Ce devait être la démonstration de l'unité retrouvée du PS. Mais ce sera pour plus tard. Ségolène Royal ne manifestera pas comme c'était prévu aux côtés de Martine Aubry et Bertrand Delanoë, lors du défilé du 1er mai. Ainsi que le révèle succinctement Le Parisien, elle a choisi de répondre «à la demande» des salariés de l'entreprise Heuliez (dont elle accompagne la mobilisation depuis deux mois) et de marcher à leurs côtés à Niort, dans les Deux-Sèvres.
Un communiqué, toujours en ligne sur le site Désirs d'avenir, expliquait les raisons de l'accord unitaire de l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle: «Compte tenu de la gravité de la crise, le parti socialiste doit être uni et fort, pour mettre ses valeurs et ses idées au service de tous ceux qui souffrent de la crise. Ségolène Royal a donc bien naturellement accepté de participer à des actions communes, actions d’autant plus importantes que le pouvoir est aujourd’hui sourd aux inquiétudes qui minent le monde du travail et de l’entreprise».
«Ça s'est fait en bonne attente avec le PS», assure à Mediapart le service de presse de la présidente de Poitou-Charentes. «Elle a considéré que sa place était avec eux». Du côté de Solférino, on confirme que «Ségolène a appelé Martine vers midi. Ce n'est pas trois jours avant, mais c'est avant la presse». Et on se veut stoïque: «Il n'y a pas mort d'homme. Le principal, c'est d'être uni dans le message, tant pis si on ne l'est pas géographiquement tout de suite. De toute façon, elles seront côte-à-côte le 27 mai à Nantes». Les deux rivales du dernier congrès tiendront ainsi meeting commun, à l'occasion de la campagne européenne.
Un revirement qui coïncide avec la publication ce 29 avril d'une analyse du politologue Gérard Grunberg, du Cevipof, sur le site du club de réflexion Telos. Un texte intitulé «PS: le problème avec Ségolène». Il y écrit: «Comme une poule qui a trouvé un couteau, il ne sait pas trop par quel bout la prendre. Il attend, la détestant trop pour l’accepter pleinement mais la craignant trop pour l’attaquer de front.»
Avant d'estimer: «Entre Ségolène et le Parti socialiste, la posture politique diffère sur la forme mais peu sur le fond. Or sur la forme c’est Ségolène qui gagne, plus à l’aise que Martine Aubry dans les médias, plus libre de sa parole, plus déterminée. Certes, elle peut exagérer, énerver, voire se faire du tort. Mais, en matière d’antisarkozisme, à gauche, elle tient la corde. Dès lors les socialistes oscillent dans leur attitude à son égard entre les fausses embrassades et la critique ronchonne. Comment pourraient-ils l’attaquer de front?»