CHRONIQUE DU DÉSASTRE DES INSTITUTIONS ÉTATIQUES ET POLITIQUES
Le désastre, ou débâcle, rappelle l’an 40. Avant que ne s’effondre le pays, le régime de la troisième république était déjà un cadavre. Le comparaison s’arrête là puisque, fort heureusement, nous ne sommes pas en 1940. Ce n’est pas la guerre qui a eu raison de cette république mais la crise politique déclenchée en 1934, par la corruption du régime…
SOMMAIRE
Contenu
CHRONIQUE DU DÉSASTRE DES INSTITUTIONS ÉTATIQUES ET POLITIQUES. 1
La corruption, comme symptôme. 1
Macron, ses oppositions, plaisir de la conversation. 1
49/3 d’hier et d’aujourd’hui 2
Non, ce n’est pas le syndrome chinois ! 3
La corruption est le lot de tout État. Qu’elle soit légale ou illégale. Mais, en périodes calmes elle est confinée, abritée par les secrets « défense », bancaires, commerciaux et, depuis de Gaulle, secret de l’instruction judiciaire.
Nous pourrions appeler cela, la « Corruption des regards ». Bien des media y jouent un rôle, avec leurs écrans de fumée.
La corruption, comme symptôme
Les corrupteurs, maître-chanteurs ou graisseurs de patte deviennent corrompus et les corrompus deviennent corrupteurs. Mais ces remarques sont des généralités banales.
La corruption est devenue le carburant de la crise du pouvoir sous la cinquième république. C’en est le symptôme, non la cause.
Macron, ses oppositions, plaisir de la conversation
En 1939, Trotsky notait : « un gouvernement, dès lors qu’il est établi, peut durer beaucoup plus longtemps que le rapport de forces d’où il est issu. C’est précisément à partir de ces contradictions historiques que se produisent les révolutions, les coups d’Etat, les contre-révolutions. »[1].
Le gouvernement Macron a été d’emblée, en contradiction avec le rapport de forces. Pour se frayer son chemin, Macron a dû violer les vrais rapports politiques et sociaux entre les classes sociales, en faire fi. Non seulement les media mais l’opposition l’y ont aidé, les uns en le grimant en Jupiter, les autres en appelant à voter pour lui et en lui décernant la légitimité qu’il n’avait pas, moyennant, en prime « le plaisir de la conversation »[2]. Ces oppositions veulent qu’il reste jusqu’en 2022…Tout en se préparant dès maintenant à le relever, au cas où, la crise du régime étant ce qu’elle est, il devait « choir », avant sa date de péremption.
On peut, il est vrai envisager de façon aléatoire qu’il dissolve son assemblée nationale pour se placer ensuite se placer dans la situation de cohabitation dont Chirac et Mitterrand avaient pu tirer profit. Mais, nous ne sommes ni en 1986, ni en 1997. En 1988, après deux ans de pénitence confortable, Mitterrand avait été réélu. En 2002, plus accidentellement, il est vrai, Chirac pouvait redoubler. La cohabitation avait été un ersatz d’unité nationale au sommet, un sursis pour le régime gaulliste. Si nous en parlons, c’est parce que Ruffin demande cette dissolution du parlement, du fait du 49/3, l’article le plus connu d’une Constitution propice au « Coup d’État permanent »[3].
Ruffin sait que seul Macron peut dissoudre la cour des mirages qu’est l’assemblée nationale. De la part de Ruffin, c’est une diversion de plus pour ne pas s’engager dans une campagne contre la répression en France, pour l’amnistie de tous les emprisonnés politiques des suites de manifestations, pour l’indemnisation à hauteur des préjudices des mutilés. C’est une diversion pour ne pas exiger le retrait total du projet de loi Macron contre les retraites. C’est du bluff !
49/3 d’hier et d’aujourd’hui
Le 49-3 ne peut devenir l’arbre cachant la forêt ! En 2016, Valls a exécuté le 49-3 face aux grèves et manifestation contre la loi El Khomri. A ce moment-là, le devoir de l’intersyndicale agencée par Martinez et Mailly était d’appeler à la grève générale dans tout le pays, avant le vote. Grève générale, même d’une journée, et manifestation centrale devant et contre l’assemblée nationale. La manifestation nationale aura lieu le 19 juin 2016, sous les grenades et les matraques. On pouvait se procurer un exutoire dans les « nuits debout », place de la République, sous l’égide de Frédéric Lordon, à la verve radicale totale : « en finir avec le monde El Khomri ». Cette pauvre femme n’avait été que la dactylo[4] de cette loi et son prête-nom.
Pour revenir au moment présent, les manifestations devant l’assemblée nationale et les prèfs, au soir de l’annonce du 49-3, n’avaient rien de spontané. Cette annonce planait depuis plusieurs jours. Les poissons-pilote, tel le porte-parole des postiers du 92 Gaël Quirante, étaient sur les starting block, prêts à bondir. Pur constat.
L’infâme conférence
Il faut, néanmoins, donner raison à François Ruffin, lorsqu’il souligne « une certaine lâcheté (1’48’’) de venir utiliser le 49/3 un samedi après- midi en plein moment de coronavirus ».En effet, le Conseil des ministres a été réuni en « urgence- coronavirus », ce samedi 29 février. Lâcheté dans la forme, panique sur le fond pour des raisons qui ne tiennent pas au calendrier électorale mai au délitement de LaRem.
Monsieur le Député Ruffin a raison…jusqu’à ce – de notre point de vue – il a tort.
Ecoutons-le encore : « la première chose qui pouvait être faite, c’est d’abord attendre la fin de la conférence de financement… (0’10’’) ». De quoi parle Ruffin ? De la conférence de monsieur Berger conçue pour associer les syndicats, avant et après l’éventuelle promulgation de la loi organique antiretraite ?!
Aussitôt, le 49/3 annoncé, Edouard Philippe écrit aux « partenaires sociaux »
« … beaucoup de partenaires sociaux estiment que ces mesures, et notamment celles consistant à demander aux Français de travailler plus longtemps, ne seront considérées comme justes que si elles sont accompagnées de dispositifs prenant en compte la pénibilité de certaines situations de travail. Il nous faut en effet construire un système plus individualisé et tenant davantage compte de la diversité des carrières. »
« Enfin, j'ai bien entendu les demandes de certains partenaires sociaux relatives à la gouvernance du futur système de retraite universel. Le gouvernement a proposé qu'ils disposent de larges prérogatives, dans un cadre financier pluriannuel fixé par le Parlement. Je suis disposé à apporter des compléments et à renforcer encore leur rôle. Nous pouvons partager que ces évolutions seront d'autant plus justifiées que nous aurons collectivement réussi, dans le cadre de la conférence du financement, à assurer l'équilibre financier de notre système de retraite dans les prochaines années. »[5]
L’infâme conférence de financement, summum de la collaboration de classe, corruption légale des hautes instances des confédérations et unions syndicales, en rupture avec les rapports paritaires entre syndicats et patronat, plaçant les uns et les autres sous la gouvernance de l’État, n’est donc qu’un hors d’œuvre ! C’est l’antichambre de l’association-capital- travail [6].
Dans l’attente, c’est l’individualisation (individu seul face à la broyeuse de l’État), c’est la fin d’un des piliers de la Sécurité sociale, institution qui devra être étatisée et intégrée au budget de l’État, plafonnée à mort.
Nous apprenons que, ce 2 mars, FO a quitté cette sale conférence commencée le 18 février. Selon son bureau confédéral, cette tractation « ne permet pas de garantir la liberté de négociation ».[7].
Non, ce n’est pas le syndrome chinois !
Et le Coronavirus ? Le pouvoir aura attendu le passage de l’épidémie à la pandémie pour s’en enquérir. La pandémie accuse toutes les attaques contre la recherche médicale, en particulier depuis 2009 (loi Bachelot). Du coup, le pouvoir, aidé de certains media, cherche à créer un état de psychose propice à l’interdiction des rassemblements de 5000 personnes. A vomir ! Tarte à toutes les crèmes périmées, le Coronavirus serait la cause des convulsions boursières…Nous y reviendrons, pour le vrai combat contre ce type de maladies pouvant entraîner la mort… En insistant : non, ce n’est pas le Syndrome chinois.[8]
Nos chroniques sont, par nature, inachevées, toujours ouvertes aux commentaires contradictoires…
Pour la rédaction : Daniel Petri
[1] Classe, parti et direction. Profitons-en pour rappeler que les citations ne sont pas des vérités éternelles- elles servent, pour nous, de contribution au débat et à la réflexion personnelle des lecteurs et lectrices de notre édition – comme le reste, d’ailleurs. Les leaders marxistes n’étaient ni omniscients, ni omnichiants. Le document que nous citons est demeuré inachevé..
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/00/19390000.htm -
[2] https://www.mediapart.fr/journal/france/211117/melenchon-evoque-le-plaisir-de-la-conversation-avec-macron?onglet=full – Mélenchon a rencontré Macron en novembre 2017, pour étayer ce plaisir de la conversation, JLM attribue à Macron « la qualité de ne pas fuir le débat". Ma foi…
[3] Le coup d’État permanent, ouvrage de de François Mitterrand de mai 1964 ; Mitterrand est encore opposé au régime gaulliste et marginalisé. Réédité de 2010 par « Les belles lettres ».
[4] Ce n’est pas une mise en cause de ses compétences dans bien des domaines. Aucun ministre ne voulait prendre en charge ce coup de force contre le Code du travail…
[5] La lettre d'Edouard Philippe aux syndicats https://www.lejdd.fr/Politique/exclusif-la-lettre-dedouard-philippe-aux-syndicats-pour-justifier-le-49-3-3952543[5]
[6] L’association capital-travail, thématique gaullienne, est une notion forgée en 1936 par le colonel de la Rocque qui déchaînait ses bandes d’anciens combattants -réels ou supposés - contre les grèves et manifestations ouvrières. De Gaulle ne l’a pas inventée, pas plus que la « théorie des chars »…
[7] https://www.20minutes.fr/economie/2730947-20200302-retraites-force-ouvriere-quitte-conference-financement
[8] Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_chinois - film de 1979