Lors d'un déjeuner de presse mercredi midi, le président du groupe socialiste à l'assemblée nationale est revenu sur son appel à un calendrier moins tardif pour les primaires socialistes en vue de 2012 (lire notre article de lundi sur le sujet). Et Jean-Marc Ayrault de détailler les raisons d'un nécessaire bousculement des échéances socialistes.
«Il n'y a aucun arrière-fond tactique dans ce point de vue, je ne suis pas candidat». Le député et maire de Nantes joue le jeu de la direction du PS, et assure qu'il ne veut pas participer au retour des divisions. Mais après avoir bien pris soin de vanter la partie éducation et santé de la convention sur l'égalité réelle de Benoît Hamon («Ce que fait le PS, c'est ce que faisait l'UMP en 2005/2006, et tout le monde se foutait d'eux à l'époque»), Ayrault dit son inquiétude de voir le parti tourner en rond d'ici le dépôt des candidatures (de juin à septembre), puis du vote prévu en octobre/novembre prochain. Et se prononce pour «un vote avant l'été, en juin».
«Le déclic pour moi, ça a été le mouvement des retraites, explique-t-il. Dans la rue, même si les gens se doutaient qu'on n'allait pas forcément gagner, il nous ont reconnu comme légitime dans notre rôle d'opposant. Mais ils avaient une question qui revenait sans cesse: "Qu'est-ce que vous faites?"» Selon lui, «les Français attendent que la gauche soit unie, or un accord programmatique ne peut pas se faire à la dernière minute. Mais pour conclure cet accord, on a d'abord besoin d'un candidat.»
Ne parlez pas à Jean-Marc Ayrault de «la primaire d'empêchement à DSK», il balaie le soupçon anti-Strauss-Kahn d'un revers de main: «Si Dominique veut vraiment être candidat, il ne peut pas attendre septembre 2011 pour se déclarer. Personne ne le peut.» Toujours en référence au mouvement social de l'automne, il estime que «face à l'inquiétude des Français devant le sentiment de déclin général, DSK peut dire: "J'abandonne tout pour mon pays"! Ça aurait un sacré impact… Il faut arrêter avec cette impression que nous ne sommes que de la tactique. Pendant ce temps, en face, ils ne sont peut-être pas forts, mais ils s'organisent».
Mardi prochain devrait avoir lieu une première réunion de cadrage de la «commission primaires», regroupant toutes les sensibilités du parti et présidée par Martine Aubry. A moins qu'il ne soit avancé pour satisfaire aux désirs d'explication de plus en plus pressants, le bureau national du PS devrait arrêter fin janvier son calendrier détaillé et définitif. A la direction du PS, on tergiverse mais on tient bon et on s'accroche au calendrier voté par les militants. Pour l'instant.