
Jean-Marie Le Pen ne prononcera pas le discours de la séance inaugurale de la nouvelle assemblée européenne, le 14 juillet prochain. Jeudi 26 mars, un consensus s'est en effet dégagé à Strasbourg au sein de la conférence des présidents de groupes pour modifier le règlement du Parlement.
Mais comme à son habitude, Le Pen aura usé de cette polémique pour faire parler de lui à quatre mois des européennes.
Lire notre enquête «Fin de Partie au FN» et nos articles sur les provocations du FN ici et là.
Cela n'avait pas échappé aux députés européens, à commencer par le président du groupe socialiste, l'Allemand Martin Schulz: en juin, Le Pen aura 81 ans et deviendra, en cas de réélection aux européennes du 7 juin, le doyen du Parlement. A lui, donc, le perchoir de l'hémicycle, en attendant que le vote solennel désigne définitivement le numéro un de l'institution.

Jean-Marie Le Pen, quitte l'hémicycle lors de sa destitution de son mandat de député européen en 2000 (voir les images d'archives ici).
Mais sa n-ième sortie sur les chambres à gaz - qualifiées de «détail» de l'histoire, mercredi, au Parlement européen (lire notre article du 25 mars) -, a sans doute achevé de convaincre les conservateurs du PPE (principale formation au sein du Parlement) de soutenir la proposition de la gauche de l'hémicycle visant à empêcher le fondateur du FN de présider la session inaugurale. Le groupe libéral et démocrate, d'abord opposé à une réforme qui serait taillée sur mesure pour contrer «un octogénaire raciste», selon l'expression de son président Graham Watson, s'y est finalement rallié.
Un amendement devrait donc être introduit dans un projet de modification du règlement intérieur actuellement en chantier au sein de la commission constitutionnelle (et qui doit être voté en avril ou en mai). La séance inaugurale de la nouvelle assemblée pourrait être présidée par le président sortant, (s'il est réélu), par un ancien vice-président, ou bien par le député le plus ancien dans l'institution.

Le président du FN aux côtés du député européen Jean-Claude Martinez, qui a quitté le Front national en novembre 2008.
Se pose désormais la question des sanctions. La semaine prochaine, le bureau du Parlement discutera à Bruxelles d'éventuelles mesures à prendre à l'encontre de Le Pen pour comportement incompatible avec les valeurs de l'UE. Le leader du FN risque, au maximum, une suspension de dix jours.