à la fois « Art sain » et « artisan ». « L'idée était de faire un album sans perdre le charme de l'artisanal, cette façon de jouer bien vivante, parfois imparfaite, comme en direct et pas comme en studio d'enregistrement », explique-t-il. Il l'a réalisé en hommage à son père, et avec de prestigieux invités –le maestro Paco de Lucia (Serafino), Manolo Sanlucar (De la Peñaranda) et Rancapino (¡Qué disparate!)–, alternant morceaux « plutôt tragiques et d'autres plus gais ». Et « Art sain » parce que, « contrairement aux pessimistes qui prédisent un avenir incertain au chant flamenco, nous voulions montrer qu'il est bien vivant, avec des artistes très confirmés comme Paco de Lucia et des jeunes pleins de talent pour le chant et la danse ». C'est ce travail et cet enthousiasme que Poveda et son groupe présenteront ce soir, pour un grand moment de « cante jondo tradicional » : même s'il prend parfois des chemins de traverse, sa « base artistique reste le flamenco ».

Voici la bulería de Cai ¡ Qué disparate ! présentée au Teatro Real de Madrid en mai 2012 :

© Canal Miguel Poveda

Miguel Poveda est un payo, un non-Gitan, né en Catalogne voici tout juste 40 ans. Il n'a pas grandi dans les ruelles de Séville ni dans l'ambiance des tablaos flamencos d'Andalousie. Le cante jondo, il l'a découvert à Barcelone, où il a commencé à chanter, adolescent, dans les peñas flamencas. « Les cantaores catalans sont reconnus et respectés dans le monde du flamenco, qu'ils soient gitans ou pas, ça n'a pas d'importance », dit-il. Sa voix a porté jusqu'à une moisson de prix et de nombreux festivals dans le monde entier. Et après l'Europe et la France, il a passé beaucoup de temps en Andalousie, où il s'est installé. Il éprouvait le besoin de s'enraciner dans le sud de cette Espagne flamenca ; aujourd'hui, il a envie de chanter ailleurs aussi, de nouveau. « La France a donné beaucoup d'importance au flamenco, j'en suis conscient, et j'ose même dire qu'elle a contribué à lui donner beaucoup de prestige », souligne-t-il. Mais pas de méprise, il n'associe pas le flamenco seulement aux régions qui ont une culture gitane, « le pays tout entier est sensible à ce style ».

La directrice du festival des Suds, Marie José Justamond, souhaitait recevoir à nouveau Miguel Poveda depuis longtemps mais il était important que ce soit cette année 2013, celle de Marseille-Provence capitale européenne de la culture.

Illustration 3

Soirée Suds au Théâtre antique
Vendredi 12 juillet à 21h30
En première partie de Miguel Poveda : le folk de l'Américaine Alela Diane 

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